Profession, assassin
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 Chapitre 3 : la face cachée de Tyra

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Empty
MessageSujet: Chapitre 3 : la face cachée de Tyra   Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:35

N'ayant plus guère d'appétit, elle reposa ses couverts, puis le regarda, avant de demander :
- Et pour mes armes donc ?
- Pourrais-je finir de dîner sans parler de violence ? questionna-t-il en retour en portant un verre à sa bouche, toujours dissimulé par sa large capuche.
- Je te signale que c'est l'unique raison de ma présence chez toi. Celle pour laquelle j'ai eu les ennuis qui me valent ce repas, répliqua-t-elle.
- Ca n'empêche pas d'essayer de le rendre un peu convivial, fit-il en insistant sur le dernier mot.
À partir de ce moment, la jeune femme garda un silence renfrogné, faisant clairement sentir qu'elle ne se trouverait pas là si elle avait pu l'éviter. Elle n'était pas de ceux qui rendent quoi que ce soit « convivial ». C'était même la première fois qu'on l'invitait à dîner. Qui invite un assassin où que ce soit ? Personne, que lui. Elle attendit qu'il ait avalé la dernière bouchée, puis reposa sa question :
- Alors ?
Le militaire releva la tête en soupirant.
- Que tu es impatiente... fit-il avec une pointe d'exaspération dans la voix.
L'elfe serra les dents.
- Tu crois que ça m'amuse d'être là à devoir presque te supplier de me rendre ce qui m'appartient ? interrogea-t-elle d'un ton acerbe.
- Tu crois que ça m'amuse de t'entendre me rabâcher la même chose toutes les cinq minutes alors que je fais des efforts de courtoisie pour me faire pardonner ce qui s'est passé tout à l'heure ?! rétorqua-t-il sèchement.
- Qui t'y forçait ?! riposta Tyra en se levant brusquement, manquant renverser la table. Certainement pas moi ! Je te remercie ton geste mais tu n'étais tenu à rien d'autre ! Maintenant, si tu en as assez de m'entendre, rends-moi mes armes et dans cinq minutes je serais partie sans retour !
Ses yeux étincelaient de colère mal contenue. Pour qui se prenait-il à la fin ?!
Il se leva son tour, plaquant les mains sur la table.
- Soit. La prochaine fois, je n'interviendrai pas. Tu te balanceras au bout d'une corde ou te feras violer. Je m'en laverais les mains.
- Je t'ai déjà remercié ! Qu'est-ce que tu veux de plus ?! Que je me prosterne devant toi en chantant tes louanges ?!
- Que tu sois un peu aimable de temps en temps, asséna-t-il d'un ton cassant. Ça ne te ferait pas de mal.
- Désolée de ne pas être une « agréable convive », fit-elle, sarcastique, mais je n'ai pas l'habitude de l’être, aussi je crains bien que tu ne doives t’en contenter, général.
Ayant dit cela, elle s'assit de nouveau sans plus prononcer un mot.
- Et bien prends donc ton premier cours, rétorqua-t-il en reprenant place à son tour, avant de se murer dans le silence.
Elle voyait bien que ses réparties l'agaçaient, le braquaient, mais elle ne comprenait pas son manque d'empressement à lui restituer ses biens. Que ne donnerait-elle pas pour se retrouver loin d'ici, loin de lui... Mais elle ne repartirait pas sans ce qu'elle était venue chercher. Elle se trouvait tiraillée entre deux possibilités : faire ce qu'il attendait en s'humiliant, en perdant sa propre estime, en obéissant comme une enfant, elle qui ne rendait de comptes à personne, mais récupérer ses armes... Ou garder son estime en résistant, en en s’entêtant et le mécontenter davantage, ce qui pourrait la faire rester encore un très long moment sa compagnie tout en risquant de ne rien récupérer. Le choix n'en était pas vraiment un. Les poings crispés sur ses cuisses, elle esquissa une ombre de sourire en le haïssant de toutes ses forces de l'obliger à faire ça. Un jour, elle lui ferait expier cette humiliation. Mais cet effort ne fut payé de retour que par un reniflement. Ceci exaspéra la jeune femme qui sentait son relatif calme sur le point de voler en éclats. Elle ne supporterait plus très longtemps sa présence, il fallait faire quelque chose et vite. Elle soupira puis, prenant sur elle à un point inimaginable, demanda :
- Pourrais-tu être assez aimable pour me restituer mes biens... s'il te plaît ?
Les derniers mots semblèrent lui écorcher la bouche, mais la jeune femme sentait bien qu'elle n'avait pas le choix.
- C'est si gentiment demandé... fit-il légèrement ironique. Mais...
- Mais ?
Elle ne s'attendait pas à une clause et craignit soudain le pire.
- Il y a une condition, qui ne devrait pas t’être trop pénible, poursuit-il en prenant un ton vraiment sérieux.
- Laquelle ?
Il se redressa dans son siège et, en croisant les bras devant lui, puis exposa :
- Ce soir, tu as vécu de l'intérieur le problème dont je te parlais : le comportement des militaires envers les civils. Je pense que tu es bien placée maintenant pour réaliser l'importance de cette cause que je ne suis pas complètement seul à défendre. Aussi ai-je dressé une liste de cinq personnes, sur laquelle je ne figure pas, pour lesquels tu ne pourras pas prendre de contrat, pour le compte de qui que ce soit. Il est très important que ces cinq personnes restent en vie pour le bien de toute la population civile, j'espère que tu le comprends, ajoutait-il en lui donnant ladite liste.
- D'accord
La réponse, sincère, avait jailli d'elle-même avant même qu'elle n'ait jeté le moindre coup d'œil au parchemin. Elle avait eu trop peur pour souhaiter ce traitement à quiconque, même s'il fallait pour ça refuser des contrats.
- Je sais que tu es une personne de parole. Mais saches, Tyra, que si tu as le malheur de rompre ce pacte, je ne souffrirai d'aucune pitié et je tuerai de mes propres mains.
- Et s'il ne s'agit pas de moi mais d'un collègue ? Comment le sauras-tu ?
- Je peux tout savoir. Vous n'êtes que deux professionnels en ville.
Elle réprima une grimace. Damnation ! Il savait donc ça aussi... Mais comment faisait-il ?
- J'ai bien saisi. Ne t'en fais pas général, je ne suis pas folle.
- Bien, fit-il alors en se levant. Suis-moi.
Elle lui emboîta donc le pas jusqu'à son bureau où il ouvrit un coffre. Ses armes se trouvent à l'intérieur : ses trois poignards, son épée et ses mitaines, dont il se saisit avant de les lui tendre. Elle jubila presque lorsque chacune retrouva sa place sur elle. Décidément, privée de ses moyens offensifs, elle se sentait vraiment mal à l'aise. Dans le même temps, il lui tendit également une dague faite dans un métal aux reflets irisés, qui semblait très précieuse. Elle lui rappela de façon frappante l'épée qu'il avait utilisée contre elle.
- Pour compenser, laisse-moi t’offrir cette arme magique. Je suis sûr que tu apprécieras de découvrir ses spécificités par toi-même.
Stupéfaite par ce présent, elle commença par fixer, son interlocuteur. L'arme, légère et équilibrée, devait être un vrai bonheur à manier. C’est ce qu’elle pensa en caressant le plat de la lame d’un geste tendre, presque amoureux.
- J'apprécie le cadeau à sa juste valeur, crois moi. Merci.
- Je t'en prie, fit-il aimablement.
Elle pensa soudain que ce présent valait bien quelque chose de sa part, aussi n'hésita-t-elle que quelques secondes, avant de déclarer, solennelle :
- En échange, je promets de ne pas attenter à ta vie tant que durera la mienne.
