Profession, assassin
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 Chapitre 4 : Premiers sangs

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:33

- Essaye encore. Je sais que tu peux le faire.
Un encouragement, pas un ordre. Voilà ce qui faisait toute la différence entre Praven et Ectelius. Entre elle et le demi-elfe, nul rapport de force, pas d’affrontement de volontés. Leur relation s’avérait presque… amicale. Presque car elle était toujours l’élève, lui le maître. Mais ça n’avait rien à voir. Jamais il ne la rabaissait ou ne lui parlait sèchement. Au contraire, il avait toujours un mot gentil pour elle.
Une fois encore, elle leva sa dague vers lui, tentant de prendre l'air impassible, mais l'idée d’ôter la vie la répugnait, faisant perdre toute crédibilité à son expression.
- Assieds-toi, Tyra.
En soupirant, elle prit place à son côté pendant qu'il se redressait.
- Si tu m'expliquais pourquoi tu n'y arrives pas, hum ?
- Je ne sais pas. Praven me disait de m'entraîner à ne rien ressentir... Mais j'ai beaucoup de mal... Ne rien ressentir, c'est... anormal.
Le chef de la Guilde sourit.
- Ne rien ressentir est en effet impossible. Après tout, même assassins nous restons malgré tout... « humains » si tu me passe l'expression. Il faut garder des émotions pour ne pas devenir fou. Mais en mission, dans l'exercice de nos… fonctions, c'est différent. C'est pour cette raison que tu dois te créer un masque d'impassibilité. Cela ne signifie pas que tu ne ressens rien, mais tu le dissimules. Est-ce que tu saisis la nuance ?
- Oui, je comprends mieux, merci.
Encore une grande différence. Jamais ou presque elle n'avait remercié son ancien instructeur. Cela lui aurait arraché la bouche de le faire. Et jamais celui-ci n'aurait pris la peine de lui expliquer quoi que ce soit.
- Je t'en prie, fit-il alors d'un ton affable en souriant. Tu veux bien essayer de nouveau ?
- D'accord, acquiesça-t-elle en se remettant debout.
Il la regarda faire, l'air songeur. L'éduquer par la douceur, la confiance, s'avérait bel et bien plus payant qu'une fermeté excessive. Tyra possédait un caractère indomptable, qui ne supportait pas de recevoir des ordres. Dès lors, s'adresser à elle de cette façon ne pouvait que la braquer. Voilà ce que ce lourdaud de Praven n'avait pas compris.
Affermissant sa prise sur la garde de son arme, elle s'efforça d'oublier qu'il s'agissait de son maître, imaginant que c’était un inconnu qui ne lui était rien et son visage perdit toute expression.
- Bien, très bien, la félicita Ectelius, ravi. Tu vois, ce n'était pas si difficile.
- J'ai dû faire un effort d'imagination.
- Qu'as-tu donc imaginé pour y parvenir ? s'enquit-il, curieux.
Elle lui raconta donc le moyen utilisé.
- Pourquoi pas. Si cela peut t’aider, tu es libre d'employer la technique que tu souhaites.
- Je m'entraînerais.
- Très bien. Dans ce cas, tu es libre pour le moment.
Le saluant de la tête, Tyra s'éloigna rapidement pour gagner les bains communs, réservés aux femmes à ce moment de la journée. Elle savait qu'elle ne risquait pas d'être dérangée par un homme, car son maître, qui faisait régner une discipline de fer dans la Guilde, ne tolérait aucune entorse aux règles qu'il avait lui-même édictées.
Une fois déshabillée, elle se glissa dans l'eau avec délices et y demeura un bon moment, jusqu'à ce qu'une question ayant trait au dernier exercice lui traverse l'esprit. Rapidement, elle sortit du bassin et se sécha avant de se rhabiller et de partir à la recherche d'Ectelius pour la lui poser. En parvenant près de l'endroit où elle l'avait laissé, des éclats de voix lui parvinrent. Curieuse, elle s'approcha subrepticement et, se dissimulant derrière un angle de mur, risqua un coup d'oeil vers les deux interlocuteurs. Une fraction de seconde lui suffit pour reconnaître le second. Le demi-frère d'Ectelius, qui faisait face à ce dernier. Sans comprendre pourquoi, elle sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. De là où elle se trouvait, il lui était impossible de comprendre la totalité de la conversation, mais, parfois, de bribes lui parvenaient. Il semblait être question d'insubordination et Alrayan paraissait fulminer. Malgré elle, Tyra nota que la colère faisait briller ses yeux d'un éclat particulier et il lui fallut un effort de volonté pour détacher son regard de lui, pour s'intéresser à la discussion.
- Tu sais parfaitement tout cela, fit le Maître-Assassin d'un ton neutre.
- Mais c'est exactement la raison pour laquelle je te désobéis, cher Ectelius. Rien n'est plus jouissif que te voir me donner des ordres quand tu sais que je me ferai le plus grand plaisir de les transgresser, rétorqua son frère.
- Tu fais partie de ma Guilde, Alrayan.
- Il se pourrait que cela change, rétorqua ce dernier avec un sourire froid, les yeux dénués de toute trace d'ironie.
- Tant mieux, répliqua froidement le mentor de Tyra.
D'accord... « Ne le portait pas dans son coeur » était un euphémisme. Ectelius détestait carrément son demi-frère en fait. Et visiblement, c'était tout à fait réciproque. Sympathiques, les relations fraternelles...
Furieux, Alrayan s'éloigna à grands pas en passant en trombe à côté de la jeune elfe sans la remarquer. Toujours désireuse de lui parler, elle lui emboîta le pas.
- Alrayan ?
Surpris, il se retourna et la dévisagea.
- Tiens, la petite chienne du bel Ectelius... Toujours à japper derrière son maître, fit-il ironiquement en la reconnaissant.
- Je m'appelle Tyra, se présenta-t-elle.
- Grand bien te fasse, répliqua-t-il du ton de quelqu'un que l'information indiffère totalement.
Sans se laisser démonter, elle reprit :
- Tu es un rebelle ? C'est ce que j'ai compris du moins.
- Va demander à ton maître, il en sait autant que moi à ce sujet.
Ca partait mal... Le silëni avait mauvais caractère apparemment.
- Ecoute, commençons par éclaircir un point : je ne suis PAS la chienne de qui que ce soit. Alors n'insinue rien sans savoir, dit-elle en relevant fièrement la tête, pour le fixer dans les yeux.
- Quelle belle illusion... fit alors l'assassin en souriant de façon sarcastique. Qu'est-ce que tu me veux ? Ton maître doit se demander ce que tu fais.
- Pour quelqu'un qui déteste son frère, tu t'occupes beaucoup de lui je trouve... dit alors la jeune fille en rejetant en arrière une longue mèche sombre tombée devant son visage.
- Je suis un membre de la Guilde, rappella-t-il alors d'un ton neutre.
- Et ?
L'interlocuteur de Tyra arqua un sourcil parfaitement dessiné en braquant sur elle son troublant regard gris.
- Si tu n’est pas fichue de comprendre, alors tu es encore plus niaise que je ne le pensais, asséna-t-il, peu amène, avant de tourner les talons.
- Beau mais stupide... Quel curieux alliage... fit alors la voix de la jeune fille dans son dos.
Elle avait lancé cette pique pour ne pas qu'il parte si vite. Hélas, elle ignorait encore à qui elle avait à faire. A une vitesse surhumaine, il se retourna et fondit sur elle, plaquant brusquement la jeune elfe contre le mur le plus proche et lui écrasant la trachée.
- Renseigne toi avant de parler, petit chiot, cracha-t-il d'un ton glacial, son visage tout près du sien.
- Si quelqu'un... doit se... renseigner avant de... parler... ce n'est... pas moi... articula-t-elle péniblement en étouffant à moitié.
- Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur toi, ce qui n'est pas ton cas. Vu ?rétorqua-t-il alors durement en appuyant un peu plus.
Luttant pour ne pas perdre conscience faute d'air, Tyra ferma les yeux pour se concentrer et tenta d'expédier l'assassin loin d'elle à l'aide d'une incantation silencieuse, mais il bloqua aisément sa faible magie de la sienne.
- Ne joue pas à ça avec moi... fit-il alors, menaçant.
Ignorant qu'il possédait des pouvoirs lui aussi, elle le dévisagea, surprise, en se disant qu'il était bien capable de la tuer. La jeune fille jugea donc plus prudent de capituler.
- Re... Reçu... balbutia-t-elle.
Il la relâcha alors et elle tomba au sol, avant de se relever en se massant la gorge tandis qu'il s'éloignait, de nouveau impassible.
Quel caractère... Comment pouvait-on être à la fois si beau et si... si... désagréable ? Non le mot n'était pas assez fort. Elle avait bien saisi qu'il n'aurait éprouvé aucune difficulté à l'éliminer et elle avait senti qu'il l'aurait fait sans remord. Non, décidément « désagréable » n'était vraiment pas le mot qui convenait. Pourtant, elle ne parvenait pas à se résoudre à le laisser partir. D'une voix forte, elle lança donc de nouveau pour qu'il l'entende :
- Pourquoi te montrer si véhément ? Je ne t'ai rien fais.
- Tu me fais perdre mon temps, répliqua-t-il avant de partir définitivement.
- Désolée... murmura-t-elle simplement tout en sachant qu'il ne pouvait plus l'entendre.

~~~~~~~~~~~~~

L’aube pointait déjà lorsque Tyra s’éveilla avec l’impression étrange que la nuit n’avait duré que le temps d’un souffle. Se redressant sur un coude, elle dévisagea celui qui sommeillait toujours paisiblement à côté d’elle, mais contrairement à son habitude, n’eût aucune envie de partir avant son réveil. Général ou pas, il était vraiment beau et elle appréciait grandement ses talents, alors pourquoi se presser de partir ? Sa journée pouvait bien attendre encore un peu, pour une fois. Après quelques minutes, il ouvrit les yeux. Leurs regards se rencontrèrent.
- Bonjour, fit-elle.
Il sursauta alors en s’exclamant :
- Je vais être en retard !
- Alors, bonne journée, dit-elle seulement en se levant sans chercher à cacher sa nudité, avant de se diriger vers la cruche d’eau fraîche, pour s’asperger le visage.
De son côté, il commença à s’habiller en lâchant :
- Tu vas avoir beaucoup de travail dorénavant.
- Oui, je sais. Zan est mort, dit-elle seulement sans la moindre émotion, tout en se séchant.
- Il a eu la mauvaise idée d’accepter un contrat sur la tête de l’Empereur, ajouta encore le demi-elfe en finissant de mettre sa cape.
- Alors c’est toi qui l’as éliminé... Bien. Parfait. C’était un idiot. Au moins je suis la seule dans le circuit maintenant.
Sans répondre, il soupira longuement. Elle se retourna.
- Quoi ?
- Rien, un très long et très ennuyeux rendez-vous qui m’attend, répondit-il avant d’ouvrir la porte pour sortir sans un mot de plus.
Pas de prise de congé pour lui non plus. Excellent. Elle n’aimait pas les chichis inutiles. Elle s’habilla à son tour, quittant la pièce quelques minutes après lui. En se dirigeant vers sa maison, elle se fit la réflexion qu’il s’était montré très franc avec elle. Même s’il n’avait rien dit la première fois, il avait rapidement révélé son identité, prouvant ainsi sa volonté de ne pas la tromper. Il aurait pu garder le silence, elle aurait ainsi continué à le voir sans se douter de rien, jusqu’au jour où elle aurait tout appris d’une façon ou d’une autre. Là… sa réaction se serait révélée plus violente car alors il l’aurait trompée sans vergogne. Mais il ne l’avait pas fait, ce dont la jeune femme le remerciait, car cela prouvait qu’il la respectait malgré leurs statuts totalement opposés. En tout cas, une chose s’avérait certaine : il était vraiment le meilleur amant qu’elle ait jamais eu. Elle eût un léger frisson en repensant à leur nuit et sourit toute seule. Elle n’était pas prête de laisser échapper sa facette civile, même si la militaire restait aussi froide qu’impersonnelle. Elle se secoua. Assez pensé à lui. Il l’avait dit lui-même : c’était physique et pas davantage.


(Cool Silëni : équivalent sayaneen d’un ange
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:34

Une heure et demie qu’il l’écoutait monologuer. Le général avait presque envie de bâiller tellement cet entretien lui semblait ennuyeux. Se redressant légèrement, il changea de position pour poser son coude sur l’accoudoir droit, laissant son menton reposer dans sa main. Lord Fourel était loin d’avoir fini de lui parler de l’insécurité des docks. Le même ramassis de bêtises tous les ans à la même date et un seul ordre émanant du souverain : feindre de prendre ses déclarations en compte. Ankth’yor poussa un soupir imperceptible, songeant qu’il aurait préféré rester à l’auberge. Tandis que son esprit s’égarait, loin de cette ennuyeuse réunion, une image s’imposa à lui : elle. Dans le plus simple appareil. Il eût un soubresaut et se morigéna.
Reprends-toi. Vie civile et vie professionnelle. Tu verras cela plus tard.
Le militaire s’efforça de se reconcentrer sur le discours du dirigeant de la Guilde des Dockers, mais ne put s’empêcher de souhaiter que ce pénible moment prenne fin très vite.



Tyra avait travaillé des nouveaux sorts une partie de la nuit, aussi avait-elle besoin d’un remontant. Elle prit donc le chemin de la plus proche taverne et y rentra, sa capuche baissée dissimulant son visage. Elle commanda son habituel alcool, puis alla s’asseoir, appréciant ce moment de détente. La jeune femme sirota quelques gorgées, puis reposa le verre. Étirant ses longues jambes, elle les posa sur la table avant de fermer les yeux.
Une heure plus tard, il entra dans l’établissement. L’air fatigué, exaspéré, il écrivit au barman Nain de lui donner une boisson forte, puis, se retournant, il avisa dans l’obscurité une silhouette familière. Même dissimulée par sa cape, il l’aurait reconnue entre mille. Récupérant son verre, il se dirigea vers elle, voyant là une échappatoire agréable à la journée éprouvante qu’il venait d’avoir. Sentant immédiatement une présence face à elle, l’elfe redressa la tête, puis ouvrit les yeux. Elle esquissa un sourire en le voyant mais ne prononça tout d’abord pas un mot.
- Mauvaise journée je suppose… fit-elle à mi-voix après plusieurs minutes.
En soupirant, il se laissa tomber dans le siège et hocha la tête en guise d’assentiment.
- Pas de chance… fit-elle en portant son propre gobelet, empli d’un liquide ambré, à ses lèvres.
Sans dire quoi que ce soit, il avala son verre presque d’un trait et elle le fixa. Elle se fit alors la réflexion qu’elle préférait se trouver à sa place d’assassin qu’à la sienne, qui devait être pleine de contraintes assommantes auxquelles elle ne parviendrait jamais à se soumettre. Elle aimait trop la liberté pour s’entraver dans une fonction aussi contraignante. Mais elle ne pouvait pas grand-chose pour lui.
- Si tu veux, je serais en haut, fit-elle en vidant son godet, avant de se diriger vers l’étage.
Il soupira, la laissant s’éloigner.
Une demi-heure plus tard, il pénétrait à son tour dans la pièce, lui faisant lever la tête de sa lecture. Tenant lui aussi un livre à la main, il alla s’installer sur le lit en ouvrant l’ouvrage. Un très long moment passa ainsi, puis elle demanda :
- Qu’est ce que c’était ?
- Trois heures de monologue sur la soi-disant insécurité des docks…
Elle grimaça.
- Condoléances… commenta-t-elle sobrement avant de reprendre la lecture de son grimoire.
Il y eût un nouveau blanc, qu’elle brisa une fois encore.
- Dommage que tu n’apprécies pas ma vie. C’est tellement moins contraignant… je suis sûre que tu aimerais.
- Non…
- Qu’en sais-tu puisque tu ne l’as jamais vue de l’intérieur ?
- Comment le sais-tu ? lui retourna-t-il sans quitter son manuscrit des yeux.
- Je ne parle pas de la vie des assassins en général. Mais de ma propre existence, précisa la jeune femme.
- Tu ne sais rien de la mienne…
- En effet, mais au vu de ce que je vois, de ce que j’ai déjà aperçu, elle n’a pas l’air spécialement… palpitante.
- Bref… fit-il, voulant clore la conversation.
- Bref…
Une heure passa ainsi, puis, voyant qu’il ne bougeait pas, elle se dirigea vers la porte afin de voir s’il la retiendrait.
- Attend, lui dit-il en se levant.
Arrivant près d’elle, il l’attrapa par la taille, avant de l’embrasser. Elle comprit et sourit.

~~~~~~~~~~~~~

Encore de l'entraînement. Pourtant, elle ne considérait pas cela comme une contrainte. En cela aussi, Ectelius se révélait radicalement différent de Praven. Elle se dirigea vers la pièce dévolue à cet effet, coupant ainsi la route à un grand humain brun. Mécontent,celui-ci lui barra le passage.
- Tu crois aller où comme ça, gamine ? demanda-t-il brutalement.
Ca recommençait... Encore un qui la traitait comme une moins que rien à cause de son âge... Par Zeran, avaient-ils donc tous oublié qu'ils avaient un jour eu quinze ans eux aussi ? C'était à se le demander. Le fusillant du regard, elle jeta d'un ton agacé :
- Premièrement, ménage tes épithètes. Je ne suis pas une gamine mais une adolescente. Deuxièmement, je vais où j'en ai envie et je ne pense pas que ça te regarde.
- A qui crois-tu parler ? fit alors l'homme, menaçant.
La réponse fusa. Instantanée et ironique.
- A un idiot ?
Se faire insulter par une apprentie ayant plus de la moitié de son âge rendit l'humain furieux et il fondit sur elle dans l'intention manifeste de lui donner une leçon d'humilité ainsi que de respect dû aux aînés. Bien mal lui en prit. Sortant une dague à une vitesse stupéfiante, Tyra bondit à sa rencontre. Fine et agile, elle vint en placer la lame sur la gorge de son agresseur avant qu'il n'ait le temps de l'atteindre.
- Tu disais ? fit-elle en accentuant la pression, faisant perler du sang.
- Rien... grommela alors l'énergumène, peu enclin à la conversation après s'être fait moucher de la sorte.
- Bien... je préfère ça, dit-elle alors. Abstient-toi la prochaine fois.
Ayant dit cela, elle tourna les talons vers la porte toute proche de la salle d'entraînement. Peu méfiante, elle n'avait pas compris que la rapide reddition de son adversaire n'était pas bon signe. Profitant du fait qu'elle ne s'occupait plus de lui, l'assassin se précipita sur elle pour la maîtriser. Il avait pour lui la masse, l'expérience. C'était gagné.
Du moins le pensait-il. Mais c'était sans compter sur l'ouïe elfique et les réflexes de la jeune fille. Entendant un bruit suspect, celle-ci se retourna et lança instinctivement sur lui une dague qui vint se planter dans la manche de l'homme, à quelques centimètres de sa peau.
Pendant ce temps, Alrayan, qui se trouvait dans la pièce que cherchait à rejoindre Tyra, avait suspendu ses mouvements fluides en entendant l'altercation. Impassible d'apparence, mais intérieurement étonné, il avait tout suivi depuis le départ à travers la grande baie vitrée qui donnait sur le couloir. Ainsi donc elle avait finalement du cran, de l'audace. Le regard rivé à elle, il suivait le moindre de ses gestes avec attention, évaluant son potentiel. Il comprenait mieux le choix de son frère à présent.
L'homme regarda l'arme, puis Tyra, d'un air stupéfait absolument contraire aux habitudes du métier sans se douter que celle-ci, n'ayant encore jamais fait ce genre de chose, ressentait un étonnement au moins égal, qu'elle tentait de cacher de son mieux.
- La prochaine fois, ce n'est pas ton bras que je viserais... mais une autre partie de ton anatomie à laquelle je suis certaine que tu tiens beaucoup... dit-elle ton qu'elle espérait froid et détaché, en songeant qu'ainsi il était prévenu.
Toujours ébahi, l'humain décrocha la dague et la lui tendit sans rien dire. Elle récupéra son poignard, puis repoussa en arrière ses longs cheveux sombres et releva la tête fièrement, avant de se détourner vers son but initial d'un pas presque félin sous le regard appréciateur du demi frère d’Ectelius.
Elle a un grand potentiel... se dit-il en la suivant des yeux. Si Ectelius l'éduque bien, elle sera sans doute un grand assassin. Peut-être même plus que lui. Elle a beau être encore un jeune chiot maladroit... elle a déjà de bons réflexes cette petite.
C’est alors qu’elle poussa la porte, faisant enfin son entrée. Elle le remarqua aussitôt mais n’arriva pas à déterminer si elle était contente ou agaçée de le voir.
- Bonjour, fit-elle simplement.
Le silence seul lui répondant, elle n’ajouta rien et s’avança vers le milieu de la pièce, irritée par avance de devoir frapper un bête sac de sable. Cela n’avait rien de stimulant, ni même d’amusant. Une cible mouvante était au moins un défi à relever. La jeune fille observa le mannequin d’entraînement rempli de limon d’un air maussade. Non vraiment, donner des coups à cette chose ne lui disait rien du tout. L’elfe jeta un coup d’œil autour d’elle, observant les deux autres apprentis qui se battaient entre eux sans s’occuper d’elle. Bien évidemment il n’y en aurait pas un pour penser à la défier. Leur orgueil de mâles souffrirait bien trop de se battre contre une fille. Elle devait faire quelque chose, sous peine de périr d’ennui. D’un pas assuré, elle s’avança vers un garçon qui paraissait avoir à peu près son âge et lui tapa sur l’épaule. Celui-ci arrêta le mouvement esquissé et se retourna, manifestement agacé d’être interrompu.
- Tu veux quoi ?
- M’entraîner.
- Ravi pour toi. Tu as un sac devant ton nez. Cogne dedans, ricana l’adolescent avant de se retourner vers son adversaire.
Un second tapotement sur son épaule. De nouveau, il fit volte-face.
- Quoi encore ?
- Je pense qu’on ne s’est pas bien compris… insista calmement Tyra. Ce truc ne m’intéresse pas. Toi en revanche, oui.
Un soupir d’exaspération lui répondit.
- Bon, attend-moi cinq minutes, dit-il alors à son compagnon. Je lui règle son compte et je reviens.
Il fit face à la jeune fille, l’air arrogant et sûr de lui.
- Alors vas-y, attaque-moi, que je vois ce que tu sais faire.
Il avait à peine achevé sa phrase, qu’elle fondait sur lui tel un rapace sur sa proie, dagues sorties. Un coup de taille, un d’estoc. Simultanément. Le style était instinctif, rudimentaire, mais il ne tarda pas à mettre Levan en difficulté. L'adolescent se concentra. Il ne pouvait pas laisser une fille le vaincre. Cessant de parer, il contre-attaqua, utilisant tout ce que son maître lui avait enseigné comme bottes vicieuses mais, insaisissable comme une klie, elle lui échappait toujours au moment où il pensait la coincer. A présent tous deux essoufflés, ils se tournaient autour sans que l’un d’eux parviennent à réellement à prendre le pas sur l’autre. Soudain elle volta, le prenant par surprise, avant de bondir littéralement sur lui. Dans l’incapacité d’anticiper un tel mouvement, il bascula vers l’arrière. Le temps qu’il se relève, l’elfe pointait sa dague sur lui.
- Merci de ta bienveillante coopération, fit-elle alors dans un sourire ironique.
- Crève, rétorqua alors le garçon, vexé d’avoir été battu.
- Tssss quel manque d’éducation… rétorqua-t-elle tranquillement. On ne t’a jamais appris à être poli avec les femmes… surtout quand elles te menacent avec une arme ?
C’est alors que le second apprenti décida de venger son camarade humilié et se jeta sur elle à mains nues. Elle n’eut que le temps de s’écarter pour ranger ses armes, non sans lui faire un croche-pied au passage. Il ne s’y attendait pas. Il chuta en avant.
- Ooooh comme je suis maladroite, railla-t-elle en glissant sa seconde dague dans sa botte gauche, avant d’adopter une posture défensive.
Heureusement qu’Ectelius avait eu le temps de lui apprendre à se battre sans armes… Elle allait devoir s’imposer dans ce monde régi par les hommes… ou elle ne s’en sortirait pas. Et elle devait agir dès maintenant sinon ce serait terminé pour toutes les années à venir. Donc, autant commencer avec des apprentis, ce serait plus simple.
Curieux de voir comment allait se débrouiller la petite jeunette face à ces deux garçons, Alrayan s’adossa au mur le plus proche et l’observa tranquillement en faisant lentement tourner la garde de son épée entre ses doigts.
Jambes légèrement fléchies, Tyra se tenait prête à sauter hors de la portée de chocs qui pourraient être violents. Elle était certes courageuse, voir téméraire parfois… mais pas masochiste au point de chercher des coups qu’elle pouvait éviter. Soudain, son adversaire passa à l’offensive. Jambes légèrement fléchies, Tyra se tenait prête à bondir hors de portée des attaques adverses. Soudain, son adversaire passa à l'offensive, un regard lui suffit à évaluer le danger. La force du garçon, combinée à sa hargne, risquait de faire des dégâts aussi, avant même qu’il n’ait achevé son mouvement, la jeune fille s'était mise hors de danger.
- T’as peur hein ? fanfaronna-t-il en la voyant faire.
L’elfe ne répondit pas, se contentant de le scruter, attentive au moindre de ses gestes. Trop attentive. Elle ne vit pas arriver Levan qui, toujours vexé, décida de venir en aide à son camarade. Il s’approcha sournoisement et, de ses bras, entoura ceux de l’elfe dans un étau avant que celle-ci, ébahie, ait le temps d’esquisser le moindre geste pour se défendre.
- Vas-y Altan ! Corrige-la ! encouragea-t-il alors son condisciple. Qu’elle comprenne que se frotter à nous est mauvais pour sa santé !
Furieuse de s’être laissée piéger, Tyra se débattit, mais un coup de poing la cueillit à l’estomac et la douleur lui coupa la respiration. Comme elle se repliait sur elle-même, son agresseur la poussa vers l’avant et elle tomba en cherchant son souffle. La voyant à terre, les deux adolescents commencèrent à la frapper avec leurs pieds sans égards pour son visage. La douleur amena les larmes aux yeux de la jeune fille, qui pensa qu’elle ne pouvait pas se laisser faire. Elle ne pouvait pas les laisser gagner sinon ils feraient de sa vie un enfer. Alors, tandis qu’un énième coup de pied allait s’abattre, elle tendit le bras d’un geste vif en faisant fi de ce qu’elle ressentait, attrapa la jambe de Levan, puis tira de toutes ses forces. Pris par surprise, l’apprenti chuta et elle lui donna un grand coup de coude sur le plexus solaire. Sans faire attention au garçon qui, sonné, restait à terre sans mouvement, elle se releva en essuyant le sang qui coulait de sa lèvre ainsi que de son arcade sourcilière éclatées. Se redressant fièrement, la jeune fille fit ensuite face à son second adversaire qui la fixait, médusé.
- Comment t’as fais ça ? demanda-t-il, incrédule.
- Ne jamais… sous-estimer l’adversaire… répondit-elle en haletant, avant de se jeter sur lui.
C’est alors qu’Alrayan, qui avait tout observé avec attention leva les main et, avec un sourire en coin, les frappa lentement l’une cintre l’autre comme s’il applaudissait.
- Charmante bataille, petit chat. Tu m'en laisse un peu ? demanda-t-il, ironique.
L’entendre fit sursauter la jeune fille qui, concentrée, en avait oublié sa présence. Elle interrompit son mouvement et se retourna brusquement.
- C'est à dire ? interrogea-t-elle, méfiante malgré tout, en notant que sa façon de s’adresser à elle avait changé.
Son épée rengainée, l’assassin s’approcha nonchalamment de l’adolescent qui le fixait, les yeux ronds. Décochant un charmant sourire à Altan, il lui envoya brusquement un grand coup de talon en plein menton, puis exécuta un large mouvement de l'autre jambe, qui le percuta et le fit chuter.
- Calmé, apprenti ? demanda-t-il alors en appuyant tranquillement son pied sur la trachée du garçon qui, complètement sonné, n’avait pas eu le temps de réagir.
- Je m'en serais parfaitement sortie seule, déclara Tyra, revenue de sa surprise, en replaçant ses cheveux en arrière.
Elle essuya ensuite de nouveau le sang qui perlait de ses blessures. Il s’en était fallu de peu qu’elle laisse sa bouche béer devant sa maîtrise, son agilité, sa souplesse, la grâce qui émanait de chacun de ses mouvements.
- Quoi, on a plus le droit de s'amuser ? demanda alors le frère d’Ectelius d’un air totalement innocent en arborant une petite moue.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:34