Un peu surpris, il releva la tête.
- Je te remercie d'une telle attention. Je n'en demandais pas tant.
- Un présent pour un présent, rétorqua-t-elle avec le plus grand sérieux.
Un signe de tête respectueux accueillit cette déclaration, tandis qu'elle rangeait sa nouvelle arme avec des gestes empreints de délicatesse. Elle s’esquiva ensuite sans un mot supplémentaire.

~~~~~~~~~~~~~

Elle venait de s’arrêter de courir. Légèrement courbée, les mains sur les genoux, la jeune fille tentait de reprendre une respiration normale, sachant parfaitement que la séance se trouvait loin de son terme. Elle inspira et expira en se forçant à le faire calmement. Elle devait se ménager si elle ne voulait pas terminer complètement épuisée. Encore quelques instants, ensuite ça irait. Elle leva la tête vers lui. Les bras croisés, le visage fermé comme à son habitude, il observait ses moindres mouvements, semblant chercher la plus petite faille. Elle ne lui ferait pas ce plaisir. Fièrement, elle se redressa pour le dévisager.
- Tu attends quoi ?
Il était inutile de répliquer, elle le savait. Elle continua donc avec quelques exercices qu’elle connaissait à présent pas cœur. Torsions du buste, ponts, équilibres… Elle enchaîna sans trêve, sentant ses yeux fixés sur elle. On aurait dit qu’il cherchait à la prendre en défaut ou à lui faire faire un faux pas. Jamais. Elle lui montrerait qu’elle avait bien plus de volonté que ça.
Le regard d’acier ne la quittait pas. Praven se faisait la réflexion qu’elle s’améliorait de jour en jour. Il ne le lui aurait dit pour rien au monde, mais c’était un fait indéniable. Elle était faite pour cette voie. Faite… Elle était encore en pleine croissance, mais ce qu’il voyait laissait augurer de bien des choses pour les années à venir. Lorsqu’il en aurait fini avec elle, Tyra Zenf serait capable de prendre sa suite avec brio. Peut-être même de le surpasser. Il n’aurait alors plus qu’à la laisser travailler pour lui. Il se contenterait juste de lui donner ses ordres et elle ferait ce qui devait être fait comme une gentille esclave bien obéissante.
Après un long moment d’efforts soutenus, elle s’immobilisa, posant sur lui son regard bleu glacier. Ce n’était pas la première fois qu’elle le regardait de cette façon et il détestait toujours autant ça, mais cette fois c’était différent. Il décelait au fond de ses prunelles une étincelle nouvelle qu’il n’y avait jamais vue. Une inadmissible forme de rébellion, comme un feu couvant sous la cendre. Quelque chose de dangereux. A mater absolument, avant qu’il ne soit trop tard.
- On peut savoir pourquoi tu t’arrêtes, apprentie ?
La rabaisser pour la soumettre à sa volonté. Pour en faire sa marionnette docile. Voilà vers quoi tendaient ses méthodes en plus de la préparer à sa voie.
- Je m’arrête parce que je fatigue, tout simplement.
Un constat. Un fait simple.
- Continue…
Un ordre donné entre ses dents, sans élever la voix, mais elle ne pouvait s’y tromper.
- Si je refuse, que ferez-vous ? Vous me fouetterez encore ? railla l’elfe.
- Je pourrais faire bien pire que ça… fit-il en s’approchant, réduisant la distance qui les séparait à quelques centimètres.
Un geste d’intimidation. Une déclaration lourde de menaces. Elle savait qu’il en était capable et pour le moment, elle n’avait pas la force physique de lutter contre lui. Ravalant la réplique cinglante qu’elle s’apprêtait à lancer, elle baissa la tête, serrant les poings de rage sans rien dire.
- C’est mieux, dit-il durement. Tu ne gagneras jamais à ce petit jeu, alors je te déconseille de recommencer. Maintenant, reprend tes exercices.
Elle se détourna, puis s’éloigna, imaginant avec un vif plaisir ce qu’elle lui ferait subir si elle en avait la possibilité. Ce n’était pas le cas, loin s’en fallait, mais si un jour elle le pouvait…
Dès lors, ses efforts se poursuivirent sans discontinuer, guidés que par une unique idée : devenir assez forte, assez habile pour lui faire un jour payer ses souffrances, ses humiliations quotidiennes.

~~~~~~~~~~~~~

Tyra pénétra dans l'auberge. À visage découvert. Elle ne se trouvait pas là pour ses raisons habituelles. Nul ne pouvait la reconnaître. Présentant au tenancier un sourire aimable de façade, elle s'approcha du comptoir pour commander un alcool fort. La jeune femme récupéra ensuite son verre et, en arborant la mine d’un eyli(5) guettant un bol de lait, alla s'installer, suivie des yeux par la majeure partie de la clientèle masculine. Celle-ci détaillait sans vergogne ce que la jeune femme ne cherchait nullement à dissimuler : une taille fine, une poitrine menue, des jambes longues et fuselées, le tout mis en valeur par une combinaison noire épousant ses formes comme une seconde peau. Quant à son visage, il était loin de représenter le dernier de ses attraits : des traits fins, éthérés ; des yeux légèrement en amande d'un inhabituel ton bleu glacier, ainsi qu’une cascade de cheveux couleur de nuit qui tombait en vagues souples jusqu'à ses genoux.
L'assassin était très consciente de la vive attention qu'elle suscitait. Elle avait l'habitude d'éveiller ainsi le désir chez les mâles et comptait même dessus, car de cette façon, l’un ou plusieurs d'entre eux finissaient immanquablement par l'aborder. C'était de cette façon qu'elle choisissait celui qui partagerait avec elle une nuit sans lendemain. Ses partenaires possédaient toujours une caractéristique spéciale qui les différenciaient des autres : de l'audace, du courage, une extrême beauté, un sens de l'humour aigu ou encore un charme peu commun…


(5) Eyli : petit félin domestique
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : la face cachée de Tyra   Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:37

Ses critères en la matière s'avéraient divers et, en ce qui concernait la race, elle n'était pas sectaire du moment que son amant se montrait habile au déduit(6)
Tyra prit place à une table bien en vue, laissant son regard errer dans la pièce afin d'effectuer une première sélection : un elfe à la crinière blonde qu'elle jugea trop fade, un Nain déjà ivre malgré l'heure peut avancée, un humain aux cheveux bruns coupés court... Elle secoua la tête. Aucun ne l'intéressait. Désabusée, elle s'apprêtait à se lever pour partir, lorsque son regard accrocha un reflet argenté dans le coin le plus sombre de la pièce. S'accordant un instant supplémentaire, elle observa l’inconnu qui s'y trouvait assis : semblant âgé d’une quarantaine d’années environ, il possédait une peau mate, des oreilles humaines, un viage aux traits fins et une stature assez carrée... Un demi-elfe noir. Intéressant. Et rare surtout. Très rare.
Poursuivant son introspection, la jeune femme nota encore de courts cheveux argentés, ainsi que des yeux dorés. Tout à fait le type exotique qu'elle appréciait. Parfait. Ce serait donc lui ce soir. Quittant sa place, elle partit dans sa direction, usant et abusant de sa démarche féline. Puis, avec son sans-gêne coutumier, Tyra prit place à côté de lui. Il ne bougea pas, rien ne transparaissant sur son visage si particulier couturé -elle le remarqua- de fines cicatrices sur son côté gauche. La jeune femme passa encore un long moment à le dévisager calmement sans rien dire. Il était vraiment beau. Davantage de près même. Mais pas d'une beauté mièvre, bien au contraire. Il se dégageait de lui une force tranquille proprement fascinante.
- Tu me plais beaucoup et je sais que la réciproque est vraie aussi, lança-t-elle soudain sans préambule. Pourquoi ne pas unir nos attirances ce soir ?
Franc, direct. Comme d'habitude. Pourquoi s'embarrasser de fioritures lorsqu'il s'agissait d'une unique nuit ?
Tournant la tête vers son interlocutrice, l’inconnu la fixa intensément, puis, après un instant, lui signifia fermement son refus de la tête. La jeune femme, qui n’avait guère l’habitude d’être repoussée, dissimula sa contrariété. Lorsqu’elle voulait quelque chose, en général, elle l’obtenait toujours. Et ce soir, elle le voulait, lui. La voix de Tyra devint alors miel, comme celle d’Ectelius autrefois lorsqu’il voulait la convaincre de faire quelque chose, puis elle susurra à son bel inconnu :
- Pourquoi nier alors que tu en as autant envie que moi ?
Pour achever de le persuader, elle laissa alors sa main effleurer lentement son entrejambe. Aucun mâle ne pouvait résister à ça. Elle le savait parfaitement. Mais son mouvement séducteur fut arrêté dans la seconde. Il venait de saisir sèchement son poignet pour éloigner sa main de lui. Interdite, elle le fixa comme il réitérait sa réponse négative. Il résistait donc… C’était bien la première fois que ça lui arrivait. D’ordinaire, les mâles cédaient à la première sollicitation sans même qu’elle ait besoin d’en venir aux attouchements. Mais elle n’avait pas dit son dernier mot. Elle ne renoncerait pas.
- Tu me laisserais donc repartir seule ? reprit-elle, d’une voix suave, tentatrice. Tu es sûr ? Je suis si seule et j’ai tant besoin d’affection…
Elle jouait la comédie évidemment… mais elle savait exceller dans ce domaine. Pourtant, malgré ses talents en la matière, son voisin, toujours stoïque, acquiesça de la tête.
- Pourquoi ? Je ne suis donc pas à ton goût ? Ou alors préfères-tu d’autres mâles ? insinua-t-elle perfidement, changeant ainsi de tactique.
Mauvaise idée. Sans mot dire, il la fusilla du regard, puis, fouillant dans le sac qui se trouvait à côté de lui, en tira une plume et du parchemin, sur lequel il se mit à écrire. Que faisait-il donc son bel éphèbe ? Quelques mots plus tard, il lui tendit la feuille sur laquelle il avait inscrit cette phrase « Ne m’insulte pas. Quant à pourquoi, je ne suis pas ce genre d’homme ».
En lisant ces paroles, Tyra retint difficilement une grimace de dépit, puis s’étonna. Elle avait donc jeté son dévolu sur un muet… Non pas que ça la dérangeait, mais elle ne s’y attendait pas. Et puis, d’habitude, ses conquêtes ne savaient ni lire ni écrire… Il était vraiment étonnant, intriguant même. Cela renforça encore son désir et elle comprit qu’elle n’employait pas la bonne méthode. Ce genre d’homme ne se séduisait pas comme n’importe quel autre, elle s’en apercevait à présent. Elle ne pourrait réussir à le décider en usant de ses habituels stratagèmes.
- C’est bien dommage… déplora-t-elle, de façon naturelle en passant nonchalamment ses mains derrière sa tête. Car tu me plais vraiment. Ce qui est fort rare.
De nouveau, il prit plume, papier, puis nota quelque chose, qu’il lui montra. « Tu veux partager un lit avec moi sans même savoir qui je suis » disait l’inscription.
Elle posa sur lui un regard un rien railleur.
- D’habitude, personne ne cherche à savoir qui est qui dans ce genre de circonstance, tu sais. C’est étrange, on dirait que c’est la première fois que ce genre de chose t’arrive…
Pour toute réponse, il se contenta de montrer du doigt sa première phrase et elle soupira.
- Oui, ça, je l’ai bien compris, ne t’en fais pas.
Elle se sentait agacée, mais surtout frustrée. Plus il lui résistait, plus l’envie qu’elle avait de lui devenait dévorante, obsédante. Elle se leva, ne sachant plus que faire pour le convaincre. Il semblait posséder des principes éthiques qui lui étaient totalement étrangers… Ce fait la déstabilisait.
C’est alors que l’elfe blond, à qui la scène n’avait pas échappé, se dirigea vers elle et s’inclina en souriant.
- Je me permets de me proposer pour vous tenir compagnie, gente dame, déclara-t-il.
- Non merci, lui répondit alors la jeune femme d’un ton sec sans même lui accorder un regard.
Puisque le seul qu’elle jugeait digne d’intérêt lui refusait ses faveurs, elle n’était plus d’humeur à batifoler. Pas avec un autre.
Cette rebuffade ne fut pas du goût du blondinet.
- Tu préfères donc la proximité d’un bâtard ?! cracha-t-il fort peu élégamment en toisant le demi-elfe d’un air méprisant.
- Je n’ai pas de comptes à te rendre que je sache, riposta-t-elle de même, peu encline à l’indulgence après s’être fait repousser. Je fais ce que je veux, quand et comme il me plaît.
- Que tu fraye avec cette engeance ne m’étonne pas finalement… poursuivit-il méchamment.
N’appréciant pas les réflexions à son propos, le compagnon de Tyra jeta un regard noir à son détracteur qui s’approcha sans en tenir compte pour mieux le dominer de sa hauteur.
- En fait tu es peut-être une bâtarde toi aussi. Ca ne m’étonnerait pas. Qui se ressemble s’assemble parait-il, poursuivit-il, déversant son fiel.
Agacée, la jeune femme s’apprêtait à le corriger, mais le voisin de la jeune femme posa les mains sur le bord de la table en affichant un étrange sourire. En le voyant faire, elle crût qu’il allait se lever pour lui régler son compte… mais contre toute attente, il se contenta de reculer brusquement le meuble en bois, dont le coin vint violemment frapper l’elfe à l’entrejambe. La douleur se répandit dans le corps du mâle à la vitesse de l’éclair et ne tarda pas à vriller chaque centimètre carré de sa personne. Il s’écroula en hurlant tout en y portant les mains. Stupéfaite par cette réaction bien qu’elle n’en montre rien, elle l’observa sans s’occuper de la créature gémissante qui gisait au sol. Il était également plus fort qu’il n’y paraissait.
Sans s’occuper de sa victime, le demi-elfe attrapa alors Tyra par la taille, avant de l’entraîner vers l’étage.
- Tu as donc changé d’avis… constata-t-elle, ravie.
Il ne répondit pas évidemment pas, mais elle sut avoir deviné juste lorsqu’il s’arrêta devant une porte qu’il ouvrit. Elle entra sans se faire prier. Elle avait gagné. Pas de la façon qu’elle imaginait mais le résultat était là. Son bel inconnu allait s’occuper d’elle. Son désir ravivé, elle le fixa d’un regard plein de feu, puis s’approcha de lui, avant de porter la main à la fermeture de sa combinaison qu’elle commença à ouvrir.
Mais elle ne put aller plus loin car, lui attrapant la main, il interrompit son geste, lui faisant signe d’être patiente.
La jeune femme le fixa, interloquée. Patienter, patienter, il en avait de bonnes lui… Elle le dévisagea. Qu’attendait-il donc d’elle ? Avec surprise, elle le vit alors reprendre parchemin et plume, puis écrire une nouvelle phrase qu’il lui montra : « Es-tu sûre de n’avoir aucune question ? ». Si elle en avait, elle se tenait persuadée qu’il n’y répondrait pas de toute façon.
- Oui, j’en suis sûre, répartit-elle avec assurance.
Elle l’observa un long moment et nota son air hésitant.