Évidemment, la jeune fille trouva la moue adorable, mais elle n’était pas pour rien l’apprentie du chef de la Guilde. Elle essaya donc de rester impassible comme lui avait appris son maître et lança :
- Si tu appelle ça comme ça... (elle garda le silence un instant, puis lâcha) A cause de toi, je n'ai plus d'adversaire... Serais-tu d'accord pour le remplacer ?
- Tu plaisantes ? rétorqua-t-il en éclatant de rire.
- Non, le détrompa la jeune elfe d’un air tout à fait sérieux.
- Je ne me bat pas avec les apprentis. Et en plus du fait que ça me désolerait, Ectelius me ferait la peau si jamais j'abîmais ne serais-ce qu'un peu ton joli minois.
- Le but d'un entraînement est de s'améliorer non ? Contre des adversaires moins forts ou de force égale, cela n'a pas d'intérêt. Personnellement je préfère me mesurer à plus fort que moi. De plus, je me moque de mon visage, rétorqua Tyra qui n’avait pu s’empêcher de noter qu'il la trouvait jolie.
- Mais moi je n'en ai pas envie. Je viens de voir comment tu te bats. C'est bien insuffisant face à moi, asséna-t-il en lui tourne le dos pour s'éloigner.
Ne jamais sous-estimer un adversaire... pensa-t-elle alors.
Bien décidée à se battre contre lui qu'il le veuille ou non, elle fonça sur lui et se baissa pour lui faire un croche-pied assorti d'un coup de coude dans le dos. Mais, avec la même vitesse dont il avait fait preuve précédemment, Alrayan se retourna et la frappa à la poitrine pour vider l'air de ses poumons. La voyant haleter, il lui donna un coup sous le menton, rejetant sa tête en arrière, puis détendit son pied pour la frapper au plexus solaire désormais exposé, ce qui la projeta en arrière. Attrapant son bras au vol, il la fit décoller du sol et acheva sa prise par un puissant coup de poing. Tyra, qui n'avait rien vu venir, n’eut pas le temps de réagir. Elle retomba en se tenant la cage thoracique, tout en retenant à grand peine un râle de souffrance.
Un soupir affecté accueillit cette douleur manifeste.
- Ah, Ectelius va être furieux... tant pis. Bonne soirée, fit-il avant de tourner les talons.
- A.... Attend... articula-t-elle péniblement.
Elle se releva en s'appuyant contre le mur malgré la douleur et s’avança de quelques pas.
- Est-ce-que... (elle chercha difficilement son souffle et reprit) Pourrais-tu... m'apprendre à me battre... comme toi ?
Surpris par la requête, Alrayan se retourna et l'observa d'un air pensif.
- Tu as déjà Ectelius, non ? objecta-t-il.
- C'est... différent... dit-elle encore en titubant vers lui
- Tu dois avoir des côtes cassés, arrête de bouger, conseilla l’assassin en la rattrapant alors qu’elle allait chuter.
En grimaçant, l’elfe leva alors la tête vers lui et, d’un air décidé, planta son regard glacier dans le sien.
- Je m'en... moque... Je veux... appendre à me battre...comme toi.
Sa détermination le fit sourire. Il capitula.
- D'accord.
Cette réponse amena sur les lèvres de Tyra une esquisse de sourire, qui se termina en un nouveau rictus douloureux.
- Mer...
Elle n’eut même pas le temps de finir car, tout aussi brusquement qu'il était intervenu, il la lâcha et s'éloigna tandis qu’elle retombait à terre en poussant un petit cri de douleur involontaire.

~~~~~~~~~~~~~

La maison avait été facile à trouver et y pénétrer un jeu d'enfant. Elle se glissa à l'intérieur. Un coup d'oeil vers l'escalier et elle comprit. Facile. Trop facile. En un éclair, elle gravit les marches, se retrouvant sur le palier. Elle n'avait qu'un pas à faire pour se retrouver dans la chambre de sa proie. Elle ne le fit pas. Rengainant sa dague, elle se détourna en soupirant, prise d'un soudaine lassitude et redescendit avant de quitter l'endroit en laissant sa victime en vie. Fait exeptionnel. Tuer, tuer et encore tuer, voilà à quoi se résumait son existence. En cet instant, Tyra en avait assez. A grands pas, la jeune femme se dirigea vers une auberge, sans se douter qu'une ombre la suivait dans le silence nocturne, puis poussa la vieille porte qui grinça désagréablement sur ses gonds. Dans ce quartier, comme les ivrognes de toute race venaient régulièrement étancher leur soif, les tavernes restaient ouvertes, ce qui permettait aux oiseaux de nuit du genre de l'elfe, de s'y rendre quand ils le souhaitaient. Ce soir là pourtant, lorsque, capuche rabattue, elle entra dans la salle presque vide, un coup d'oeil sur les rares clients ronflant sur les tables de bois crasseux ou affalés sur une substance visqueuse dont l'origine ne faisait aucun doute, la découragea de s'asseoir. Comme elle passait près de l'un d'eux, une épouvantable odeur assaillit ses narines et elle accéléra le pas jusqu'au comptoir. Inutile de s'attarder dans cet ignoble endroit. Déguisant sa voix, elle commanda de l'alcool de rayazen au tavernier qui arborait un faciès aussi brutal que mal aimable. S'assurant que la bouteille qu'il venait de déposer devant elle se trouvait convenablement scellée, elle fouilla ensuite sa poche pour en sortir une pièce d'argent, qu'elle posa sans mot dire avant de sortir avec son achat. Une fois dehors, yeux clos, elle inspira goulûment l'air pur bien que lourd, car celui de l'auberge, aussi vicié qu'empuanti, était irrespirable. La jeune femme rouvrit les paupières, puis leva la tête pour contempler le ciel d'un noir d'encre dans lequel une myriade d'étoiles luisait doucement. Le vent, qui s'était levé, fit tomber sa capuche et joua avec ses cheveux pourtant coincés à l'intérieur de sa cape, lui envoyant de longues mèches sur le visage sans qu'elle y fasse attention. Tyra resta ainsi quelques instants, puis décida de se rendre à la demeure du vieux Zandar.
Une fois sortie de Llinmaï, elle atteignit rapidement la tour nichée dans les bois. Elle ouvrit la porte qui grinça plus que jamais, écorchant ses oreilles sensibles par ce son peu harmonieux, puis monta en courant l’escalier mangé de mousse, comme elle le faisait régulièrement depuis des années. La pièce circulaire, vide de la présence du mage, mort depuis dix ans, était froide, mais elle s’approcha de l’âtre pour déclencher le feu magique à l’aide de l'incantation qu’il lui avait enseignée. Se dirigeant ensuite vers une petite table, elle y déposa la bouteille d'alcool et se servit un plein verre, puis se dirigea vers une étagère devant laquelle elle passa quelques minutes à observer la tranche des volumes poussiéreux qui s'y trouvaient entassés. Elle finit par en sélectionner un dont le titre, composé d’étranges symboles, paraissait incompréhensible. Elle entendait presque la voix légèrement chevrotante lui dire comme à l’époque « Ce sont des runes, jeune fille. Les arcanes runiques sont inaccessibles à ceux qui n’ont pas été initiés à leurs secrets ». Ces secrets, il les lui avait appris il y avait bien longtemps et depuis, elle n’avait de cesse d’augmenter ses connaissances. Se saisissant du manuscrit, l'elfe alla prendre place dans le vieux fauteuil fatigué placé devant la cheminée et le posa à coté de la bouteille, avant de s'emparer de son verre. Le regard pensivement posé sur le feu crépitant, elle fit un instant tourner le liquide ambré dans son contenant, puis en avala une gorgée et bascula la tête en arrière en fermant les yeux.
Comme il était agréable, parfois, de ne plus penser à rien, de faire le vide dans son esprit et de se laisser aller. La détente était un luxe qu'elle ne s'offrait que très rarement, mais l'assassin n'aurait su en expliquer la raison.
Un long moment passa ainsi, jusqu'à ce qu'un bruit la fasse sursauter, la réveillant brusquement de son assoupissement et faisant choir son gobelet, qu'elle parvint tout de même à rattraper avant qu'il ne touche le sol. Remerciant ses réflexes elfiques qui lui évitaient un fastidieux nettoyage, elle le reposa et prit le grimoire. Remarquant les traces laissées par ses doigts, elle souffla sur la couverture, faisant s'envoler une épaisse couche de poussière grise et la jeune femme, amusée, songea qu'elle n'avait décidément aucun don pour les tâches ménagères. Elle ouvrit ensuite le livre et, se calant confortablement dans le siège, s'absorba dans sa lecture.
Le calme aidant, Tyra finit par piquer du nez une seconde fois et, s'en rendant compte, se leva en se disant que, soit elle se faisait vieille, soit elle avait besoin de pauses plus fréquentes. Comme la première hypothèse s'avérait parfaitement ridicule étant donné que, selon le décompte humain, elle n'avait que trente ans, la seconde s'imposait comme une évidence. L'elfe soupira. Elle aurait dû y songer elle-même. Personne ne pouvait maintenir indéfiniment le rythme épuisant qu'elle s'imposait sans finir par ressentir fatigue et lassitude. Se dirigeant vers l'étroite fenêtre, elle s'appuya contre l'embrasure et observa l'extérieur. Le vent avait considérablement forci, semant le désordre dans les branchages et faisant s'enfuir les oiseaux qui s'y étaient réfugiés. Quand au ciel dans lequel les étoiles avaient disparu, il annonçait l'imminence d'un orage, sinon d'une tempête. Un sourire se dessina sur ses lèvres. La pluie, le vent, les éclairs, le tonnerre, le ciel tourmenté des tempêtes... Ces phénomènes naturels étaient ce qu'elle prisait quand tous les autres les maudissaient. Depuis toujours, elle pensait que cela allait bien avec son caractère et sa profession. De fait, il ne fallut que quelques minutes pour que ce qu'elle avait prévu se réalise : la pluie se mit à tomber tel un rideau liquide, projetée en tout sens par les bourrasques de vent déchaîné et un éclair déchira l'uniformité céleste, accompagné du grondement du tonnerre.
Incapable de résister à l'attrait qu'exerçait sur elle ce temps de fin du monde, Tyra quitta la pièce. En un clin d'oeil, elle dévala l'escalier en colimaçon, avant de pousser la porte pour sortir. Elle fut trempée en un instant, ses longs cheveux collant au tissu de sa combinaison, mais elle s'en moquait. Riant seule comme cela ne lui était plus arrivé depuis des années, elle écarta les bras et, tête en arrière, tournoya sur elle-même jusqu'à avoir le tournis. Rire... Voilà quelque chose dont elle n'était pas coutumière. Du reste, c'était logique. Elle n'avait jamais vu ni entendu un assassin rire, excepté Ectelius. Après un moment, l'elfe décida de rentrer. Il ne faudrait pas qu'elle tombe malade et se retrouve alitée. Cela ne lui était jamais arrivé jusqu'à présent, mais savait-on jamais. Mieux valait se montrer prudente. S'étant peu éloignée de l'édifice, elle se retrouva rapidement au sec et il ne lui fallut guère de temps avant de reprendre place devant l'âtre où brûlait toujours le feu magique.

~~~~~~~~~~~~~

Une haute bille de bois, surmontée d'une sphère possédant un plat. La frapper à coups redoublés. Poings, pieds... Inlassablement, son mentor lui faisait faire et refaire les mêmes exercices, cherchant la rapidité ainsi que la précision mortelle qui ne s'acquièrent qu'avec le temps. Tyra savait, sentait qu'elle faisait des progrès, pourtant les compliments d'Ectelius se faisaient de plus en plus rares et, pour un peu, elle se serait crue revenue au temps de son douloureux apprentissage auprès de Praven. La douleur... Elle la ressentait en cet instant où elle tentait, de son pied nu, d'atteindre cette maudite sphère sans la toucher ni la faire tomber, ce qui s'avérait d'autant plus difficile qu'un poids se trouvait attaché à chacun de ses membres. Haletante, la jeune fille cherchait son souffle et la difficulté de l'exercice n'en était en rien responsable. L'espace d'un instant, elle revit Alrayan et la rapidité de sa contre-attaque. Elle n'avait rien pu faire et, au vu de la souffrance que lui causait le simple fait de respirer, elle était certaine qu'il lui avait cassé des côtes. Mais cela importait peu car, très bientôt, le beau demi-elfe serait son professeur. Son esprit combatif lui avait au moins valu cela et si le prix à payer était la douleur, alors, tant pis. Après tout, on n'avait rien sans rien.
Toute à ses pensées, l'elfe dût effectuer un mouvement plus lent que les autres, car le Maitre-Assassin la retourna brusquement, lui arrachant une grimace de douleur.
- Concentres-toi ! Tu es plus vive que cela d'ordinaire, la réprimanda-t-il, avant d'ajouter en apercevant son rictus : Qu'y a-t-il ?
Impassible. Impassible, se répéta alors la jeune elfe pour tenter de reprendre un visage de marbre.
Mais il était trop tard car rien n'échappait au regard acéré du chef de la Guilde.
- Je t'ai posé une question Tyra, insista-t-il tout en la fixant dans les yeux.
Le ton restait doux, mais son intention ne faisait aucun doute : il exigeait une réponse.
- Ce n'est rien Ectelius. Rien du tout, je t'assure, répondit-elle d'une voix qui se voulait ferme.
Rien n'aurait pu être aussi éloigné de la réalité, pourtant la jeune fille refusait d'en convenir devant lui. Elle ne pouvait admettre cette soudaine faiblesse. Tentant de réfuter cette douleur lancinante qui rendait sa respiration presque sifflante, elle soutint son regard d'un bleu cristallin. Mais il en fallait davantage pour leurrer un assassin aussi expérimenté.
- Tu mens Tyra. Et tu mens mal.
De nouveau ce regard clair au pouvoir quasi hypnotique parfois caché par de longue mèches blondes inégales échappées de son catogan. Toujours cette voix, aussi envoûtante qu'enjôleuse. Ce charisme presque écrasant aussi, quasi solaire, qui incitait âme et esprit à déposer les armes, à dire tout ce qu'il voulait entendre et à faire ce qu'il souhaitait. Elle venait seulement d'en prendre conscience malgré les mois déjà passés à ses côtés, ce qui s'avérait assez étonnant car elle était habituellement très observatrice.
De longues minutes, elle tenta de résister, répugnant à trahir Alrayan... mais Ectelius ne la quittait pas du regard et elle dût s'avouer vaincue sans qu'il ait prononcé une parole supplémentaire.
- J'ai provoqué ton frère et ai été battue, lâcha-t-elle d'une voix sourde en maudissant sa faiblesse.
Comme prisonnière de ses yeux, comment aurait-elle réussi à travestir plus longtemps la vérité ? Sa volonté n'était pas encore suffisamment forte pour y parvenir. Honteuse de sa trahison, elle baissa la tête, mais deux doigts glissés sous son menton l'obligèrent à la relever.
- Tu as mal.
Ce n'était pas une question, la jeune fille le sentait, aussi ne répondit-elle rien. Cela s'avérait d'ailleurs inutile car son mentor lui palpait déjà l'abdomen, cherchant à déterminer la cause de sa douleur. Le résultat de son examen ne sembla pas le satisfaire car elle vit sa mâchoire se contracter. Signe qu'elle avait appris à reconnaître comme celui d'un profond mécontentement. Contre elle ? La jeune fille n'osa pas poser la question, cependant elle pouvait, en toute logique, le supposer.
- Reste ici, lui dit-il simplement avant de tourner les talons pour s'éloigner à grandes enjambées.
Traversant les galeries éclairées de torches, Ectelius finit par fondre sur son frère au détour d'un couloir et lui attrapa violemment le bras.
- Est ce que tu es devenu fou ?!
- Oui, bonjour, ça va bien, et toi même ? rétorqua Alrayan dans un sourire ironique.
- Qu'est ce qui t'as pris de la frapper aussi violemment ? poursuivit le chef de la Guilde sans relever le sarcasme. Elle a deux côtes cassées !
- Je ne fais pas de quartier avec les apprentis, tu le sais, répliqua l’assassin en haussant les épaules.
- Sauf que tu ne te bats jamais avec les apprentis alors, par Zeran, pourquoi t'en être pris à elle ?
- Parce qu'elle l'a cherché.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:35

Suspicieux dès que quelque chose concernait son cadet, le demi-elfe l’étudia un instant, puis demanda :
- C'est-à-dire ?
- Elle m'a demandé de me battre contre elle. J'ai refusé. Elle a essayé de m'attaquer quand j'avais le dos tourné.
- Elle a fait ça ? fit le Maitre-Assassin, surprit, avant de sourire. Quel caractère... Mais la blesser n'était pas une obligation. Cela ne m'étonnerait guère qu'elle te déteste maintenant.
Cette idée sembla le satisfaire pleinement. Aussi fut-ce avec plaisir que son interlocuteur le détrompa.
- Étrangement, elle m'adore. Elle a même dit qu'elle aimerait bien savoir se battre comme moi.
- Il y a largement meilleur que toi pourtant, répliqua Ectelius qui ne perdait jamais une occasion pour le rabaisser.
Il en fallait plus pour déstabiliser l’assassin.
- Mais rarement plus rapide, dois-je te le rappeler ? fit ce dernier sans orgueil.
- Toujours aussi vantard à ce que je constate, déclara alors froidement le chef de la Guide en le toisant sans aménité.
- Réaliste, mon cher. Toujours est-il qu'elle veut que je lui apprenne à se battre.
Cette fois, la stupéfaction, sentiment auquel il n'était pourtant pas habitué, fit écarquiller les yeux du demi-elfe.
- Pardon ?
- Deviendrais-tu sourd ?
- Tu as refusé je suppose.
- J'ai accepté, le contredit Alrayan qui se délectait de l'air surpris du Maitre-Assassin que rien ne surprenait pourtant jamais.
- Je te l'interdis ! tonna alors le chef de la Guilde comme cela lui arrivait très rarement. Tyra est mon apprentie et je ne laisserais personne se mettre entre elle et moi ! Toi moins qu'un autre ! Ne l'approche plus tu m’entends ?!
A ces mots, l’assassin arbora un air soumis plus que sarcastique.
- Mais bien sûr Ectelius ! Je tremble, que dis-je, je ploie, je rampe devant ton autorité et ta magnificence, ô chef de Guilde !
- C'est cela, ris bien. Mais si tu enfreins mes ordres, je le saurais et alors prend garde à toi... petit frère.
Laissant planer la menace, il tourna les talons et s’éloigna retrouver le sujet de leur querelle.
Compte là-dessus, cher Ectelius... pensa alors Alrayan en esquissant un petit sourire.

~~~~~~~~~~~~~

En quittant la tour deux heures après l'orage, l'assassin décida de ne pas retourner immédiatement en ville. Ayant décidé d'une pause, elle se rendit au coeur de la forêt de Talann, chose qu'elle n'avait plus fait non plus depuis bien longtemps. Marchant vite, elle emprunta le sentier accidenté qui serpentait à l'arrière de la tour et entama la promenade. Le retour d'un temps plus clément bien qu'instable, avait fait revenir les oiseaux, dont le chant mélodieux emplissait l'air. Autour d'elle, des syrs et leurs semblables s'affairaient entre le sol et les arbres, remplissant leur garde-manger, ce qui força la jeune femme à remarquer les feuilles mortes tombées à terre. L'automne... Il était déjà là et elle ne l'avait pas vu arriver. Les journées se succédant les unes aux autres, elle avait tendance à ne pas prendre garde à ce genre de détail et, tandis que son regard scrutait les alentours, elle eût même l'impression de voir ces bois pour la première fois.
Soudain, Tyra se figea, en alerte. Elle n'avait entendu aucun bruit, pourtant, elle se sentait observée. Mais par qui ou quoi, elle n'aurait su le déterminer car l'espion restait très discret. Dans un geste lent, elle dégaina une dague et jeta un coup d'oeil circulaire à la ronde. Qui ou quoique ce soit, l'intrus allait regretter de l'avoir suivie. Un taillis frémit à sa droite, la faisant se retourner vivement, mais rien n'en sortit. Manifestement, qui ou quoi que ce soit, ça se méfiait d'elle. Et ça avait raison. Prudemment, la jeune femme fit quelques pas dans cette direction, puis s'immobilisa en entendant un grondement sourd. D'accord, ce n'était donc pas un « qui », mais un « quoi ». Restait à en déterminer la nature exacte, mais il y avait peu de chance qu'il s'agisse d'un petit animal. C'est alors qu'en réponse à son interrogation mentale, une grosse patte griffue au pelage noir jaillit du buisson, bientôt suivie de sa propriétaire.
Une seija, pensa Tyra, ébahie malgré son impassibilité habituelle.
C'était la première fois qu'elle en voyait réellement une et elle trouvait le félin encore plus magnifique que tout ce qu'elle avait entendu dire. Puissante, racée, musclée, mais gracieuse et élancée, elle représentait l'alliance parfaite entre la force et la finesse.
Incapable d'en détacher les yeux, la jeune femme se baissa très lentement pour ne pas effaroucher l'animal, avant de déposer son arme devant elle tout aussi doucement. Verrouillant son regard glacier dans les prunelles dorées du félin, la Seija et sa congénère à quatre pattes passèrent ensuite un moment à se jauger. Un sourire fleurit sur les lèvres de l'assassin lorsque, avec précaution, elle avança la main vers le museau soyeux.
La seija renifla prudemment la main tendue puis, comme si elle avait reconnu l'une des siennes, y posa le nez, puis la tête, en ronronnant, les yeux clos. Ce comportement surprit l'elfe au plus haut point, car elle ignorait qu'un animal sauvage, surtout réputé si dangereux, pouvait agir ainsi. Tyra la laissa faire quelques instants, puis, récupérant son poignard, le remit à sa place avant de se relever. Aussitôt, l'animal se mit à se frotter contre ses jambes en ronronnant plus fort, comme un eyli domestique. De plus en plus surprise, la jeune femme décida de regagner la tour afin de consulter les livres de Zandar, dans l'espoir de comprendre la raison d'un tel comportement. Elle tourna donc les talons, puis commença à s'éloigner, mais la seija ne l'entendait visiblement pas ainsi car elle la rattrapa, avant de s'asseoir devant elle sur son arrière-train et de gronder doucement.
- Qu'est ce que tu me veux ? demanda alors l'assassin en se revoyant des années en arrière, parler à un cheval.
Pour toute réponse, le félin se releva, fit quelques pas sur le sentier, tourna la tête vers elle, puis s'assit de nouveau et feula brièvement.
Rêvait-elle ou cet animal cherchait-il à lui faire comprendre quelque chose ?
- Attend, tu ne veux quand même pas... s'effara l'elfe en la fixant.
Comme pour confirmer, la seija miaula de nouveau.
- Oh non ma grande. Toi tu reste ici et moi je repars, dit fermement Tyra en la contournant pour reprendre sa route.
La déclaration ne sembla guère du goût de sa nouvelle amie, qui grogna en montrant les dents.
Agacée de l'entêtement du fauve, l'assassin se retourna.
- Non, non et non. Ta place est ici, non en ville ! De plus, bonjour la discrétion si j'arrivais en ta compagnie ! Je ne peux pas m'encombrer de toi, alors brisons là, cela m'évitera de perdre du temps.
Mais ces considérations de bipède parurent ne faire ni chaud ni froid à la seija, qui se redressa et, tournant autour de ses jambes, se frotta contre elle, le dos arqué tout en ronronnant. Parvenue derrière la jeune femme, elle lui donna un petit coup de museau au genou, comme pour la pousser à avancer.
Finalement amusée de son obstination autant que de sa facilité à se faire comprendre, l'assassin abandonna la lutte.
- Bon, très bien, tu as gagné. Mais arrange-toi pour éviter de te faire remarquer.
La suggestion parut plaire au fauve, qui feula de contentement et se mit à trotter à côté d'elle comme un animal apprivoisé. Tout en marchant, Tyra, qui avait finalement renoncé à comprendre la raison d'un tel attachement à sa personne, caressa pensivement la belle tête de sa compagne féline.
Toutes deux parvinrent en ville alors que le jour se levait, ce qui n'arrangeait pas du tout l'assassin.
- Il ne manquait plus que ça, marmonna-t-elle entre ses dents. Ca va être pratique de rentrer avec toi... Je ne sais même pas si ma magie peut servir à rendre invisible quelqu'un d'autre que moi.
Un coup d'oeil au regard affectueux de l'animal la fit soupirer et, tout en incantant, elle se traita de faible.
Quoique, se dit-elle tandis que la seija disparaissait, le Code s'applique-t-il aussi lorsqu'il s'agit d'un animal ? Je ne pense pas.
Et puis elle était si seule... Un peu de compagnie serait agréable.
Le félin dissimulé, la jeune femme put facilement se glisser à travers les rues encore désertes, jusqu'à sa demeure. Elle referma la porte juste à temps, car son amie à quatre pattes redevenait visible.
- Si tu dois rester, il va te falloir un nom, déclara alors l'elfe en s'asseyant dans un fauteuil, pendant que l'intelligent animal se couchait à ses pieds. Que penses-tu de... (elle s'interrompit pour s'accorder quelques instants de réflexion) Samaïa(9) ? Cela signifie « entêtée » en elfique.
A ce mot, la seija releva la tête qu'elle avait posée sur ses pattes antérieures et feula doucement comme pour approuver, ce qui fit sourire Tyra.
- Oui, reprit l'assassin. Je trouve que cela te convient étant donné ton obstination à me suivre. Alors Samaïa, si tu veux que nous soyons bonnes amies, il faudra m'obéir. Par exemple, je ne pourrais pas t'emmener partout.
Un grondement sourd lui fit comprendre que cette clause ne plaisait pas au fauve.
- Inutile de le prendre ainsi, rétorqua fermement la jeune femme. Ce n'est pas discutable. Si tu veux rester, tu as intérêt à retenir rapidement cette information, sinon ce sera le retour dans la forêt. Je me fais bien comprendre ?


(9) Samaïa : prénom d'origine géorgienne ayant été utilisé en 2005 pour une chanson tirée d'un spectacle musical
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:37

Comme aucun mouvement de l'animal ne venait confirmer qu'il avait saisi, Tyra s'accroupit et prit sa tête entre ses mains.
- Est-ce bien clair Samaïa ? insista-t-elle d'une voix dure.
Pendant un instant, les deux seijas, l'elfe et le félin, se défièrent du regard, puis un coup de langue fit comprendre à la jeune femme que sa camarade avait retenu la leçon.
- Bien. Si tu garde à l'esprit qu'ici on respecte mes règles, tout ira bien.
Malgré sa docilité, l'assassin n'oubliait pas que sa nouvelle amie restait un animal sauvage et qu'en conséquence, ses réactions pouvaient se révéler aussi dangereuses qu'imprévisibles. Si on la comparait à ce magnifique animal, c'est qu'il y avait bien une raison. Aussi éviterait-elle, les premiers temps, de trop la provoquer. Il faudrait qu'un climat de confiance mutuelle s'instaure entre elles.
- Ce détail étant réglé, dit encore Tyra en reprenant place dans son siège, je me demande bien comment te nourrir. Je suppose que le plus simple serait que tu aille chasser en forêt à la nuit tombée. Je viendrais avec toi au début pour que tu ne te perde pas, mais il faudra que tu apprennes à te repérer seule ma belle.
La seija posa la tête sur les bottes de son amie elfique en guise d'assentiment et celle-ci laissa un sourire étirer ses lèvres minces.