De nouveau le crissement de l’écriture. « Non, je ne peux pas » inscrivit-il avant de ranger ses affaires et de battre en retraite vers la porte.
Mais rapide comme l’éclair, elle l’atteignit avant lui et l’empêcha de sortir.
- Hé, pourquoi veux-tu me fausser compagnie ? On n’est pas bien tous les deux ?
Manifestement embarrassé, il secoua la tête et accompagna son geste de ses mains, pour bien lui signifier son refus.
Elle fit alors une petite moue à laquelle en général, peu résistaient et vint se coller à lui en passant les bras autour de son cou. Ses lèvres étaient proches. Si proches. Elle l’embrassa sensuellement, à la hauteur du désir qu’elle ressentait.
Elle vit bien qu’il tentait de résister, mais l’attrait qu’elle exerçait sur lui était trop fort. Il succomba.

~~~~~~~~~~~~~

Grimper. Plus haut. Encore et toujours. Ne pas tenir compte de sa fatigue. Rester concentrée. Ne pas tomber. Cela se révélait loin d’être simple étant donné la glace coupante qui, recouvrant tout comme un linceul glacé, rendait la roche glissante comme du savon. Elle ne sentait plus ses mains abîmées depuis un long moment déjà et devait s’arrêter régulièrement pour souffler dessus. Un nouveau passage abrupt. Elle glissa le bout de ses doigts gelés dans un interstice, tandis que son pied droit cherchait un appui. Il ne le trouva pas. Elle sentait qu’elle ne tiendrait plus très longtemps comme ça. Ses bras dont les muscles se trouvaient encore insuffisamment développés allaient bientôt la trahir. Elle en était sûre. Elle serra les dents, puis essaya de nouveau. Inutile, il n’y avait plus rien. Elle sentait la prise fragile sur laquelle ses doigts se trouvaient crispés sur le point de céder.
Non ne lâche pas ! Tiens bon ! Tiens b… Elle bascula vers l’arrière. Inexorablement. Le temps sembla alors s’arrêter tandis qu’elle chutait d’une quinzaine de mètres. Elle ferma les yeux. Elle ne voulait pas se voir mourir. Un choc. Rude mais pas douloureux. Pourquoi n’avait-elle pas mal ? Il paraissait pourtant que la mort était douloureuse... Elle rouvrit les paupières, avant de tourner la tête. Il était là. Praven l’avait rattrapée. Elle était pourtant certaine que si ce genre de chose arrivait, si elle échouait de cette façon, il la laisserait à son sort. Mais les mains gantées légèrement contractées sur sa taille et ses genoux proclamaient le contraire. Étonnant lorsqu’on savait de quel sadisme il faisait preuve à son égard…
- Merci…
Le mot lui arracha à moitié la bouche étant donné ce qu’elle ressentait pour lui.
Il la déposa sur le sol sans ménagement.
- On peut savoir ce qui s’est passé ?
La question avait fusé, légitime si on se mettait à sa place d’instructeur.
- La prise était minuscule. La glace l’avait rendue impraticable. J’ai essayé de tenir mais j’ai glissé.
La vérité. C’était tout.
- Des excuses tout ça. Recommence.
L’adolescente serra les dents. Elle n’appréciait guère qu’il mette sa parole en doute ou insinue qu’elle ne faisait pas son maximum. Le vieux mage était en dessous de la vérité, l’année précédente, lorsqu’il avait déclaré qu’elle le détestait. Elle regarda ses mains zébrées d’écorchures, lézardées de crevasses et d’engelures douloureuses générées par le froid intense.
- Maintenant ? Mais j’ai les mains tellement glacées que je les sens à peine.
- Ce n’est pas mon problème. Exécution.
La jeune fille grogna, retenant de justesse un mouvement de rébellion. Pas encore. Elle n’était pas encore de taille à se mesurer à lui. Mais bientôt, oui, bientôt elle le pourrait. Elle en était sûre. Elle regarda de nouveau la falaise à pic qui lui faisait face. Il ne s’estimerait satisfait que lorsqu’elle arriverait en haut et elle ne possédait aucun moyen d’être sûre qu’il la réceptionnerait de nouveau si par malheur elle tombait encore. Elle devait donc assurer ses arrières, ou plutôt ses avants. L’elfe se rapprocha de la paroi, puis passa la main dessus en murmurant quelques mots. La glace disparut. Totalement. Comme par enchantement. Tyra esquissa un sourire. Ce serait bien plus simple à présent. Elle recommença à grimper sous le regard de l’humain.
Un sourire. Froid comme la glace dont elle venait de se débarrasser. Les leçons de Zandar portaient donc leurs fruits… Son élève s’avérait réellement prometteuse. Dans tous les sens du terme. A 14 ans à peine… Il était certain que d’ici deux ans elle aurait atteint le niveau qu’il souhaitait. Dans tous les domaines. Il leva la tête pour la fixer, suivant sa progression avec intérêt.

~~~~~~~~~~~~~

Tyra se réveilla quelques heures plus tard. Plus que comblée, elle se tourna vers la droite, mais entre les draps froissés par une folle nuit, plus de trace de son amant. Elle haussa les épaules. Peu importait. Pour une fois que ce n’était elle qui quittait les lieux la première… Elle s’étira longuement en bâillant, repensant dans un soupir de contentement au savoir-faire du demi-elfe. Elle avait eu cent fois raison de s’obstiner, d’attendre… Le jeu en valait la chandelle et elle se félicitait d’avoir insisté pour le faire céder à ses avances. C’était un amant exceptionnel, comme elle en avait rarement eu dans sa vie. Elle sourit. Celui-là, si jamais elle avait l’occasion de le retrouver…
Après quelques minutes, la jeune femme finit par se lever, sortant du lit dans le plus simple appareil, sans la moindre pudeur. Passant machinalement la main dans ses longs cheveux, elle y constata la présence de nombreux nœuds, qui la firent grimacer. Elle allait passer des heures à les démêler. Une fois de plus, elle se surprit à déplorer que le vieux Zandar ne lui ait pas appris un sort pour faire ça, mais se dirigea vers la cuvette emplie d’eau froide pour se rafraîchir. Elle irait à la rivière plus tard pour une toilette plus approfondie. En attendant, elle attrapa la brosse à cheveux et entreprit de s’occuper de ceux-ci en rêvassant. Pendant cette opération, une image lui revint en mémoire. Quelque chose qu’elle avait remarqué pendant l’étreinte passionnée avec son bel inconnu mais que, sur le coup, elle avait occulté. Un ovale d’une vingtaine de centimètres de diamètre renfermant un sigle particulier, marqués au fer rouge dans le bas de son dos. Le sceau de l’infamie. C’était de cette façon qu’étaient reconnus ceux considérés comme des bâtards par les elfes. Elle fit une petite moue. C’était non seulement complètement barbare, mais en plus totalement idiot. A son sens du moins. Comme si l’ascendance de quelqu’un revêtait une quelconque importance, comme si elle influait sur sa valeur…


(6) Autrement dit, s'il se montrait capable de l'emmener au septième ciel par son savoir-faire
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : la face cachée de Tyra   Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:40

Elle eût un petit reniflement de mépris pour leur façon de penser et acheva sa besogne, avant de discipliner sa chevelure en une longue natte qui lui battit les reins. Elle se rhabilla ensuite, puis quitta sans un regard la pièce où elle avait passé des heures si torrides. Elle n'était pas une sentimentale, loin de là, sinon elle ne serait plus dans le métier depuis bien longtemps. Depuis des années, beaucoup de ses amants avaient tenté de la faire rester avec eux... en pure perte. Toujours elle respectait sa règle « s'attacher c’est être faible, être faible c’est mourir ». De toute façon, même sans ce précepte, elle était une ombre. Une ombre ne possédait aucune attache.
De son habituelle démarche féline, elle redescendit dans la pièce principale, capuche rabattue, puis, s'approchant du comptoir, commanda de quoi prendre un petit déjeuner convenable.
- Mais pas d'alcool, précisa-t-elle en allant s'asseoir dans le coin sombre où elle avait fait la connaissance du demi-elfe noir.
Elle savait que Zan, le seul de ses collègues encore en vie, mangeait systématiquement avec une boisson alcoolisée... Mais pas elle. Ou du moins pas dès le matin. Elle n'avait aucune envie de voir ses réflexes amoindris en cas de problème. Son repas lui fut apporté par une servante à l’air ensommeillé, à qui elle voulut régler la chambrer et l’en-cas, mais il lui fit répondu que c’était déjà fait. Elle sourit de l’attention de son amant, puis entama son assiette avec appétit. Alors qu'elle terminait, la porte de l'établissement s'ouvrit et un homme encapuchonné entra. Tournant la tête de tous côtés, manifestement à la recherche de quelqu'un, il finit par arrêter son regard sur elle.
Son commanditaire venait la chercher jusque-là ? Il devait être sacrément pressé d'en finir. Heureusement qu’elle lui avait fait dire où la trouver.
Il se dirigea vers elle et prit place.
- Qui ?
Une unique question. Brève. Directe. La seule qu'elle posait toujours.
- L’Empereur, lui répondit-il, un sourire cruel aux lèvres.
À ces mots, Tyra se raidit intérieurement. S'attaquer au souverain pouvait lui rapporter une somme colossale, mais c'était périlleux. Extrêmement même. Mais surtout... Surtout il y avait cette maudite promesse qu’elle avait formulée après le fameux dîner avec le général. Cette parole donnée en échange de ses armes : ne plus jamais accepter de contrats sur ses subordonnés ou le souverain... En l'occurrence, étant donné l'enjeu, elle était très fortement tentée de rompre cette promesse, mais elle ne le ferait pas. Elle avait donné sa parole et ne pouvait la rendre sans fouler son honneur au pied.
Le silence s’éternisant un peu trop à son goût, son interlocuteur la pressa.
- Alors ?
- Non, répondit-elle d'une voix rendue sourde par une colère contenue.
- Pardon ? fit alors son vis-à-vis, croyant avoir mal entendu.
- Je ne suis pas intéressée, appuya-t-elle de même.
Il ricana.
- La Seija fait la fine bouche sur un contrat à cinquante mille Zalens ? Stupéfiant.
À l'annonce de ce chiffre faramineux, elle serra les dents, gagnant promptement la sortie, renversant la table au passage.
La peste soit de ce maudit général ! Cinquante mille ! Elle venait de refuser cinquante mille Zalens à cause de lui ! Elle n'était pas vénale, mais la situation avait de quoi la rendre furieuse, même si ce jour-là elle avait promis avec sincérité.
L'elfe partit en courant. Une course longue, effrénée, qui la fit sortir de la ville, la menant où elle avait projeté de se rendre : la rivière qui coulait en plein cœur de la forêt. Là, elle quitta sa combinaison et plongea. L'eau, délicieusement fraîche, déferla sur sa peau en vagues apaisantes. Après quelques minutes, elle se sentit un peu mieux, mais pas assez cependant pour la calmer tout à fait. Avisant un creux dans que l'érosion avait taillé dans la roche, elle s'allongea l'intérieur et ferma les yeux, ressassant son ressentiment. Tout était de sa faute à lui ! Ce damné général qui, par deux fois, avait sauvé son existence ! Elle avait une dette. Elle qui ne devait rien à personne ! C'était intolérable ! À cause de ça, il tenait sa vie entre ses mains et il lui suffirait d'un mot à l'Empereur pour effacer irrémédiablement sa vie. Pour la première fois, son existence même dépendait de quelqu'un. Elle détestait cette idée.

~~~~~~~~~~~~~

Son regard effleura ses courbes déjà attirantes pour la dixième fois de la journée tandis que, trempée de sueur, elle s’efforçait de lui porter un nouveau coup qu’il para sans trop de difficulté. Ses muscles s’étaient fortifiés et l’épée n’était plus si lourde à présent. Elle était encore très loin de la maitriser, mais ses progrès en la matière s’avéraient indéniables. Dans quelques semaines, elle serait à même de lui tenir tête. De cela, Praven en était persuadé.
Si seulement elle parvenait à le toucher, à ouvrir une entaille quelque part sur sa personne… elle serait tellement contente… mais pour le moment cela s’avérait encore impossible. Elle était condamnée à perdre pour longtemps encore. Haletante, elle le fixa, tentant de ne pas faire retomber vers le sol la pointe de l’arme.
- Tu abandonnes déjà ?
Toujours ce ton sarcastique lorsqu’il s’adressait à elle, même quand elle faisait tout son possible. Jamais le moindre compliment ni le plus petit encouragement. Mais à quoi d’autre pouvait-elle s’attendre de sa part ? Cet individu ne possédait pas plus de cœur qu’une pierre. Cela paraissait logique étant donné sa profession, mais elle le supportait assez mal. Soudain, elle repensa à ce que lui avait raconté le vieux Zandar. Les anciens apprentis de Praven étaient tous des garçons. Qu’étaient-ils devenus ?
- Ce soir, tu seras présentée à la Guilde, lâcha-t-il tout à coup.
A ces mots, elle se tourna vers lui. Lentement. Très lentement. Les yeux écarquillés de stupeur. Pourquoi ? Pourquoi maintenant après tout ce temps ?
- Ce soir ?
- Ce soir.
Les deux mots qui pouvaient lui faire le plus peur. Ceux qu’elle espérait tout en les redoutant. La Guilde… Ce soir elle allait se retrouver devant ses membres. Qu’allait-il se passer ? Devrait-elle subir les Épreuves dans la foulée ?
- Juste une présentation ou…
- Tu n’es pas prête pour les Épreuves. Loin de là.
Bien sûr que non. Qu’avait-elle imaginé ?
- Si ça n’avait tenu qu’à moi, tu serais restée inconnue de la Guilde encore longtemps… mais Ectelius a exigé que tu lui sois présentée.
Il n’avait pas besoin de dire qu’il désapprouvait, ça se sentait au ton qu’il employait. Ectelius… Le chef de la Guilde. Le Maître-Assassin. Elle ne l’avait encore jamais vu mais cette perspective l’emplissait d’un mélange de crainte et d’excitation. Il lui tardait d’arriver à l’heure du départ à présent.
- Ce n’est pas une raison pour rester à ne rien faire. Enchaîne.
Elle soupira. Il ne lui épargnerait vraiment rien. Elle reprit donc son entraînement.

~~~~~~~~~~~~~

Zan s’approcha du lit à pas sournois. Dans quelques mètres, ce serait terminé. Quelques centimètres. Il leva son bras armé d’une dague. Deux pieds bottés jaillirent, qui le heurtèrent avec violence, le repoussant jusqu’au mur contre lequel il s’écrasa. Sonné, il se redressa, puis secoua la tête, tandis que son agresseur quittait son poste dans le lit. Ce n’était pas l’Empereur. Qui était ce type qui venait contrarier ses plans ?
- Mauvaise idée de venir te mêler de mes affaires, grogna l’elfe noir en se ruant sur lui, poignard en avant.
Mais l’homme qui lui faisait face se contenta de faire un pas sur le côté, avant d’attraper son bras. Se servant de son élan pour lui faire heurter durement le mur. Un craquement écœurant. L’os de son nez venait de se briser. L’assassin poussa un cri de douleur et se retourna vers le soldat en armure, son nez pissant le sang.