~~~~~~~~~~~~~

Une semaine qu’elle l’avait vu pour la dernière fois. Le jour où il lui avait flanqué une raclée mais où il avait accepté de lui enseigner. Sept jours, cinq heures, trente-sept minutes pour être précise… et il ne l’avait pas contactée depuis. Elle ne l’avait même pas aperçu dans la Guilde. La jeune fille continuait à vivre et à travailler sous l’égide d’Ectelius aussi naturellement qu’avant, pourtant, malgré elle, Tyra ne cessait de chercher sa présence, l’éclat brillant de ses cheveux blonds, la sagacité de son regard gris translucide. Où était donc passé Alrayan ? Pourquoi ne lui donnait-il pas signe de vie ? L’avait-il oubliée ? Oublié sa promesse ? Il ne lui semblait pas qu’il était le genre d’homme à se dédire, pourtant il ne lui avait pas caché ce qu’il pensait d’elle alors… L’incertitude étant mère de tous les doutes, l’apprentie s’interrogeait sur son silence. Et s’il avait changé d’avis ? Si finalement il n’avait aucune envie de s’encombrer d’une élève ? Si elle avait perdu l’unique occasion de se retrouver régulièrement seule avec son séduisant professeur ?
Soudain agacée du tour que prenaient ses pensées, la jeune fille s’administra une gifle mentale. Cela suffisait. A quoi servait de partir battue ? S’il ne l’avait pas contactée, c’est qu’il ne l’avait pas estimé nécessaire ou bien qu’il n’avait pas pu. La belle affaire ! Elle n’avait qu’à patienter, voilà tout. Elle ne manquait pas d’occupation à la Guilde et puis, ce n’était pas avec un état d’esprit négatif qu’elle allait lui prouver qu’il avait tort à son sujet. Elle allait redoubler d’efforts pour être au meilleur de sa forme lorsqu’il se manifesterait !
L’air résolu, Tyra s’apprêtait à quitter sa chambre, lorsqu’un petit carré clair, qu’elle n’avait pas remarqué, attira son attention sur le sol près de la porte. Identifiant un petit morceau de parchemin, elle se baissa pour s’en saisir avec curiosité et, tandis qu’elle en découvrait le contenu aussi bref que concis, un sourire en coin étira ses lèvres. Voilà, que disait-elle. Aucune raison de s’inquiéter. Alrayan n’avait rien oublié, cette invitation impérative en attestait. Ce soir… Son apprentissage auprès de lui commencerait ce soir.

Ce fut donc d’un air résolu que, le soir venu, la jeune fille se faufila à pas feutrés jusqu’à la salle d’entrainement où il lui avait donné rendez-vous. A son arrivée, il semblait absent, ce qui l’étonna car il ne paraissait pas être de ceux qui arrivent en retard. Trouvant cela plus que curieux, elle se mit donc à observer la pièce avec attention. Après quelques instants d'examen attentif, ne le voyant pas en bas, l’elfe finit par lever la tête pour scruter l'obscurité des hauteurs. Elle finit par repérer le jeune homme qui se tenait assis sur une poutre et parfaitement immobile. Tyra sourit en coin et entreprit de grimper pour le rejoindre.
- Bonsoir, le salua-t-elle en arrivant près de lui.
- Bonsoir, répondit l’assassin sans bouger ni ouvrir les yeux.
- Sympa le point d'observation. Pourquoi t'es-tu installé là ?
- Pour voir si tu allais me repérer ou faire demi-tour et te résigner.
- Et ? questionna-t-elle encore en s’asseyant, avant de croiser les bras.
- Ectelius t'a bien dressée à ce niveau là.
La réponse ne fut pas du tout du goût de l’apprentie. Dressée ? Pour qui la prenait-il celui-là ? Pour un chien ? Il exagérait et elle n’allait pas se priver pour le lui dire.
- Il ne m’a pas « dressée », fit-elle d’un ton froid en étrécissant les yeux pour le fixer sans aménité. Je crois te l’avoir déjà dis : je ne suis pas un chien. Et quand je veux quelque chose, je l'obtiens.
Mais cette habile répartie n’eût pas du tout l’effet escompté sur son interlocuteur.
- Commence comme ça avec moi et tu feras demi-tour avec ma bénédiction, lâcha-t-il en rouvrant les yeux, pour poser sur elle ses yeux gris animés d’un éclat glacial.
Comprenant qu’elle se retrouverait brusquement privée des cours qu'elle avait eu tant de mal à obtenir si elle poursuivait dans cette voie, Tyra ravala la réplique qui menaçait de franchir ses lèvres et se tut, muselant son caractère rebelle.
- De mon point de vue, tu n'es que le chien savant d'Ectelius pour le moment, asséna-t-il alors. A toi de me prouver le contraire.
- Et comment veux-tu que je te le prouve ? questionna-t-elle d’une voix sourde trahissant son mécontentement, tout en serrant les poings.
- En me montrant ce que tu vaux, répondit-il en se redressant.
A son tour, la jeune fille se releva, bien décidée à lui montrer qui elle était.
- Je t'écoute alors, dit-elle simplement en mettant de coté son ressentiment.
- Ectelius t'a-t-il entraînée à sauter et à escalader ? demanda-t-il en la fixant.
- Pas Ectelius. Praven. Tout ce qui est physique, c'est Praven qui me l'a... enseigné, répondit l’elfe en grimaçant à ce souvenir.
Enseigné à coups de fouet, d’humiliations et d’insultes… Il s’agissait pour elle de souvenirs très douloureux, qu’elle aurait préféré ne pas faire ressurgir. Mais elle devait bien répondre puisqu’il la questionnait.
- Il t'as appris à faire les deux en même temps ? insista-t-il.
- A sauter et escalader en même temps ? fit-elle, étonnée. Pas que je me souvienne.
- Alors essaye de me suivre.
Ayant dit cela, se jouant de la gravité, il bondit de la poutre pour se rattraper avec souplesse à une autre située plus loin. Puis, profitant de l'élan ainsi gagné, il se propulsa en hauteur, saisissant une nouvelle poutre pour grimper encore plus haut. Parvenu tout contre les combles en quelques secondes, il se rétablit avec souplesse, avant de diriger son regard vers le bas, vers son élève… qui, ayant suivi sa progression d’un regard ébahi, retenait tout juste sa mâchoire de béer stupidement devant sa rapidité et son adresse.
Reprenant pied dans la réalité, Tyra, décidée, sauta à son tour. Elle se rattrapa de justesse à la poutre suivante, affermit sa prise en bandant ses muscles de toutes ses forces et lança ses jambes en avant pour reprendre l'élan perdu pendant son saut. Elle visa la poutre suivante et s'y propulsa à son tour. Se rattrapant souplement, l’apprentie profita de l'élan pour essayer de récupérer la dernière, mais la manqua de quelques centimètres et se sentit tomber sans rien pouvoir y faire. Le temps de sa chute, elle se revit des années en arrière, tomber du rocher glissant que Praven l’avait forcée à gravir. A l’époque, elle s’était demandé à qui elle manquerait si elle mourrait… mais maintenant, elle ne voulait pas mourir. Perdre la vie comme ça… c’était totalement stupide ! Surtout si ça se produisait devant lui ! Comment, après ça, pourrait-il…
Mais elle n’eut pas le temps de finir sa pensée car, avec une vitesse fulgurante, Alrayan s’était laissé tomber. Il monta sur la dernière poutre et la rattrapa juste avant qu'elle n'aille s'écraser en bas. Tyra rouvrit les yeux en sentant ses bras autour d’elle, comprenant du même coup qu’elle ne mourrait pas. Du moins pas ainsi et pas cette fois. A la fois soulagée, agacée contre elle-même de s’être retrouvée dans cette situation à cause d’un manque d’attention et furieuse d’avoir échoué, l’elfe commença par grommeler très peu élégamment, puis le remercia.
Sans répondre, le jeune homme la remit sur pied, puis lâcha :
- Dans une poursuite sur les toits, tu serais morte.
- Je m'en doute... soupira-t-elle. Je vais recommencer.
A peine avait-elle achevé sa phrase, que son professeur avait repris son ascension. En moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « assassin », il se trouva de nouveau au faite du toit, tandis que, de plus en plus ébahie, son élève se demandait comment il faisait pour aller si vite. Un nouveau soupir échappa à cette dernière et elle entreprit de grimper une nouvelle fois jusqu'à la première poutre. De là, elle recommença l’exercice, vraiment concentrée. A la dernière, elle resta pendue quelques instants au dessus du vide, puis poussa sur ses bras pour remonter. Peinant sous l'effort mais consciente du regard d’Alrayan rivé sur elle, la jeune fille s’exhorta au courage. Elle ne devait plus tomber. Elle devait à tout prix lui prouver qu’elle n’était pas un chien savant. Poussant de toutes ses forces sur ses bras encore frêles, elle finit par prendre pied sur la poutre qu’elle avait manqué à son essai précédant.
- Bien.
Ce fut le seul commentaire qu’elle obtint de son mentor qui l’observait, debout sur la poutre et bras croisés. Elle ne s’en offusqua pas. Après tout, elle avait eu l’habitude des commentaires laconiques de Praven. Sauf que ceux de l’assassin n’avait pour but que de la rabaisser. Pas ceux d’Alrayan. Ce qui s’avérait une différence majeure.
- Plus haut je suppose ? demanda-t-elle.
- Plus rapide avant d'aller plus haut, la détrompa-t-il avant d’ajouter : Tu as le pied sûr, c'est déjà bien. Mais tu manques de muscles, de réflexes et d'assurance.
Surprise qu’il lui reproche cela alors qu’elle était certaine d’avoir acquis ces facultés avec son premier maître, Tyra le fixa en répétant bêtement :
- Je manque de muscles, de réflexes et d'assurance ?
- Sur une échelle de un à dix, tu serais à six… Non plutôt à quatre. Je serai à huit et Ectelius à quinze, compléta-t-il avec un sourire d'auto dérision.
Paf. Autant pour son orgueil.
- On dirait que je ne suis pas rendue et que la route sera longue... constata alors la jeune fille en soupirant.
- Tu te croyais invincible ?
- Non, pas du tout. Je n'y ai même pas pensé. Simplement, Praven avait l'air tellement certain que je maitrisais l'escalade et le saut... que j'avais fini par le croire aussi, expliqua-t-elle avant d’ajouter en grimaçant : J'ai été bien stupide.
Alrayan ne fit aucun commentaire à ce propos, mais lui dit :
- Je te laisse exactement quarante-cinq secondes pour descendre. A tout de suite.
Et, sans plus d'explication, il sauta. Se rattrapant à la dernière poutre, il en fit ainsi un tour complet, puis lâcha sa prise dans un ample saut de l'ange, avant d’amortir sa chute avec une roulade.
Stupéfaite, l’apprentie s'apprêtait à écarquiller les yeux de surprise, mais elle comprit que cette mimique lui ferait perdre de précieuses secondes. Aussi, sans perdre de temps, elle se balança souplement d’une poutre à l’autre. Elle faillit rater la dernière, mais se rattrapa de justesse et sauta jusqu'en bas, amortissant elle aussi sa chute d’une roulade. Se rétablissant, elle attendit ensuite le verdict, qu’elle imaginait déjà catastrophique. Elle ne se trompait pas, bien que « catastrophique » .ne soit pas vraiment le mot adéquat.
- Tu manque aussi de souplesse, asséna l’assassin après l’avoir observée agir d’un œil critique.
Soudain consciente de ses faiblesses en la matière malgré le rude entraînement de son enfance, Tyra encaissa la critique sans broncher.
- Que préconises-tu pour y remédier ?
- L'entraînement, répondit-il d’un ton d’évidence.
Elle se retint de justesse de lever les yeux au ciel. Il la prenait vraiment pour une abrutie…
- Oui, j'avais bien compris, je ne suis pas idiote, rétorqua-t-elle en tachant de ne pas laisser l’ironie transparaître dans sa voix. Mais quel genre d'entraînement ? Les poutres ?
- As tu déjà fais de la lutte ? questionna-t-il abruptement sans tenir compte de son interrogation.
- En dehors de ce dont tu as été témoin l'autre fois, non.
- Alors tu vas apprendre. C'est un sport complet et efficace pour augmenter tes potentialités. Le principe est de faire tomber l'adversaire au sol en maintenant ses deux épaules bloquées. Tu te doutes que c'est la façon la plus efficace de maîtriser quelqu'un.
- Mais si l'adversaire est plus fort que moi ? interrogea la jeune fille, curieuse.
- Ton adversaire, pour le moment, c'est moi, répliqua-t-il en posant sur elle un regard acéré.
- justement... Je ne suis pas aveugle au point de ne pas comprendre que tu es bien plus fort que moi.
Sa répartie lui valut une pichenette entre les deux yeux.
- Je ne vais pas lutter réellement avec toi pour le moment, expliqua encore Alrayan. Tu vas apprendre à esquiver, sauter, éviter. A côté je vais aussi faire en sorte de te donner des excercices pour augmenter ton endurance et ta musculature. Quand j'estimerai que tu seras prête, je me mesurerai à toi.
- Très bien, je t'écoute, fit-elle, attentive.
Elle pensait obtenir un déroulé précis de la manoeuvre, mais n'avait pas prévu du tout ce qui suivit. A une vitesse fulgurante, son interlocuteur s'abaisse pour saisir de ses deux bras les chevilles de l'elfe, la faisant rudement chuter d'un coup d'épaule, avant de plaquer son dos au sol sans aucune délicatesse, puis de se redresser.
- Ta première erreur : tu ne te tiens pas assez sur tes gardes.
Aïe. Mais cet homme était une brute en plus du reste... Le bas du dos endolori par sa chute, Tyra se redressa. Elle n'avait même pas eu le temps de réagir, ni celui de le voir venir. Comment pouvait-on être si rapide ?
- Tu es trop rapide. j'ai à peine le temps de voir tes mouvements.
- Tu manques cruellement de sagacité.
Allons bon, voilà autre chose...
- C'est à dire ?
- Tu es trop habituée à des exercices académiques, prévus et minutés.
- Ca c'est bien possible.
Inutile de chercher à nier de toute façon.
- L'imprévu, l'adaptation, tout ça, ça te passe à cent lieues au dessus. S'adapter c'est vaincre.
- Et je suppose... qu'il va aussi me falloir apprendre à anticiper ? devina-t-elle sans trop de mal.
- Exactement. (il secoua la tête) Ectelius n'est pas aussi efficace qu'il semble le penser.
- Ce n'est pas ce qu'il m'apprend... Et Praven me... il m'enseignait par la peur. j’ai certainement des lacunes. mais je suis prête à tout pour les combler si tu veux bien m’y aider, affirma la jeune fille en le fixant dans les yeux.
- Tu es prête à tout pour t'améliorer ?
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:38