- Qui es-tu ?
- Celui qui a considérablement réduit votre population, répondit une voix grave et sèche avec un soupçon d’ironie.
- Alors c’est de ta faute si nous ne sommes plus que deux…
- Oh mais tu comprends vite… rétorqua son vis-à-vis, moqueur.
- Tu aurais pu la tuer aussi. Ca m’aurait arrangé d’être le seul.
- Mais ne t’inquiète pas, bientôt tu ne seras plus tout court. Comme ça le problème sera réglé.
- Parce que tu crois que je vais me laisser éliminer si facilement ? Je ne suis pas le premier venu.
- Moi non plus.
Dress sortit alors de sa botte un second poignard, qu’il lança à toute vitesse vers son opposant.
Ce dernier esquiva sans mal l’arme de jet puis, se rapprochant de lui, lui donna un grand coup à l’estomac de son poing recouvert d’un gantelet métallique. Pris par surprise, l’assassin n’eût pas le temps d’esquiver l’attaque et, le souffle coupé, se plia en deux. Son adversaire en profita pour lui attraper les bras, les tirant dans son dos en les lui tordant. Zan se débattit pour se défaire de l’entrave… mais en vain.
- Tu as mal choisi ton jour, je suis de très mauvaise humeur. En plus, je déteste les elfes noirs. Alors je ne le demanderais qu’une fois : qui t’envoie ?
- Allez pourrir chez Zeran !
- Mauvaise réponse, rétorqua l’autre.
Un nouveau craquement. Un hurlement de douleur et son bras droit, brisé par la poigne d’acier, prit un angle anormal.
Mais cela ne suffit pas au soldat, qui posa son genou sur ses reins en appuyant très fortement.
- Je ne parlerais pas ! articula difficilement le membre de la Guilde, à moitié écrasé contre le mur, en grognant de douleur.
Un troisième craquement. Un nouveau cri d’intense souffrance. Le bras gauche de l’elfe pendit lamentablement.
- Qui ? rugit alors son bourreau d’un ton autoritaire.
Défaillant à moitié et pensant abréger ses souffrances, Zan balbutia alors un nom d’une voix quasi inaudible. Alors, le soldat le redressa contre le mur, puis passa un bras autour de son cou.
- Salue Zeran de ma part, lui dit-il avant de lui briser la nuque sans aucune pitié.
Puis il regarda le corps sans vie glisser au sol et le fixa en silence pendant un long moment, puis murmura :
- Allons donc voir Lord Tyrel…

~~~~~~~~~~~~~

Elle venait de terminer de se rafraîchir et donnait rapidement un coup de peigne dans ses longs cheveux dénoués lorsqu’il entra. Sans frapper ni s’annoncer, comme d’habitude. Sans égard pour sa pudeur. Heureusement qu’elle avait terminé.
- Abrège !
L’ordre avait claqué. Elle sentait une certaine tension dans sa voix. Craignait-il qu’elle ne lui fasse honte devant tous ses confrères ? Elle reposa l’ustensile de toilette sur la table.
- Ordre inutile. J’ai terminé.
Encore ce regard plein de défi… Il s’approcha.
- Ne pense même pas à te rebeller devant la Guilde ou je te le ferais payer très cher.
Devant la Guilde ? Elle n’y avait pas pensé, mais maintenant qu’il en parlait… Non, ce serait un mauvais calcul. C’était trop tôt. Patience.
- On y va ?
Il ricana.
- Tu es bien pressée tout à coup… observa-t-il avant de tourner les talons.
En sortant, tous deux empruntèrent plusieurs petites rues qui les menèrent rapidement à la Porte conduisant au quartier des docks, secteur de la ville dans lequel elle n’était jamais entrée. Curieuse, elle regarda autour d’elle avec attention tout en le suivant. De tout côté, de maisons de taille variable en plus ou moins bon état, des caisses et tonneaux se trouvaient aussi éparpillés à divers endroits sans qu’elle saisisse ce qu’ils faisaient là. A force de marcher, le duo parvint à un grand escalier qu’il descendit. Tous deux poursuivirent ensuite jusqu’à arriver près de l’eau. Le lac Salian… Elle le voyait pour la première fois, mais c’était de nuit. La jeune fille le déplora car on le disait superbe, mais n’eût pas le temps de s’appesantir sur ce regret, car Praven pénétrait déjà dans une petite taverne miteuse. L’elfe ne dissimula pas son étonnement.
- C’est là que…
- Silence !
Elle se tût, ravalant à la fois le reste de sa question et la répartie acerbe qu’elle s’apprêtait à lancer. Elle lui emboîta ensuite le pas tandis qu’il traversait la salle bruyante, enfumée, jusqu’à une petite pièce. Face à eux, une unique porte. Celle qui menait au quartier général de la Guilde ? Elle pouvait en toute logique le supposer.
- Ne parle que si on te questionne.
Une recommandation. Une seule. Il ouvrit la porte. Un très long escalier, puis un autre et un troisième encore. Jusqu’où allaient-ils monter comme ça ? Elle aurait plutôt pensé que ce genre d’endroit se trouvait en sous-sol… Cependant elle ne fit pas part de ses réflexions à son instructeur. C’était inutile. En haut, une sentinelle montait la garde. Les deux hommes échangèrent quelques mots à voix basse et ils purent passer la porte.
Tous deux émergèrent dans une grande salle pleine de monde. Pleine d’hommes. Quelques femmes, mais majoritairement des hommes. Cette constatation n’était pas pour la rassurer, mais Tyra n’en laissa rien paraître. A leur arrivée, le brouhaha des conversations se tut, remplacé par un silence gênant. L’elfe sentait sur elle les regards, curieux, moqueurs ou courroucés des membres de la Guilde, mais tenta d’en faire abstraction tandis qu’elle parcourait les lieux du regard. Elle le cherchait. Lui, Ectelius. Forcement, ne sachant pas à quoi il ressemblait, cela lui était impossible. Néanmoins, elle tenta de repérer le plus impitoyable de tous ces faciès de brute. C’est alors que quelqu’un s’approcha. Le type de personne qu’elle ne se serait jamais attendue à voir dans cet endroit : un demi-elfe au visage androgyne mais fort séduisant, avec des yeux verts et des cheveux blonds mi-longs retenus en catogan sur la nuque. Il lui sourit. Enfin une figure agréable. Elle sentit la tension qui l’habitait la quitter peu à peu.
- Bonsoir Praven, fit-il d’une voix de miel.
- Ectelius… le salua son mentor d’un ton rogue.
A la mention de ce nom, la jeune fille tressaillit, puis écarquilla les yeux, effarée, son regard passant sans cesse de son instructeur au nouveau venu. C’était lui Ectelius ?! Le puissant maître de la Guilde ?! Le chef des assassins ?!
Un rire cristallin résonna. Le sien.
- Ne fais donc pas cette tête, damoiselle, lui dit-il. Je me doute que je ne ressemble pas à l’idée de tu te faisais de moi, mais tout de même… Quel est ton nom ?


(7) Equivalent Sayanëen de « allez rôtir en enfer », Zeran étant le Dieu des Enfers
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Tyra Zenf
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Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 3 : la face cachée de Tyra   Chapitre 3 : la face cachée de Tyra Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:40

- Tyra. Tyra Zenf, répondit-elle, impressionnée malgré elle par l’aura d’autorité tranquille qui émanait de lui.
- Et bien, Tyra, c’est un honneur et un privilège de te rencontrer, dit-il encore en lui prenant la main pour la baiser délicatement.
Cette fois, la stupéfaction de la jeune elfe ne connut plus de limite. Praven ne l’ayant pas habituée à tant de gentillesse et cela la déstabilisait un peu. Quel contraste entre eux…
- M… Moi de même, balbutia-t-elle, ne sachant pas quoi dire d’autre.
Sans lâcher sa main qu’il tenait avec douceur, Ectelius la guida jusqu’à un siège. D’un geste gracieux de l’autre main, il l’invita ensuite à y prendre place, avant de s’asseoir face à elle.
- J’ai beaucoup entendu parler de toi, reprit le Maître-Assassin en la dévisageant lorsque tous deux furent installés.
- Ah oui ?
A peine avait-elle prononcé ces deux mots qu’elle se mordit la lèvre. « Ne parle que si on te questionne » lui avait dit Praven. Elle avait oublié.
Remarquant sa réaction, le demi-elfe la rassura dans un sourire enjôleur :
- Tu peux t’exprimer en toute quiétude, ne t’en fais pas.
Cette affirmation, ainsi que le sourire qui l’accompagnait la rassérénèrent.
- Ton maître ne tarit pas d’éloges à ton sujet, poursuivit Ectelius.
- Ah bon ?
Première nouvelle.
- Il t’estime très prometteuse.
Heureusement qu’elle était assise au moment de ces révélations, sinon elle en serait tombée de stupéfaction.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la pièce, ledit maître ne paraissait pas content du tout, voir même franchement furieux. Ce maudit demi-elfe allait gâcher tout son travail avec ses belles manières et ses paroles doucereuses…
- Alors dis-moi, que penses-tu de ton mentor ?
Tyra secoua la tête. Inutile de risquer des catastrophes en clamant la vérité au chef de la Guilde.
- Parle sans crainte, petite. Tu ne seras pas jugée. Ce que tu diras restera entre nous.
Elle resta silencieuse un long moment, semblant peser le pour et le contre, puis entreprit de tout lui raconter. Ectelius perçut parfaitement l’intense ressentiment qui transparaissait dans sa voix alors qu’elle lui exposait ses tourments. Ainsi elle haïssait Praven… Parfait. Il ne pouvait rien souhaiter de mieux.
- Je vois… si tu veux bien m’excuser un moment, je dois parler à ton instructeur.
Elle sursauta.
- Mais vous aviez promis !
- Je ne lui répéterais pas un mot de notre entretien. Tu as ma parole.
Elle le considéra un instant d’un air soupçonneux et hocha la tête, Lui dédiant un nouveau sourire, il s’éloigna vers son confrère tandis que la jeune fille observait les alentours. C'est alors que son regard rencontra d'envoûtants yeux gris presque translucides. Ils ressortaient de façon frappante dans le plus beau visage masculin qu'elle ait jamais vu de sa courte existence, encadré par de magnifiques cheveux blonds qui brillaient à la lumière mouvante de torches. Incapable de s'en détourner, elle se demandait qui il pouvait bien être et mille interrogations se bousculaient dans son esprit à son sujet.
- Tu avais raison, Praven, fit le chef de la Guilde en arrivant près de son subordonné. Son cas est très intéressant.
- En effet.
- Une personnalité forte que tu n’as manifestement pas réussie à mater malgré tes efforts et ta dureté.
Praven ne répondant pas, Ectelius poursuivit :
- Je crois que tu ne sais pas t'y prendre avec elle. Ce genre de caractère ne se dompte pas à la manière forte. Il faut un tact et un doigté que tu ne possèdes pas. Prend donc quelques congés, je vais m'occuper d'elle désormais.
Malgré son impassibilité, l'ordre voilé fit bondir l’humain, qui voyait ainsi ses rêves de richesse s'écrouler.
- Hors de question. C'est mon élève. Je ne laisserai personne l’éduquer à ma place.
- Oh mais ce n'était pas un conseil Praven.
Le ton restait cordial, mais il n'y avait pas à s'y tromper. Maudissant le demi-elfe, il tourna les talons, puis quitta les lieux comme un ouragan sous le regard médusé de la jeune fille. La durée de la conversation n’avait pas excédé deux minutes... Qu’avaient-ils bien pu se dire ? Elle n’eût pas le temps de s'interroger davantage car le maître de la Guilde revenait vers elle en souriant.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est-ce qu’il est parti ? questionna-t-elle, ébahie par la sortie théâtrale.
Mais Ectelius fit un petit geste nonchalant de la main, comme pour balayer ses interrogations.
- Ne m’as-tu pas dit le haïr ?
Elle hocha la tête en guise d'assentiment.
- Dans ce cas, ne t'occupe pas de lui. Tu ne le reverras plus avant un long moment, si jamais tu le revois un jour.
Interloquée, elle le dévisagea et il prit alors conscience de la couleur tout à fait inhabituelle de ses yeux. Des yeux bleu glacier remarquables, comme l'ensemble de sa personne.
- Comment ça ?
- C'est moi qui vais m'occuper de toi à partir de maintenant.
Ébahie, la jeune fille cligna des yeux. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Elle se leva d'un bond, avant de le toiser, méfiante.
- Je ne vous connais pas, asséna-t-elle avec une sécheresse qui n'avait rien à envier à Praven. Je ne vous avais jamais vu avant ce soir, alors pourquoi vous obéirai-je ?
Elle avait à peine achevé sa phrase, que plusieurs des colosses qui l'entouraient s'approchèrent d’elle. Dangereusement.
- Présente tes excuses, gamine, ordonna l'un deux. On ne s'adresse pas sur ce ton à Ectelius.
- Plutôt mourir ! rétorqua-t-elle d'un air farouche en dégainant deux de ses poignards dans une dérisoire tentative d'intimidation.
- Ca peut s'arranger très facilement, grogna un autre.
Amusé par sa réaction, le demi-elfe la détailla soigneusement : un corps fin dénotant souplesse et agilité ; une excellente attitude de combat, à la fois offensive et défensive ; un caractère indomptable... Oui, cette jeune personne s'avérait réellement une recrue de choix. Praven avait vraiment bien dégrossi le travail. Il ne lui restait plus qu'à affiner, comme pour une pierre précieuse dont on polit chaque facette afin qu'elle révèle tout son potentiel. S'il parvenait à lui apprendre à dissimuler ses émotions derrière un masque impassible, ainsi qu’à développer ses actuelles compétences -réussite dont il ne doutait pas- elle deviendrait imbattable d'ici peu de temps.
- Laissez-la. Ce n'est rien, les arrêta-t-il en se relevant pour se diriger vers elle.
Les colosses rangèrent leurs armes, puis reculèrent, mais elle ne baissa pas sa garde pour autant. Elle se défiait de cet endroit et de ses occupants. Cette gentillesse soudaine après quatre années de rudesse ne lui disait rien qui vaille.
- Allons ma belle Tyra, dit-il, enjôleur. Ne sois donc pas si farouche. Crois-tu vraiment que je les aurais laissés te toucher ?
- Comment savoir ? Je vous l'ai dit, je ne vous connais pas. Qui me dit que je peux vous faire confiance ?
De nouveau ce rire fin.
- Tu ne le peux pas. Pour le moment du moins. Car il va falloir que nous apprenions à nous connaître, jeune fille.
La déclaration la prit par surprise une fois encore. Voilà qui changeait... Connaître son maître... cela semblait couler de source, mais Praven ne l’avait pas compris ou avait refusé d'en tenir compte. Elle le considéra d'un air songeur.
- Que proposez-vous ? fit-elle en baissant légèrement ses armes.
Toujours ce sourire aimable, ce regard franc.
- Et bien pour commencer, oublie le vouvoiement. Pour toi, c'est « Ectelius, tu ». D’accord ?
Elle choisit de ne pas être contrariante. Pour le moment du moins. Elle en savait trop peu sur lui. Elle aviserait plus tard.