Oui, enfin... il y avait tout de même des limites. Il fallait les fixer rapidement.
- Presque tout, rectifia-t-elle.
- Presque ? releva l'assassin en fronçant les sourcils.
- Presque.
Constatant qu'elle ne semblait pas vouloir développer sa réponse, Alrayan n'insista pas et reprit :
- Je verrai bien moi même jusqu'où va ce « presque ». Bon, as-tu l'habitude de soulever des poids ou un quelconque exercice de ce genre ?
Comme elle secouait a tête en signe de dénégation, l'elfe prit conscience qu'il s'agissait d'une lacune de plus et que ça commençait à faire beaucoup. Aussi crût-elle bon d'ajouter, comme pour minimiser :
- Mais je pense être capable de soulever un certain poids tout de même.
- Bon. Commence à exécuter une série de pompe. Je reviens.
La consigne laissa Tyra perplexe. N'ayant jamais fais ce genre de chose avec Praven, elle s'interrogea quelques instants, puis se souvint avoir vu des apprentis masculins en faire. Bien qu'elle doutât d'y parvenir avec la même facilité, elle s'allongea sur le sol, puis se souleva sur les avant-bras, jambes tendues et, ses longs cheveux, qu'elle n'avait pas attachés, traînant au sol, elle descendit une première fois, puis une seconde et une troisième. Elle parvint ainsi jusqu'à dix mais sentit rapidement ses bras commencer à trembler de fatigue, comme lors de sa toute première escalade.
Entre temps, Alrayan était revenu, tenant un sac de sable en travers de son épaule , l'autre main nonchalamment posée sur sa hanche. Voyant que son élève était si concentrée qu'elle ne l'avait pas entendu, il posa délicatement le sac au dessus d'elle... et le lâcha sur son dos, ce qui la fit s'écrouler.
- Tu n'as déjà plus de force ? questionna-t-il en secouant la tête.
- C'est que... commença-t-elle à essayer de se justifier, avant de jeter un coup d'oeil par dessus son épaule, apercevant ainsi ce qui l'avait fait tomber. Qu'est ce que c'est que ce truc ?
Suprise, elle roula sur elle-même pour s'en débarrasser et s'asseoir, mais l'assassin le ramassa et le lui tendit.
- Recommence, ordonna-t-il. Avec ça sur le dos.
- Tu es sérieux ? questonna-t-elle, incrédule.
Lajeune fille s'apprêtait à objecter son poids, mais réalisa à son expression que c'était voulu. Retenant un soupir, elle natta rapidement ses cheveux pour avoir moins chaud et se remit en position en tentant de ne pas penser à la fatigue de ses bras. Elle avait plus de volonté que ça. Elle allait le lui montrer.
- je suppose qu'il est sensé ne pas tomber de mon dos... articula l'elfe avec effort lorsque le poids fut en place.
- Oui, répondit simplement Alrayan en s'asseyant en tailleur face à elle.
Se murant alors dans une bulle, elle fit abstraction de son regard qui semblait lui brûler la nuque et redescendit en bandant les muscles de ses bras de toutes ses forces. Une fois, deux fois... à six, la sueur lui dégoulinant sur le visage, elle était si épuisée qu'elle s'écroula de nouveau. Lamentablement.
- Tu manques vraiment de muscles et de force... constata-t-il en secouant la tête.
Agacée par ce qu'elle prenait pour de la suffisance, la jeune fille perdit patience et lâcha en se redressant :
- Parce que tu es capable de faire mieux ?!
Sans un mot, l'assassin la fixa de son regard acier, puis, se redressant à son tour, se mit en position, ajustant le sac sur son dos avant de commencer à descendre, une main dans le dos, poing fermé, avec une facilité ahurissante.
Une nouvelle fois, elle le contempla, reste bouche bée. Il n'y avait donc pas de limite aux capacités de cet homme ? Y avait-il des choses qu'il faisait mal, ou du moins, des domaines dans lesquels il n'excellait pas ? Elle avait arrêté de compter le nombre de fois où, stupéfaite par ses compétences, elle l'avait fixé de la sorte. Quelqu'un d'aussi parfait, cela se révélait aussi fascinant que fortement énervant.
- C'est bon, c'est bon, j'ai compris la leçon... marmonna-t-elle, avant de récupérer le sac.
Se remettant en position malgré sa fatigue, Tyra reprit l'exercice du début, aiguillonnée par ce qu'elle venait de voir et parvint cette fois laborieusement à dix, uniquement grâce à sa volonté.
- Bon. Inutile de t'acharner, tu ne feras pas plus pour le moment apparemment.
Cette constatation, bien qu'elle soit tout à fait réaliste, agaça de nouveau l'elfe. Elle avait fait des progrès depuis le départ ! Est-ce que ça le tuerait de le remarquer ?! Quelle espèce de...
Comme elle cherchait à se remettre debout, il lui ôta le sac.
- Quand tu sera plus endurante, nous monterons à quinze, puis à vingt kilos.
- Très bien... dit-elle en serrant les dents tout en posant un regard décidé sur lui afin de lui montrer qu'elle ne renoncerait pas. Alrayan...
L'assassin, qui s'apprêtait à partir, se retourna.
- Oui ?
Non. Finalement le remercier comme elle voulait le faire ne servirait à rien, Aussi choisit-elle de se rétracter.
- Non rien.

~~~~~~~~~~~~~

En soupirant de sa journée difficile, Tyra poussa la porte de chez elle... et tomba à la renverse, manquant, dans le même temps, se faire égorger par les crocs acérés de sa seija qui ne l'avait pas reconnue.
- Ca suffit Samaïa ! ordonna brusquement la jeune femme qui n'appréciait guère ce genre de traitement, en la repoussant sans ménagement.
Penaud, le félin ôta ses pattes de sa poitrine et lui lança un regard malheureux.
- Par Zeran, jura l'assasin en se relevant tout en fusillant l'infortuné fauve du regard, il va falloir que tu apprennes à me reconnaître car je ne vais pas supporter ça à chaque retour. Tu entends ? Et inutile d'essayer de m'amadouer, ça ne prend pas.
Un miaulement triste lui répondit et l'elfe jura de nouveau en refermant la porte.
- Tu as de la chance que je t'ai reconnue. J'aurais pu te rendre pour un intrus et te blesser moi aussi. Regarde, fit encore Tyra en faisant apparaître les lames dissimulée sur le dos de ses mitaines. Tu es dangereuse mais moi également, alors on ferait bien de faire attention toutes le deux.
Quelle dommage qu'elle ne puisse pas parler, ce serait tellement plus simple... se dit-elle. A moins que... Peut-être que dans les grimoires de Zandar, un sort est mentionné qui me permettrait de traduire directement ses grondements en mots... J'irais voir dès que possible.
- Bon, reprit la jeune femme, puisqu'il faut t'inculquer la politesse, nous allons commencer par quelque chose de très simple. Couchée.
Comme la seija se contentait de remuer la queue en semblant ne pas comprendre la consigne, l'elfe expira bruyamment en passant une main sur son visage et reprit :
- Couchée Samaïa.
L'ordre ne fut suivi d'aucune réaction. Tyra répéta donc pour la troisième fois en tâchant de ne pas perdre patience.
- Quand je dis « couchée », tu t'allonge, expliqua la jeune femme.
Le félin ne bougeant toujours pas, l'assassin appuya fortement sur son arrière train, puis sur le bas de son cou pour lui faire comprendre. Mais, prenant cela pour un jeu, le fauve bascula sur le dos et lui donna de petits coups de patte en ronronnant doucement.
- Non. Ne bouge pas, ordonna encore la jeune femme d'un ton ferme. Et « couchée », c'est sur le ventre, pas sur le dos.
De deux choses l'une, ou elle était très mauvaise dresseuse, ou l'animal, pourtant d'une belle taille, était trop jeune pour comprendre ses ordres. Mais cela lui paraissait étrange car, dans la forêt, la seija avait paru comprendre parfaitement des phrases bien plus complexes. Se moquait-elle d'elle ? Comme pour la conforter dans cette idée, Samaïa choisit ce moment pour se coucher sagement, la tête sur les pattes avant.
- Tu te fiches de moi on dirait... Mais rira bien qui rira le dernier ma belle... Assis, ordonna-t-elle encore.
La seija, qui paraissait s'amuser follement, se lécha alors les babines sans esquisser le moindre mouvement.
- Samaïa... fit alors Tyra d'un ton menaçant.
Mais cela n'eût aucun effet sur son amie féline.
- Écoute ma jolie, dit encore l'assassin d'un ton ferme en s'accroupissant, il va falloir que tu m'obéisses rapidement si tu veux qu'on s'entende. Donc, quand je te donne une consigne, tu l'exécute, vu ?
La réprimande toucha alors au but car le fauve feula tristement en la regardant d'un air malheureux.
- Ca ne m'amuse pas non plus figures-toi car je perds du temps, rétorqua la jeune femme en croisant son regard doré. Mais tu ne pourras pas sortir avec moi tant que tu n'auras pas un semblant d'éducation. Alors, assis.
L'elfe aurait presque pu entendre un soupir sortir de la gueule de sa camarade à quatre pattes lorsqu'elle s'exécuta.
- Et bien voilà. C'est mieux non ? Maintenant on va essayer autre chose. Ne bouge pas.
Comme si elle avait compris, Samaïa s'immobilisa, y compris sa queue qui s'agitait pourtant en permanence.
- Bien ! la complimenta alors l'assassin en souriant. Maintenant on va faire les trois. Assis.
Ayant saisi le but du jeu, la seija obéit.
- Couchée.
De même l'animal l'écouta sagement.
- Ne bouge pas.
Comme le félin se figeait, un nouveau sourire apparut sur les lèvres de Tyra.
- Parfait, la félicita-t-elle de nouveau. C'est déjà ça. Il faut encore que je trouve un moyen de te rendre invisible à volonté sans être limitée par la durée.
Elle lui tendit ensuite une main et Samaïa y posa sa truffe.
- Je ne veux plus que la scène de tout à l'heure se reproduise, alors imprègne-toi bien de mon odeur et retient-la. Tu as aussi interdiction de me sauter dessus à tout bout de champ.
Pour toute réponse, le félin lui donna un coup de langue râpeuse qui fit grimacer la jeune femme.
- Si tu respecte ces consignes, nous serons bonnes amies.
Comme pour approuver, la seija gronda doucement, puis s'allongea et ne bougea plus.
- Je préfère cela, conclut l'elfe.

~~~~~~~~~~~~~

Le quartier était paisible comme toujours à cette heure de la soirée. La nuit, tombée depuis déjà un long moment, faisait tout paraître plus grand, plus inquiétant. En règle générale, nul ne s’attardait dans les rues une fois l’obscurité installée, non que le quartier soit dangereux, mais la ville n’était pas spécialement attrayante à la fin du jour. Pourtant, dans cette pénombre, deux silhouettes se faufilaient, semblant parfaitement savoir où aller. Deux ombres encapuchonnées, silencieuses, l’une un peu plus petite que l’autre, qui se glissaient dans les ruelles, se jouant des patrouilles sillonnant la ville. Lui et elle. Le maître et l’élève. Ectelius et Tyra. Comme toujours. Aussi inséparables qu’un cavalier et sa monture. Dans un bel ensemble, le duo se plaqua contre un mur, le temps de laisser passer les soldats. Le bruit des talons claquant contre le sol pavé s’éloignant rapidement, ils reprirent leur route jusqu’à parvenir devant une demeure cossue sans être ostentatoire. Le demi-elfe lui désigna le bâtiment d’un mouvement du menton, elle comprit que c’était là. La jeune fille connaissait la raison de leur venue à cet endroit. Elle savait qu’elle s’apprêtait à faire son réel tout premier pas sur la voie. Tyra posa les yeux sur la porte, le cœur palpitant. Il lui semblait que tout le quartier pouvait entendre ses battements et elle jeta un regard inquiet sur le visage calme de son instructeur. Mais celui-ci paraissait ne rien avoir remarqué. S’avançant jusqu’à la porte, il sortit de sa poche un objet qu’elle n’identifia pas, avant de s’attaquer à la serrure. Bobom bobom. Elle tourna brusquement la tête vers la droite, inquiète, mais rien, pas le moindre mouvement autour d’eux. Bobom bobom. Hormis ce son entêtant, le silence s’avérait tel qu’elle pouvait entendre le bruit ténu de leur respiration. Bobom bobom. Elle reporta son attention sur son maître, se demandant ce qu’il faisait pour que ce soit si long. Bobom bobom. Un cliquetis. Elle espéra… mais non, pas encore.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:39