- Très bien. Comme tu veux Ectelius.
- Parfait, approuva-t-il tout en notant sa facilité d'adaptation à une nouvelle situation.
Il y eût un nouveau silence, puis Tyra se décida à poser la question qui lui trottait dans la tête.
- Tout à l'heure, pendant que tu parlais à Praven, j'ai remarqué quelqu'un et je me demandais de qui il s'agissait.
Le chef de la Guilde prit un air pensif et se prit le menton dans la main.
- Quelqu'un dis-tu... A quoi ressemblait-il ? Saurais-tu le décrire ?
Oh que oui elle pouvait. Elle ne risquait pas d'oublier de si tôt un tel visage.
- Des traits fins, des yeux gris translucide et des cheveux blonds.
La description sembla rappeler quelqu'un à son interlocuteur, mais celui-ci se rembrunit.
- C'est mon demi-frère, Alrayan. Mais ne t'en occupe pas. Il ne présente absolument aucun intérêt pour qui que ce soit.
Elle n'était pas très calée pour déceler les émotions derrière les inflexions de voix, mais il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre qu'Ectelius ne portait pas vraiment son frère dans son coeur. La jeune elfe n'insista pas, mais sa curiosité à l'égard du beau demi-elfe n'était pas satisfaite et elle se promit de lui parler dès que l'occasion se présenterait.

~~~~~~~~~~~~~

- Il parait qu’un seul de ces pourritures d’assassins est encore en vie.
- Bientôt la ville en sera débarrassée définitivement. Ca ne sera pas un mal si tu veux mon avis. Sale engeance que celle-là.
Une conversation saisie au vol lorsqu’elle entra. Elle comprit. Quelqu’un s’était donc occupé de Zan. Tyra haussa les épaules intérieurement. Il avait récolté ce que sa stupidité avait semé. Elle ne le pleurerait certainement pas. Se dirigeant vers le comptoir, elle commanda de l’hydromel, boisson moins forte que ce qu’elle buvait d’ordinaire. Prenant son verre, la jeune femme se retourna ensuite pour parcourir la salle du regard, espérant sans trop y croire que son beau demi-elfe noir serait encore là. Il lui fallut à peine une minute pour capter l’éclat argenté qui avait attiré son regard la première fois. Il était là. Elle sourit, puis se dirigea vers lui, s’asseyant sans gêne à sa table. Mais la jeune femme déchanta en constatant son air sombre, ainsi que le verre à moitié vide qui se trouvait posé devant lui. Que lui était-il donc arrivé pour qu’il fasse cette mine ?
- Bonsoir toi, fit-elle, faussement enjouée.
Pour toute réponse, il se contenta de lever sur elle son regard doré.
- Tu en fais une tête. On croirait que toute ta famille vient d’être exterminée. Qu’est ce qui se passe ?
Une nouvelle fois, il tira de sa besace la plume et le parchemin par l’intermédiaire desquels il communiquait, puis inscrivit : « Nous avons commis une erreur ».
- Moi je ne trouve pas, répartit-elle. Pourquoi dis-tu une chose pareille ?
Le crissement habituel. Une nouvelle phrase. « Parce que je ne peux pas te dire qui je suis et que le jour où tu l’apprendras, tu m’en voudras… beaucoup ».
Il rangea son matériel, puis prit la direction de l’escalier. Elle le suivit, trouvant ce revirement étrange.
- Qui te dit que je veux connaître ton identité ?
Arrivant en haut, il ouvrit une porte, la laissa entrer, puis referma l’huis avant de reprendre ses affaires pour écrire « Peut-être pas maintenant, mais le jour où tu sauras, tu m’en voudras et cela je ne le veux pas ».
Surprise par cette réaction, elle le considéra avec attention. Pourquoi craignait-il tant la réaction de quelqu’un qu’il connaissait à peine ? La question fusa.
- Pourquoi mon opinion t’importe-t-elle à ce point ? Ce n’est que la seconde fois que nous nous voyons.
C’est alors qu’il se leva, avant de répondre de vive voix :
- Ce que tu crois.
Les mots se répercutèrent en écho dans l’esprit de la jeune femme. Cette voix… Où l’avait-elle déjà entendue ? Elle réfléchit… puis se souvint. Ecarquillant les yeux, elle le fixa, abasourdie par ce qu’elle venait de comprendre.
- Toi ! s’exclama-t-elle, ébahie.
- Je n’aurais jamais dû te céder, déclara le général. Tu n’imagines pas à quel point je m’en veux…
Encore sous le choc, elle continua à le fixer un long moment, puis secoua la tête pour reprendre pied.
- Pourquoi ne rien m’avoir dit avant que… fit-elle d’une voix sourde.
- Tu ne m’as pas vraiment laissé…
- Si tu m’avais parlé, je n’aurais jamais tenté quoi que ce soit… le coupa-t-elle en parlant entre ses dents.
- Je ne pouvais pas me compromettre devant tout le monde. Si quelqu’un d’autre que toi faisait le rapprochement, je ne pourrais plus profiter de ces quelques heures de tranquillité.
Tandis qu’il parlait, elle se dirigea vers la fenêtre, avant de regarder à l’extérieur. Elle ne parvenait pas à déterminer si elle se sentait en colère d’avoir été ridiculisée ou ravie d’avoir accroché le général des armées de Sayanë à son tableau de chasse. Elle conserva le silence pendant de très longues minutes, puis lâcha :
- Je ne regrette rien.
- Ah non ? demanda-t-il, étonné, en la regardant.
- Non.
Il resta sans rien dire un long moment, puis déclara :
- Je vais rentrer maintenant.
- Pourquoi ? questionna-t-elle sans se détourner de la fenêtre.
- Parce que je ne pense pas que tu tiennes à ce que je reste, répondit-il en se détournant pour poser une main sur la poignée de la porte.
A son tour, elle fit volte-face, les bras croisés sur sa poitrine, s’appuya à l’encadrement de la fenêtre, un pied sur le mur.
- Tu lis dans les esprits maintenant pour savoir ce que je veux ou pas ? Je ne savais pas que tes pouvoirs s’étendaient jusque là général, railla Tyra.
- Si tu te crois drôle… fit-il d’une voix lasse.
Quittant son poste d’observation, elle s’approcha de lui. Féline, tentatrice.
- Non, je ne pense pas l’être. Je suis tout à fait sérieuse au contraire. Je n’ai aucune envie que tu partes.
Se retournant vers elle, il l’observa sans mot dire et elle appuya :
- Savoir qui tu es n’a aucune importance à mes yeux. Absolument aucune.
Comme il ne répondait rien, elle poursuivit :
- Donc rien ne te force à quitter cette pièce… à moins que tu n’y tiennes réellement. Auquel cas, je ne te retiendrais pas.
Elle ponctua toutefois ces quelques paroles d’un regard suggestif qui ne trompait pas : elle le trouvait toujours très à son goût.
La fixant droit dans les yeux, il rétorqua alors :
- Te connaissant, je pense que nous serons d’accord... C’est purement physique, rien d’autre.
Un éclat railleur brilla dans son regard glacier.
- Tu en doutais ? rétorqua Tyra. Je ne veux pas autre chose de toute façon.
- Ce que je fais pendant ces quelques heures de liberté, ainsi que mon identité de général sont deux choses bien distinctes.
- Quel est ton nom ? questionna-t-elle en retour, acquiesçant ainsi tacitement à sa déclaration.
- Ankth’yor.
Alors elle vint passer les bras autour de son cou et lui susurra :
- Je te préfère en civil, Ankth’yor.
Puis elle l’embrassa sensuellement en se serrant contre lui.
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