- Patience, lui souffla-t-il d’une voix quasi inaudible.
Il avait dû sentir son stress, qui s’avérait presque palpable. Bobom bobom. Elle porta la main à sa poitrine et appuya, vaine tentative pour comprimer, apaiser les battements désordonnés de son organe vital. Bobom bobom. Rien à faire, elle n’y parviendrait pas. Soudain… un léger bruit. Celui qu’elle attendait. Elle poussa un soupir de soulagement intérieur, qui ne suffit pourtant pas à la détendre. Bobom bobom. Bon, d’accord, son anxiété n’avait rien à voir avec la durée d’ouverture de la porte qui, malgré ses impressions, n’avait duré que quelques secondes à peine. Bobom bobom. Un léger grincement, puis l’issue tourna sur elle-même vers l’intérieur de la pièce plongée dans l’obscurité. Bobom bobom. La jeune fille posa les yeux sur le visage serein de son mentor. Un regard. Elle comprit. C’était à elle de jouer. Ectelius ne l’accompagnerait pas. Elle devrait le faire seule. Bobom bobom. Elle déglutit péniblement, puis s’engagea dans la maison. Elle ne pouvait plus faire demi-tour et de toute façon, son maître comptait sur elle. Elle ne pouvait pas le décevoir. La jeune elfe arriva devant une porte. Celle de la chambre. De sa chambre. Bobom bobom. Hésitante, elle posa la main sur la poignée, puis se tourna vers le seuil du bâtiment, vers Ectelius, quêtant un quelconque signe d’encouragement de sa part. Il le lui donna. Un sourire, un coup d’œil disant explicitement « tu peux le faire Tyra, j’ai confiance en toi ». Il ne lui en fallait pas plus. Prenant courage, elle fit délicatement jouer le mécanisme, retenant son souffle, attendant un éventuel grincement qui ne vint pas. Les gonds étaient bien entretenus. Bobom bobom. La porte tourna vers l’intérieur. Elle pénétra dans la pièce. Fatalement, le marchand était là, endormi, innocent, tout à fait inconscient du danger qui le menaçait. L’espace d’un instant, elle aurait souhaité qu’il se trouve ailleurs, dans une taverne, chez un ami, n’importe où… mais pas ici, pas devant elle, pas à sa merci. La jeune fille porta la main à sa ceinture pour dégainer une dague d’un geste peu assuré, puis, tremblante, la leva lentement au-dessus de sa tête. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom. Les battements de son cœur se firent frénétiques et elle s’étonna que l’humain ne les entende pas. Elle y était. Elle n’avait plus le choix désormais. Pourtant elle aurait tellement voulu l’avoir.
Réveille-toi ! Je t’en prie, réveille-toi ! supplia-t-elle intérieurement l’homme endormi. Mets-moi hors d’état de nuire ! Sauve ta vie !
Mais le sommeil du marchand s’avérait profond ; il ne bougea pas le moindre muscle. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle avait une conscience aiguë du silence nocturne, du poids de l’arme dans sa main ; ce poids, d’ordinaire léger, qui lui paraissait en cet instant décuplé.
Au moment de frapper, elle eût une pensée pour la famille de sa victime, qu’elle s’apprêtait à priver d’un soutien certainement précieux et une larme roula sur sa joue. Elle ferma les yeux. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom.
Je dois le faire. Je n’ai pas le choix. Pardonne-moi.
Un mouvement rapide. Il n’eut le temps ni de se réveiller ni de crier. En un instant, il était mort et sur sa poitrine inerte s’épanouissait à présent une fleur de sang écarlate. L’elfe lâcha le poignard, qui tomba au sol avec fracas, puis la jeune femme se laissa tomber à genoux. Elle se faisait horreur d’avoir ainsi ôté la vie. Elle n’avait que 16 ans et déjà, ses mains juvéniles s’avéraient irrémédiablement souillées de la vie qu’elle venait de prendre. Anéantie, Tyra posa les bras sur le lit, avant d’appuyer sa tête dessus. Au bout de quelques minutes, un léger bruit de pas se fit entendre. La jeune fille sursauta, avant de bondir sur ses pieds et de fixer la porte, de l’air effrayé d’une nitie prise au piège. Une silhouette apparut sur le pas de la porte. Ce n’était que lui.
- Dépêche-toi Tyra, il ne faut pas traîner ici maintenant que c’est fait, lui dit Ectelius d’un ton pressant tout en jetant un coup d’œil au cadavre.
Elle hocha la tête, puis, ramassant sa dague, lui emboîta le pas. Tous deux quittèrent le lieu du crime pour regagner la Guilde.
- Je… J’ai… bafouilla-t-elle lorsqu’ils furent rentrés.
- Je sais, ma belle, fit-il d’une voix rassurante, bienveillante. Cela fait toujours cet effet les premières fois, mais bientôt, tu te sentiras mieux et ta conscience se taira.
Elle s’apprêtait à acquiescer du chef, mais, soudain nauséeuse, elle dût s’éclipser pour se soulager. Lorsqu’elle revint un instant plus tard, la jeune elfe, pâle, défaite, semblait à peine plus vivante que sa toute première victime.
- Va te reposer, lui conseilla le Maître-Assassin. Tu as bien travaillé. Je suis très fier de toi.
A peine assez alerte pour gagner seule sa chambre, elle ne répondit rien, se contentant de s’éloigner d’un pas chancelant.

~~~~~~~~~~~~~

Dans la noirceur de la nuit, les deux seijas se faufilaient silencieusement jusqu'à la sortie de la ville. Le félin invisible, l'elfe quasiment. Rapidement, elles quittèrent Llinmaï pour se diriger vers la forêt de Talann et sa tour.
- Tu peux aller chasser, mais ne tarde pas à me rejoindre, demanda alors Tyra. Tout te concerne et je ne peux rien sans ta présence.
Comme un acquiescement, Samaïa feula brièvement et disparut sans bruit dans les fourrés, tandis que la jeune femme pénétrait dans l'antre de son ancien professeur. L'assassin espérait trouver, dans ses grimoires, un sort qui pourrait l'aider à comprendre le fauve et un autre lui permettre de sortir en sa compagnie sans risquer un mouvement de panique dans les rues. Rapidement, elle gravit l'escalier, puis pénétra dans la pièce humide. Aussitôt, elle se dirigea vers la cheminée pour y allumer le feu magique qui éclairait l'endroit tout en le chauffant. La jeune femme s'approcha ensuite de l'étagère et s'empara un à un de tous les volumes qui s'y trouvaient alignés, avant de déposer la pile ainsi formée sur la table où la bouteille d'alcool se trouvait toujours. Elle la contempla en soupirant : de longues heures de recherche l'attendaient alors autant s'y atteler le plus rapidement possible. S'asseyant dans son fauteuil habituel, elle se versa un verre de rayazen, qu'elle avala d'un trait pour se donner du courage. Non pas qu'elle n'aimait pas étudier, mais la perspective d'éplucher chacun de ces épais ouvrage à la recherche de deux informations précises se révélait un peu décourageant. D'autant qu'elle le ferait peut-être pour rien puisqu'elle n'était même pas sûre que ces incantations existent réellement. Elle ne pouvait que supposer, ce qui se révélait un bien mince espoir. Se saisissant du premier livre de la pile, Tyra l'ouvrit et se mit à lire. Elle fut bientôt rejointe par Samaïa, qui, ayant dû festoyer, se léchait les babines. Quittant du regard les pages noircies d'une écriture aussi fine que déliée, elle posa les yeux sur la seija.
- Ne bouge pas, lui dit l'elfe.
Obéissant, le félin se coucha à ses pieds et elle pût bientôt l'entendre ronronner au rythme d'une respiration régulière qui montrait qu'elle dormait.
Souriant en coin, la jeune femme reporta son attention sur le volume qu'elle tenait.



Rien ! Rien de rien ! Agacée, Tyra envoya promener le manuscrit à l'autre bout de la pièce, ce qui réveilla Samaïa et les yeux dorés du fauve la suivirent pendant qu'elle arpentait la pièce. Elle avait déjà passé plus de vingt-huit heures à lire minutieusement les trois quarts des ouvrages du vieux mage pourtant rien ne correspondait à ce qu'elle cherchait. Il y avait des formules pour tout et n'importe quoi, mais aucune ne pouvait lui être utile pour communiquer avec Samaïa. Cessant de tourner en rond, l'assassin s'étira longuement. Allons, il ne fallait pas désespérer. Après tout, il restait encore deux livres à étudier, alors il n'y avait pas de raison pour qu'elle ne trouve pas ces maudits sorts. Se saisissant de la bouteille toujours posée sur la tablette , elle la pencha pour se verser un nouveau verre d'alcool, mais rien ne coula. Elle avait dû la vider sans s'en rendre compte tout au long de sa veille, afin d'éviter de s'endormir. Cette constatation n'améliora pas son humeur et c'est en jurant qu'elle reprit place pour entamer l'avant-dernier manuscrit, pendant que Samaïa se remettait à somnoler.
Soudain, un cri de triomphe fit sursauter la seija. Les yeux brillants, Tyra avait littéralement jailli de son siège.
- Je le tiens ! s'exclama-t-elle, s'adressant à la fois au félin et à personne en particulier.
Relisant la formule, elle inspira, puis incanta en fixant sa camarade à quatre pattes :
- Selina farliëntaani absartane ërbasi foliënvadra gavën !
Le sortilège lancé, l'elfe attendit en retenant son souffle que quelque chose se produise. Un halo, un bruit infime... n’importe quoi qui lui aurait indiqué que cette fichue formule avait fonctionné. Mais rien du genre n'arriva. Agacée, elle s'apprêtait à lancer le volume dans l'âtre, lorsqu'une voix chaude s'inséra dans son esprit :
- Ca n'a pas fonctionné ?
Stupéfaite, l'assassin se retourna, griffes sorties, prête à tuer l'importun qui osait la déranger, mais elle se trouvait seule avec la seija.
- Samaïa, c'est toi ? demanda-t-elle alors, incrédule, en fixant son amie.
- Bien sûr que c'est moi, répondit le fauve dans sa tête. Tu vois quelqu'un d'autre dans cette pièce ?
- Mais alors ce sort à fonctionné ! Je t'entends gronder mais je t'entends dans ma tête aussi distinctement que tu si parlais.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:42

- Mais je parle, figures-toi, rétorqua Samaïa avant de bâiller en s'étirant, rayant le plancher rugueux de ses griffes. J'ai toujours parlé. Sauf qu'avant, tu ne m'entendais pas vraiment, voilà tout.
- Et bien une chose est sûre, fit Tyra, ce sera bien plus facile de se comprendre maintenant.
- Oui mais si je peux te donner un conseil, quand nous serons dehors, évite de me parler à voix haute si tu ne veux pas que les gens te prennent pour une folle. Surtout si je suis invisible.
A ce rappel, la jeune femme se renfrogna. C'était vrai. Il faudrait faire attention à cela pour ne pas se faire remarquer et aussi découvrir la dernière formule dont elle avait besoin.
- Comment faire alors ? questionna l'elfe, désemparée pour la première fois depuis longtemps.
- Tu m'entends dans ton esprit, c'est bien ce que tu viens de dire non ? Alors essaye de me parler par le même biais. Au moins c'est discret.
- Tu as raison, acquiesça l'assassin avant de se concentrer.
Ses premières tentatives furent pitoyables, quelques mots, seuls, parvenant à la seija qui se léchait les pattes comme un gros eyli.
- Tu es sur la bonne voie, l'encouragea celle-ci sans cesser de se laver.
Il fallut de nombreux autres essais avant que Tyra réussisse à projeter correctement une phrase complète dans l'esprit du fauve, mais quelle sensation grisante lorsqu'elle y parvint. Alors qu'elle s'abandonnait à l'exultation, la voix de Samaïa, pleine de bon sens, la ramena à la réalité.
- Si tu veux découvrir le dernier sort sans y passer une nouvelle journée, tu ferais bien de t'y remettre mon amie.
- Tu as raison. Je vais le faire immédiatement, acquiesça mentalement l'assassin en retournant s'asseoir.

~~~~~~~~~~~~~

Une fois encore il l’avait accompagnée. Ectelius. Son mentor était toujours présent. Il lui imposait des épreuves, mais il se trouvait toujours là pour la soutenir, l’encourager, quelles que soient les circonstances. Tout en restant dans le même quartier, le duo avait changé de secteur afin de ne pas trop attirer l’attention. De toute façon, qui fait attention à des ombres ? Tous deux se tenaient à présent devant une demeure relativement modeste malgré la réputation du commerçant qui l’habitait. La jeune fille savait qu’elle devrait entrer dans le petit bâtiment et éliminer son occupant. Un Nain dont elle avait refusé obstinément de connaître l’identité malgré les calmes remontrances de son instructeur. Elle ne voulait pas en savoir davantage que sa fonction. C’était même déjà trop à son goût. Un nom avait beaucoup de pouvoir. Avec un nom, on pouvait faire beaucoup. « La connaissance de l’autre est le premier pas vers sa destruction » lui avait un jour dit Praven. Sa destruction à elle si elle entendait les informations dont elle voulait se garder. Elle était convaincue qu’agir serait bien plus simple, bien moins douloureux sans rien savoir de sa victime… qu’elle refusait de l’appeler « proie » comme il arrivait à Ectelius de nommer ceux dont ils s’occupaient. Tyra savait parfaitement qu’un jour, elle n’aurait pas d’autre choix que de savoir, mais pour le moment, comme elle possédait encore cette liberté, elle entendait bien en user à son idée. D’ailleurs, le demi-elfe avait semblé le comprendre parfaitement car il n’avait pas insisté. Il lui tendit l’outil dont il se servait pour forcer les portes. Elle déglutit. Ainsi, cette fois, elle devrait tout faire seule. Plus le temps passait, plus le maître de la Guilde lui donnait des responsabilités. Elle était partagée entre la fierté qu’il l’en considère digne et la crainte de ne pas y arriver, de le décevoir. De la main, il lui fit signe de procéder et elle s’approcha du rectangle de bois.
Bobom bobom. Oh non, ça recommençait. Son cœur ne la laisserait donc jamais tranquille à battre à tout rompre comme ça ? Mais la jeune fille ne se trouvait en réalité pas si étonnée que ça. Elle pressentait que cela se produirait encore sans ignorer la raison de ces palpitations… Lui comme sa conscience savait parfaitement qu’elle s’apprêtait à commettre un nouveau crime et le lui faisait savoir. Un frisson la traversa. Elle avait soudain froid, mais savait que la température extérieure, étonnamment douce pour la saison, n’était pas en cause. Elle aurait voulu renoncer, dire à Ectelius qu’elle ne voulait plus tuer, mais le regard confiant qu’il posait sur elle l’en dissuada.
Tu es formée dans ce but depuis l’enfance Zenf, se dit-elle pour se dire qu’elle ne possédait pas d’autre alternative, alors fais ce que tu as à faire.
Bobom bobom. Elle introduisit la tige métallique dans la serrure, puis tourna délicatement jusqu’à sentir une légère résistance. Bobom bobom. Elle y était, il manquait peu de chose pour que le cliquetis caractéristique se fasse entendre dans le silence de la nuit. Encore un effort… Clic. Déglutissant, elle rendit l’ustensile au maître-assassin, qui approuva l’opération d’un simple hochement de tête, dont l’elfe ne fut pas surprise. Il n’était jamais aussi loquace en mission, même d’entraînement, que lorsqu’ils se trouvaient seuls dans ses appartements de la Guilde. La jeune fille entrebâilla la porte basse pour éviter qu’elle ne grince, avant de se courber pour se faufiler dans la mince ouverture. Elle savait qu’elle seule pouvait réussir ce genre de chose, tant à cause de sa stature, que de sa souplesse.
Bobom bobom. Toujours penchée vers l’avant, Tyra regarda autour d’elle à la recherche de la chambre du Nain. La pièce principale, dans laquelle elle se trouvait à présent, possédait des dimensions si réduites qu’elle se sentit rapidement oppressée. Elle devait faire vite car elle ne supporterait pas longtemps de rester ployée. L’apprentie localisa rapidement ce qu’elle cherchait et s’y dirigea aussi vite que possible étant donné l’inconfort de sa position. Elle posa la main sur la poignée, puis tourna. Bobom bobom. RRRRRRRRRRRRRRZZZZZZZZZZZZZZZ. Un vacarme assourdissant assaillant ses oreilles sensibles, elle y porta la main en sursautant, croyant être repérée… mais non. En réalité, le bruit provenait de sa future victime même. Elle écarquilla les yeux, stupéfaite. Il ronflait.
Oh par les flammes de Zeran ! jura-t-elle intérieurement. Il m’a fait peur ce…
Elle se rapprocha de la couche. Bobom bobom. Sans quitter le marchand des yeux, Tyra tâtonna maladroitement pour trouver sa dague, l’empoignant rapidement comme si la vitesse d’exécution pouvait atténuer la portée de ce qu’elle s’apprêtait à commettre une nouvelle fois. Bobom bobom. La jeune fille leva l’arme… et le Nain se tourna sur le côté. Allons bon, une difficulté imprévue… Comment en finir maintenant qu’il se trouvait dans cette position ? Voilà une chose à laquelle Ectelius n’avait pas pensé à la préparer. L’apprentie baissa le bras. Inutile de se fatiguer tant qu’elle n’avait pas de solution à ce… problème. Elle considéra le mâle qui ronflait de plus belle et grimaça. Quel raffut ! Comment un homme seul pouvait-il faire autant de bruit ? Mettant de côté ce désagrément auditif, elle se mit à réfléchir. Il fallait faire vite car l’aube approchait. Un moment passa, puis elle se souvint des cours d’anatomie que son instructeur lui avait dispensés. Il était vain de toujours chercher à frapper de face. Le faire dans le dos s’avérait également une possibilité. Bien plus lâche et bien moins honorable certes -pour autant que la profession d’assassin possédât quoi que ce soit de cette sorte- mais une alternative tout de même. Du moment qu’on s’attachait à le faire au niveau du cœur ou des poumons. L’espace d’une seconde, elle se demanda comment elle parvenait à raisonner aussi froidement, aussi logiquement étant donné ce qu’elle était venue faire, mais elle n’avait plus le temps de s’attarder sur ces considérations. De nouveau, Tyra leva le poignard, ferma les yeux, puis les rouvrit en comprenant qu’elle risquait de mal viser et de le blesser au lieu de le tuer sans le faire souffrir. Elle déglutit péniblement. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom.
Un geste fulgurant. Il ouvrit la bouche sur un cri qui ne sortit pas. Qui ne sortirait plus jamais. La jeune fille ferma très fort les yeux en serrant les dents, mais ne s’écroula pas. Elle devait être forte. Récupérant son poignard poisseux de sang, elle préféra ne pas regarder le cadavre duquel s’écoulait à présent un filet d’hémoglobine qui tarirait bientôt et se dirigea vers la porte. Cette fois, elle ne serait pas malade.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:43

Un murmure surprit entre deux ruelles. Une histoire de meurtre. Horriblement sanglant apparemment. Qu’étrangement, on semblait lui imputer. Absurde. Elle n’avait plus eu de mission à effectuer depuis plusieurs jours et n’opérait de toute façon, jamais de cette façon. Zan étant mort et Samaïa ne sortant jamais sans elle, il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qui était l’auteur de ce crime. Aikryo Daikin. Le jeune assassin avait vraisemblablement adopté les méthodes de boucher de son prédécesseur. Tyra grimaça de mépris. Pour elle, un bon professionnel devait tuer rapidement et sans laisser de trace. Une barbarie comme la sienne n’étaient pour elle qu’un procédé dissimulant mal une incompétence notoire. Si par hasard son chemin croisait celui de ce jeunot, elle ne prendrait pas de gant pour lui dire sa façon de penser… et il trouverait ça douloureux.
Suivie de son invisible compagne féline, elle se faufila jusqu’à la porte de la maison puis, se servant de l’une de ses griffes, crocheta la serrure qui s’ouvrit sans bruit. Traversant le hall marbré comme si elle se trouvait pourvue de coussinets, elle s’élança dans l’escalier de son pas de nuage, parvenant rapidement à l’étage sans avoir fait grincer les marches. Elle emprunta un couloir. Une, deux, trois portes. C’était là. La jeune femme utilisa de nouveau la pointe de son arme intégrée pour ouvrir l’issue menant à la chambre de sa proie. Elle s’approcha. Un seul coup de dague bien placé. Elle essuya sa lame sur les vêtements du défunt, avant de repartir comme elle était venue.
Alors que les deux seijas allaient s'en retourner, l'elfe avisa une silhouette familière juste devant elle. Il bifurqua et elle lui emboîta le pas.
- Bonsoir Aikryo… fit-elle d’une voix douce qui n’augurait rien de bon.
Il se retourna. C’était un jeune homme d’une vingtaine d’années, aux cheveux blonds, dont le visage glabre s’avérait plus que quelconque.
- Bonjour Tyra…
- Pour toi, c’est « Maitre Zenf », apprenti, fit-elle d’un ton méprisant, en lui faisant bien sentir qu’il n’était rien de plus pour elle.
- Je ne suis plus apprenti. Je n’ai plus à vous appeler comme ça.
- Quelqu’un qui fait preuve de ton amateurisme n’est rien d’autre. Et encore, je suis gentille, poursuivit-elle en s’approchant jusqu’à l’acculer contre un mur, tandis que le fauve redevenu visible grognait d'un air menaçant.
- Amateur moi ? Vous plaisantez ? se défendit le jeune homme tout en regardant d'un air craintif la seija qui montrait les dents.
- Ceux qui utilisent tes méthodes pour tuer leurs proies ne sont que des bouchers, donc, des amateurs, répliqua-t-elle vertement, avant de sortir une de ses griffes pour la planter légèrement une dans la partie sensible de son anatomie.
La douleur ainsi que la surprise lui firent pousser un petit cri suraigu qui provoqua son hilarité.
- Si jamais j’entends encore parler d’un meurtre sanglant, je reviendrais te voir et cette fois, je m’arrangerai pour que tu ne puisses plus jamais te reproduire. Est ce que je me fais bien comprendre ?
Comme il tardait à répondre, elle enfonça davantage la griffe et il couina lamentablement. Le rire de son amie quatre patte résonna dans l'esprit de Tyra, tandis que celle-ci souriait cruellement.
- D’accord, d’accord ! capitula-t-il.
- Je te conseille de ne pas l’oublier, car moi je m’en souviendrais… et elle aussi, prévint-elle en posant une main sur la belle tête de Samaïa, avant de le lâcher et de tourner les talons sans se retourner.

~~~~~~~~~~~~~

- De jour ?! s’était-elle exclamé lorsqu’Ectelius lui avait parlé du nouvel entraînement.
- Tu dois être capable d’agir à n’importe quelle heure, avait-il rétorqué avec son calme habituel. Il te faudra simplement être davantage prudente.
Tyra avait grommelé, ce qui l’avait fait rire.
- Allons ma belle, ne râle donc pas tant. A quoi cela te sert-il puisque tu sais très bien que tu le feras tout de même ?
- Quand ? avait-elle demandé à contrecœur.
Elle ne le lui aurait pas avoué, mais avec seulement deux assassinats à son actif, elle était déjà lasse de tuer. Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir une adolescence normale, sans cadavres, sans effusions de sang ? Elle ne possédait aucun ami, n’avait plus jamais porté de robe depuis sa petite enfance et avait même quasiment oublié comment sourire …
- Dans deux heures, avait répondu le demi-elfe.
A l’heure dite en effet, ils partirent, encapuchonnés comme à leur habitude. La jeune fille remarqua immédiatement qu’ils n’empruntaient pas leur chemin habituel, mais se dirigeaient vers la ville haute.
- Qui ? demanda-t-elle simplement à voix basse.
L’androgyne Maître-Assassin sourit sous sa capuche.
- Je croyais que tu ne voulais rien savoir de tes proies ? questionna-t-il de même.
Elle grimaça mais ne put répondre de suite à cause d’un bruit suspect qui les força à se dissimuler derrière un mur. Encore une de ces maudites patrouilles… Elle retint son souffle… longtemps. Les six hommes s’immobilisant, elle se demanda ce qu’ils fabriquaient. Pourquoi ne repartaient-il pas ? L’elfe posa sur son mentor un regard angoissé, mais celui-ci la calma d’une simple pression sur le bras. Ce qui voulait dire « détends-toi, tout ira bien ». Les soldats finirent par s’en aller et elle écouta avec soulagement le bruit de leurs pas décroître sur les pavés. Il lui fit un geste de la main. Elle le suivit.
- Pourquoi allons-nous dans ce quartier ?
Un nouveau silence tandis qu’ils se tapissaient dans une ruelle, attendant que les passants qu’ils croisaient s’éloignent.
- Parce que tu vas changer de type de cible.
- Ah… Fini les marchands ?
- Tu passe à la classe supérieure, l’informa-t-il en se dirigeant vers une maison très nouveau riche.
Elle écarquilla les yeux.
- Un noble ?
- Oui. On arrête les simples bourgeois.
Ah… et bien si les marchands n’étaient que de « simples bourgeois »… Merveilleux, de quoi se plaignait-elle ? Elle soupira, puis tendit la main pour qu’il lui confie l’outil qui allait lui servir à ouvrir la porte.
- Tyra, attend. Les autres fois, tes proies étaient célibataires… mais cette fois, c’est différent. Cet homme a une femme et un fils.
- Quoi ?! s’exclama-t-elle à mi-voix en écarquillant les yeux, incrédule.
Avec célérité, il lui posa une main sur la bouche.
- Chut malheureuse ! Tu veux donc nous faire repérer ?
Elle secoua la tête.
- Il y a peu de chance qu’ils te posent des problèmes, mais le cas échéant, tu sais ce que je t’ai dis à propos des témoins n’est ce pas ? poursuivit-il en ôtant sa main.
La jeune fille déglutit péniblement. Oh oui elle le savait… Elle le savait même parfaitement et priait les dieux chaque jour pour que cela ne se produise jamais.
- « Ne jamais laisser de témoins », récita-t-elle d’une voix brisée.
- Pourquoi cela ?
- Parce qu’ils pourraient nous identifier…
- Exactement. A présent que tu as tout cela à l’esprit, c’est à toi de jouer.
Il lui tendit l’instrument.
Le mot « jouer » parut assez macabre à la jeune fille étant donné ce qu’elle venait faire, mais Tyra ne fit pas le moindre commentaire. Elle introduisit la pointe métallique dans le verrou, puis manœuvra adroitement jusqu’à entendre le léger son. Elle poussa ensuite la porte ainsi ouverte.
- Hâte-toi maintenant.
L’elfe hocha la tête, avant de se glisser dans la maison. La décoration du hall était ostentatoire, voir de mauvais goût, mais elle ne s’attarda pas sur ces considérations. Elle devait faire vite. Avisant une bibliothèque, elle s’apprêtait à y entrer lorsque soudain…
- Hé vous là ! Qu’est ce que vous faites ici ? Sortez ou j’app…
La servante qui venait d’émerger de la cuisine n’eût pas le temps de finir sa phrase. Le sifflement aigu d’une dague fendant les airs la cueillit à la poitrine. La grosse femme s’écroula sans vie. Tyra avait réagi rapidement, mais pas assez pour que le cri n’attire pas le maître de maison, qui dévala l’escalier.
- Qu’est ce que…
Elle se retourna. Son second poignard fendit les airs à son tour, atteignant sa cible première entre les deux yeux. Elle ferma brièvement les paupières. La scène n’était pas belle à voir. Derrière elle un cri se fit entendre.
Oh non, pas ça… se dit-elle en faisant volte-face…
Et pourtant si. La femme de sa victime se tenait devant elle, la main sur la bouche, ses yeux écarquillés d’horreur fixés sur le cadavre de son époux. Tyra ne réfléchit pas, tirant de sa botte sa troisième arme, elle la lança également, atteignant au niveau du cœur l’humaine qui s’effondra sans un son.
Prise de vertige, elle dût d’adosser contre un mur. Trois… Trois… Trois… Trois… Le chiffre tournait dans sa tête dans une folle ronde. Elle venait de tuer trois personnes sans sourciller. Elle n’avait même pas eu le temps d’hésiter. Elle avait agi instinctivement. C’était eux ou elle… Maintenant que c’était fait, elle devait sortir, s’éloigner au plus vite du lieu du crime. Heureusement que l’enfant ne se trouvait pas là. Prendre la vie d’adultes était une chose… mais d’enfants… Mécaniquement, l’elfe récupéra ses armes, avant de rejoindre la porte et son instructeur.
- Filons, dit-elle simplement.
Il comprit. Tous deux repartirent alors en sens inverse jusqu’à la Guilde. Là, ils prirent place pour l’habituel débriefing de mission.
- Que s’est-il passé ? l’interrogea-t-il.
- La servante a failli donner l’alerte, alors j’ai lancé une dague.
- Excellent réflexe. Et ensuite ?
- Ensuite, attiré par le cri, c’est lui qui est descendu. Il a pris la seconde dans la tête.
- Parfait, approuva encore Ectelius avec un sourire satisfait.
- Finalement, c’est la femme qui a fait son apparition. Je n’ai pas eu le choix. Il ne restait qu’elle. Et elle m’avait vue.
- Ta troisième arme je suppose…
La jeune fille hocha la tête.
- En plein cœur.
- Tu as un très bon instinct Tyra, je suis fier de toi.
- Mais trois personnes Ectelius… Les deux humaines n’avaient rien à voir là dedans…
- C’est exact… Mais tu aurais préféré que la femme vive seule avec le chagrin de la mort de son mari ? A présent ils sont ensemble pour l’éternité au moins.
- Et l’enfant ? Il est orphelin maintenant.
- Il n’était pas là ?
- Non.
- Alors en effet.
Il disait ça avec une telle nonchalance… Comment faisait-il ? Elle déglutit péniblement.
- Comment te sens-tu ma belle ? l’interrogea-t-il encore.
- Ca peut aller je crois…
- Alors tu as quartier libre. Tu as accompli aujourd’hui un grand pas en avant.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:43

Elle montra le bâtiment à Samaïa qu'elle avait emmenée puisqu'à présent elle contrôlait à volonté le sort qui la rendait invisible, puis fractura à la porte d'entrée à l'aide d’une de ses griffes pour pénétrer dans la pièce principale. Mais là où aurait dû se trouver sa proie... pas de trace. Disparue. Volatilisée. Impossible... Ankth’yor excepté, personne ne lui avait jamais échappé, alors comment... Elle fouilla chaque recoin de la maison, mais il fallait se rendre à l'évidence : sa victime n'était plus là. C'était bien la première fois que cela se produisait... Et Tyra trouvait ça extrêmement désagréable. Dissimulant sa contrariété derrière son habituel masque impassible, elle quitta l'endroit pour se rendre dans la ville basse.



Elle s'assit face à lui. Son unique informateur. Elle n'avait pas confiance en lui, mais il savait ce qui l’attendait s'il la trahissait : une agonie aussi longue que douloureuse. Elle ne pratiquait pas la torture, mais ne pardonnait pas la forfaiture. Elle lui raconta donc la mésaventure, puis conclut :
- Tâche de savoir ce qui s'est passé et rend-moi compte le plus rapidement possible.
- Bien.
Il se leva, quittant rapidement l'endroit. Elle savait qu'elle ne le reverrait pas avant qu'il n’ait récolté toutes les informations nécessaires, même si ça devait prendre plusieurs jours.
- Il a été déplacé.
- Par qui ?
- Les hommes aux ordres du général Dant’haras.
La phrase fit crisper les poings de Tyra bien qu'elle ne montra rien de sa colère. Elle avait beau trouver sa présence agréable lorsqu'ils se retrouvaient à l'auberge, ça allait très mal se passer s'il commençait à se mêler de ses affaires. Pour qui se prenait-il d'interférer ainsi dans sa fonction ?
- Pourquoi ?
- A priori, votre cible devait servir d'appât à un plus gros poisson qu’il cherche à attraper depuis des mois.
D'accord, en plus il lui mettait des bâtons dans les roues pour servir ses propres intérêts... Elle ragea intérieurement. Il faudrait qu'il s'en explique. (passage à allonger)



Elle s'installa à sa place habituelle, de fort mauvais humeur, puis avala d'un trait la boisson forte contenue dans son verre, en fixant la porte. Une heure et demie plus tard, il entra à son tour. Il commanda à boire, puis vint s'asseoir face à elle. Comme elle ne prononçait pas le moindre mot, il avisa le verre ainsi que la bouteille aux trois quarts vides posés sur la table, puis la regarda d'un air interrogateur. Mais Tyra garda le silence, se versant une nouvelle rasade qu’elle vida d'une seule longue gorgée, avant de se lever pour se diriger vers l'escalier sans un regard, suivie de sa seija. Fronçant les sourcils, il se demanda ce qui pouvait motiver cette attitude et monta à sa suite. Entrant dans la chambre, le demi-elfe noir referma la porte derrière lui.
- Quelque chose ne va pas ? interrogea-t-il alors.
Il y eût un blanc, puis, sarcastique, elle répliqua :
- Oh mais si, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, ça ne se voit pas ?
En entendant cette réplique, il croisa les bras, puis lâcha :
- Si c’est professionnel, je ne vois pas pourquoi c'est moi qui subis ta mauvaise humeur.
- Parce qu'il se trouve que le « problème » vient directement de toi.
- De moi ? releva-t-il d'un air sceptique.
- Flynn Sar, ça te dit quelque chose ? poursuit-elle, les yeux lançant des éclairs.
- Ca c'est le côté professionnel, lui rétorqua-t-il calmement.
- Sauf qu'en l'occurrence, tu t'es mêlé de mes affaires, vois-tu… et j'ai horreur des fouineurs.
- Rectification : c’est toi qui t’es mêlée des miennes, contre-attaqua son compagnon. Cela fait des mois que je travaille sur ce projet et je n'allais quand même pas tout fiche en l'air. Vie privée et vie professionnelle sont deux choses bien distinctes, je te l'ai déjà dit. (il se renfrogna) Si tu as ce genre de réclamation à faire, va donc en parler au général. N'attend pas que j'arrive ici pour me pourrir la soirée.
C'est alors qu'un grondement sourd et menaçant se fit entendre entre eux.
- C'est ma semaine que tu viens de bousiller, riposta-t-elle comme si rien ne s'était passé. À cause de toi, je ne serais pas payée.
Entendant le bruit, Ankth’yor haussa un sourcil et murmura :
- C'était quoi ça...
Alors, en soupirant, l'elfe fit apparaître la seija qui l'accompagnait et continuait à grogner, en montrant les dents cette fois.
- Sage Samaïa. Couchée.
Docilement, le félin s'allongea à ses pieds, tout en dardant son regard doré sur le militaire.
- C'est nouveau ?
Tyra hocha la tête.
- Très.
- Ah... En même temps... pas très étonnant... maugréa-t-il toujours de mauvaises humeur.
- C'est-à-dire ?
- Vu ton caractère tu ne pouvais t'entendre qu'avec une seija...
- On va dire que je vais prendre ça pour un compliment...
- Si ça te chante.
Serrant les dents, la jeune femme le fixa et reprit :
- Donc tu as entravé mes fonctions et m'a empêchée de recevoir mon du
- C’est ta vie professionnelle.
- Qui en l'occurrence te concerne aussi, général.
Il serra les dents.
- Bien, puisque tu veux jouer à ça, sais-tu au moins qui est ton commanditaire ? demanda-t-il en observant alternativement son interlocutrice et sa seija.
- Pourquoi me poser la question, puisque tu sais pertinemment que c'est le cadet de mes soucis ?
- C'est l'homme que je cherche à faire plonger, répondit le demi-elfe noir en verrouillant son regard sur elle. Sais-tu pourquoi ?
- Quelque chose me dit que tu vas me l’apprendre, fit-elle d'un ton montrant clairement qu’elle s'en moquait.
- Pour ton information, fit-il d'une voix sombre, cet homme dirige un réseau de prostitution de toutes jeunes femmes ainsi que d'enfants. Mais apparemment, tu t'en contrefiches.
Sur ces mots, il sortit en claquant la porte, laissant la jeune femme bouche bée par ses déclarations. Si elle avait pu exécuter son contrat, elle se serait rendue coupable de complicité dans cet odieux trafic... Cette idée l'horrifia et lui donna presque la nausée.
Pendant que l’elfe réalisait ce qu'elle avait failli faire, son compagnon était redescendu. Assis au bar, avait entreprit de vider le contenu d'une bouteille en arborant un air mauvais de nature à décourager n'importe qui de l'approcher.
L'assassin et la seija de nouveau invisible descendirent à leur tour quelques minutes plus tard, apparemment calme et quittèrent l'établissement sans tenter le moindre mouvement de réconciliation.
Il resta accoudé un long moment, le temps de finir sa boisson, puis sortant en rabattant sa capuche et s'apprêta à tourner au coin de la rue pour regagner la caserne. Il ne vit pas la silhouette tapie dans l'obscurité, qui, dague à la main, bondit sur lui avec célérité. Avant qu’il ait pu faire un geste, elle l’avait frappé à violemment l'abdomen.
- Comme on se retrouve... Tu fais moins le malin maintenant, hein sale bâtard ? fit la voix de son agresseur en qui il reconnut l'elfe blond qu’il avait à moitié castré quelque temps plus tôt.
Ankth’yor s'affaissa doucement contre le mur, très gravement touché, tandis que plusieurs voix ricanantes rejoignaient la première. Il fut roué de coups de pieds un bon moment avant que l'un de ses bourreaux ne lance :
- Une patrouille ! Filons !
Un bruit de course, puis tout redevint silencieux, jusqu'à ce qu'une multitude de pieds bottés s'immobilise à côté de lui.
- Qui c’est ?
Une voix bourrue. Quelqu'un s'approcha.
- J'en sais rien, répondit celui qui se trouvait près de lui.
- Il a l'air dans un sale état, remarqua un troisième soldat.
- Et alors ? rétorqua le premier. C'est pas notre problème. On a mieux à faire. Allons-y.
Sur ces mots, le petit groupe s'éloigna sans plus lui accorder le moindre regard. En constatant cette attitude, Ankth’yor sentit la colère le gagner. Quand il irait mieux, ces hommes entendraient parler de lui. Quand il irait mieux... Cette idée lui paraissait en cet instant si lointaine, si abstraite en regard de la douleur cuisante qui lui fouaillait les entrailles... Il sentait la vie s'échapper de son corps meurtri, impuissant à l'en empêcher. Cette situation accentua encore son ire. Il détestait ça. Se sentant soudain vide, il ferma les yeux. Une pensée. Une seule. Thorus…



Tyra se trouvait presque arrivée chez elle, lorsqu’un étrange bourdonnement s'éleva non loin d'elle. Cherchant à repérer sa provenance, la jeune femme regarda autour d'elle, mais il n'y avait rien. Pourtant, pour le bruit était bel et bien là. Elle prit alors conscience qu'il émanait de la dague qu’il lui avait offerte. Curieuse, l’assassin la dégaina. Cette arme repérait-elle les ennemis par ce moyen ? Afin de s'en assurer, elle passa plusieurs minutes à parcourir les rues environnantes sans rien noter d'étrange à part une légère accentuation du son. Intriguée, elle remonta l'une d'elles, puis bifurqua, guidée par l'arme magique qui semblait fonctionner comme un sort de détection. Mais de détection de quoi ? Une rue, puis une autre. Elle se rapprochait de la taverne quittée plus tôt. Se pourrait-il que… Elle tourna le coin de la rue. Il était là. Gisant dans une mare de sang.
- Ankth’yor ! s'exclama-t-elle en se précipitant, avant de s'agenouiller à côté de lui.
Mais il n'était plus conscient depuis de longues minutes déjà. La jeune femme aurait voulu ne pas. se préoccuper de son sort, mais ne le pouvait pas. Tout assassin qu'elle était, elle n'était ni insensible ni dépourvue de cœur. Elle ne paniqua pas. Ce n'était pas son genre. Mais elle se demandait quoi faire. Soudain, une forte odeur animale assaillit ses narines, tandis qu’un renâclement peu engageant se faisait entendre. Elle se retourna. Un cheval ! La jeune femme se releva à la vitesse de l'éclair et recula de trois bons mètres. Elle détestait ces sales bêtes ! Que faisait-il là ? Elle fixait l’équidé de l'air effrayé d'une nitie prise au piège par un chasseur, quand elle nota sa robe noire comme la nuit. Elle comprit. Il s'agissait de sa monture. S'approchant de son maître, le destrier lui donna quelques coups de museau et, dans un bref sursaut de conscience, le demi-elfe noir entrouvrit les yeux, juste le temps de murmurer un mot :
- Thorus…
Tandis qu’il perdait de nouveau conscience, elle réalisa qu'il s'agissait du nom de l'animal. Jetant un coup d'œil à son amant, elle comprit que le temps pressait. Elle devait faire vite si elle voulait qu'il vive. Vainquant sa répulsion ainsi que sa crainte, elle s'approcha doucement du quadrupède et murmura d'une voix un peu tremblante :
- Je veux juste aider ton maître, sois gentil s'il te plaît...
Elle décala légèrement Ankth’yor pour l’attraper sous les bras, avant de le tirer jusqu'à l'animal, le visage crispé et les muscles tendus par l'effort. Il n'en avait pas l'air, mais il pesait son poids ! Et encore, il n'était pas en armure !
Le cheval dût comprendre son intention, car il se coucha de lui-même comme pour lui faciliter la tâche. Étonnée, elle marqua un léger temps d'arrêt, puis entreprit de le hisser sur la selle. Lorsque ce fut fait, le destrier se releva et la jeune femme rabattit la capuche du demi-elfe noir pour dissimuler son visage le temps du trajet, respectant ainsi l'anonymat qu'il appréciait. Sans qu'elle ait fait le moindre geste pour le guider, Thorus se mit ensuite à trotter en direction de la caserne. Elle le suivit. Quelques minutes plus tard, tous deux arrivaient sur place.
- Appelez l'aide de camp du général, demanda-t-elle à la sentinelle de garde. Dites-lui que c'est une question de vie ou de mort.
- Oui madame, fit l'homme en blêmissant.
Il s'éloigna en courant, puis revint bientôt, accompagné de l'humain brun. En voyant la monture porter son cavalier inerte sur sa selle, ce dernier réalisa la gravité de la situation et se dépêcha de les laisser entrer.
- Que s'est-il passé ?
- Aucune idée. Je l'ai trouvé dans cet état.
- Merci de l'avoir ramené.
- De rien. Comment vas-tu le soigner ?
- Je vais appeler un guérisseur, répondit le jeune homme sans relever le tutoiement.
- Alors fais vite, sinon il va y rester.
Il suait à grosses gouttes. La fièvre le dévorait sans répit depuis maintenant plus de deux jours et Tyra n'avait pas quitté son chevet. Elle trempa un linge dans une petite vasque, l’essora, puis le reposa sur son front brûlant.
- Vous devriez vous reposer, fit remarquer une voix.
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:44

Elle tourna la tête vers celui qui venait de parler. William Daguert, l'aide de camp humain d’Ankth’yor. La jeune femme secoua la tête.
- Ca va très bien.
- Pourquoi faites-vous ça ? questionna alors l'humain.
- Je n'en sais rien moi-même à vrai dire... murmura-t-elle en réponse. Une intuition. Mon instinct me souffle que je ne peux pas le laisser dans cet état.
- Je croyais que les elfes méprisaient les sang-mêlés...
- Les autres, je n'en sais rien. Je m'en fiche même éperdument. Ces considérations raciales sont ridicules à mon sens. La valeur de quelqu'un ne se mesure pas à son aspect physique.
C’était d’autant plus vrai qu’elle-même n’était pas elfe à cent pour cent, bien que cela ne se remarque pas.
- Je pense comme vous, dame. Pourquoi un elfe ou un humain serait-il spécifiquement supérieur à un demi-elfe ou toute autre race ? C'est une croyance erronée.
Avec une surprise qu'elle ne montra pas, elle nota l'emploi du respectueux « dame ». Nul ne s'était jamais adressé à elle de cette façon. Elle trouvait cela étrange.
- Pourquoi lui es-tu attaché à ce point ? interroge-t-elle à son tour, intriguée par les manières paisibles ainsi que par la façon de penser de son interlocuteur.
- Parce qu'il s'est hissé à ce poste envié par son seul mérite. Parce que malgré ce qu’il a subi à cause de son ascendance, il est resté juste et à l'écoute des autres sans laisser ses sentiments personnels interférer. Parce que j'admire la valeur où qu'elle se trouve et qu'elle est omniprésente en lui. Cette réponse vous convient-elle, dame ?
Elle hocha la tête.
- J'admire ta loyauté.
Le silence s'installant, elle changea de nouveau la compresse sur le front du demi-elfe. Elle était contente qu’Ankth’yor puisse compter sur quelqu'un comme lui.
- Vous êtes quelqu'un d'étonnant, dame, déclara-t-il encore avant de quitter la pièce pour vaquer à ses occupations.



La fièvre était tombée. Enfin. Ankylosée par une longue faction statique, Tyra se leva, puis s'étira longuement comme une seija. Soudain, la porte s'ouvrit brusquement et William entra comme un ouragan.
- L'Empereur arrive ! Il sera là dans quelques minutes ! Il ne doit surtout pas vous trouver ici ! s'exclama l'humain.
- Mais… chercha-t-elle à protester, ne comprenant pas la raison de cette hâte.
- Je vous en prie, dame, sauvez-vous vite !
Elle se leva, enfila sa cape dont elle rabattit la capuche, puis se faufila dans le dédale de couloirs. Elle retrouva sans peine la buanderie désaffectée, ainsi que la petite fenêtre par lequel elle s'était déjà glissée, puis gagna la cour. Elle se dirigea vers le mur d'enceinte, qu'elle escalada agilement avant de se laisser retomber de l'autre côté en ployant largement les genoux. Sur le chemin menant à sa demeure, elle ne put s'empêcher de s'interroger sur la raison de cette demande pressante. Pourquoi l'Empereur ne devait-il pas la trouver à son chevet ?

~~~~~~~~~~~~~

Depuis quelques jours, elle ne dormait plus. Ou presque. Une chose l’obsédait presque autant que l’horreur des meurtres. Une seule chose l’empêchait de trouver le repos : réussir l’exercice imposé par Alrayan. Lui prouver qu’elle était capable de le faire, qu’elle n’était pas faible. Aussi, chaque fois qu’elle avait un peu de liberté et presque chaque nuit, elle retournait à la salle d'entraînement et s’acharnait jusqu’à la limite de ses forces. Elle en était venue à considérer ce sac, qu’elle maudissait au départ, comme un allié de sa future réussite. Chaque pompe réussie au-delà de quinze était comme une petite victoire sur son corps et l’encourageait, comme l’encourageait l’idée d’un simple « bien » venant de lui. Nuit après nuit, heure après heure elle poursuivait l'exercice inlassablement. Peu importait la fatigue ou le manque de sommeil, Tyra n'était concentrée que sur son objectif. Et si Ectelius avait remarqué une baisse de régime ou d'attention durant leurs entrevues, il n'en fit jamais mention car elle s'attachait à se comporter exactement comme auparavant.
C'est pourquoi, le soir où Alrayan la convoqua, elle se sentait gonflée à bloc et emplie d'une énergie nouvelle . De celles que procure le sentiment d'avoir fait de son mieux et de s'en montrer satisfait. Elle état satisfaite de ce qu'elle avait accompli et espérait que ce serait également son cas.
Elle pénétra dans la pièce en tenant le sac en travers de son épaule, un petit sourire aux lèvres.
L'assassin, qui l'attendait, s'entraînait pour s'occuper. Parfaitement droit, il se tenait en équilibre sur les mains et, des sacs de sable pendant autour de sa taille, il descendait et remontait à intervalle régulier. L'effort faisait couler des gouttes de sueur le long de son dos nu tendu par l'effort.
Loin de s'attendre à cette vision de lui, Tyra resta la bouche stupidement bée, de l'admiration dans le regard. Elle le contempla un long moment, détaillant malgré elle les muscles bien découplés de son dos, de ses épaules et de ses bras.
- Bonsoir Alrayan, se décida-t-elle à le saluer lorsqu'elle eût suffisamment repris d'empire sur elle-même.
Le son de la voix de la jeune fille arrêta le mouvement de son professeur, qui redescendit au sol dans un mouvement fluide et élégant, sans effort visible.
- Bonsoir, la salua-t-il en retour.
A nouveau malgré elle, le regard de l'elfe se posa sur son torse duquel perlait également de la sueur et,pour tenter d'en détourner son attention, elle demanda en sentant le rouge lui monter aux joues :
- Tu... t'entrainais ?
Elle regretta immédiatement sa question. Evidemment qu'il s'entrainait. Que pensait-elle ? Qu'il disputait une partie d'échecs ? Comme elle l'imaginait, la répartie ne se fit pas attendre.
- Dois-je réellement répondre à cette question ? demanda-t-il, ironique, en haussant un sourcil.
Tout en parlant, il déboucla la ceinture de laquelle pendait les trois sacs de sable, la déposa plus loin puis attrapa une serviette pour s'essuyer.
- Non...
C'était finement joué ça... A présent, il la prenait vraiment pour une idiote...
Totalement perturbée et le cœur battant la chamade, la jeune fille se força à relever les yeux pour regarder son visage. déglutit péniblement et s'obligea à parler pour essayer d'oublier.
- j'ai... je suis... prête.
- A la bonne heure, fit-il simplement en rebouclant sa ceinture ordinaire avant de remettre sa tunique et de se tournant vers elle. Tu t'es échauffée ?
- Pas... pas encore, répondit Tyra, soulagée qu'il se soit rhabillée car elle commençait à se déconcentrer un peu trop à son goût.
Malgré la difficulté qu'elle approuvait à chasser de son esprit cette image de lui, elle commença à s'étirer et s'arrêta après une dizaine de minutes.
- Bien. Quinze pompes avec le sac sur le dos, donc, ordonna-t-il en s'asseyant en tailleur.
Souriant intérieurement en imaginant son étonnement, l'elfe se contenta de hocher la tête et se mit en position, parvenant rapidement et sans trop de mal jusqu'aux quinze pompes demandées.
- Tu t'es entraînée ? questionna l'assassin en arquant un sourcil.
- Oui.
- C'est une agréable surprise.
Elle avait réussi ! Parvenir à surprendre ce roc ordinairement indéchiffrable était une première victoire sur la mauvaise opinion qu'il avait d'elle. Tyra était ravie.
- j'avais décidé d'y arriver.
La déclaration amena un petit sourire sur les lèvres d'Alrayan. Le premier qu'il lui offrait depuis qu'elle le connaissait. Elle sentit son cœur accélérer ses battements une nouvelle fois.
- On va pouvoir augmenter la dose. Tu pense pouvoir tenir jusqu'à combien ?
- je ne le saurais qu'en essayant, dit modestement l'apprentie.
- Alors en avant, dit-il en l'observant avec une attention nouvelle.
Se remettant en position, elle reprit l'exercice à zéro. Ayant réussi à aller jusqu'à quarante avant de faiblir nettement, elle s'en savait donc tout à fait capable. Pourtant, parvenue à ce stade, elle sentit ses bras commencer à faiblir mais décida de ne pas en tenir compte et poursuivit avec acharnement jusqu'à cinquante. Là, au lieu de s'écrouler, elle roula sur le dos, calant sa respiration pour atténuer son essoufflement tandis que, silencieux, son professeur l'observait. Ayant retrouvé un souffle normal, Tyra se redressa et passa quelques instants à observer ses cheveux, se perdant dans la calme immensité de son regard gris.
- Verdict ? se décida-t-elle à demander.
- C'est beaucoup mieux.
- Quelle est la suite du programme ? demanda-t-elle en souriant de nouveau.
- Tu recommence jusqu'à en tomber de fatigue, répliqua-t-ll dans un sourire carnassier.
Cette réponse fit éclater la jeune fille de rire.
- je ne sais pas pourquoi mais j'aurais juré que tu me dirais ça.
- Il est nécessaire que tu ais la même endurance qu'un homme, expliqua ensuite Alrayan en reprenant son sérieux. Ectelius a tord de t'entraîner comme une femme. Il baisse tes critères.
- je n'ai pas l'impression qu'il... calibre mes entraînements en fonction de ça, rétorqua l'elfe, surprise.
- Ectelius n'a toujours eu que des apprenties féminines. Il est bien mal qualifié pour juger.
De nouveau l'étonnement se peignit sur les traits de l'apprentie.
- Que des filles ? Pas un seul garçon ?
- A part moi. Mais c'est différent.
Notant ces informations dans un coin de sa tête au cas où, elle reprit ensuite, contente de pouvoir discuter un peu avec lui pour une fois :
- Et donc selon toi... il ne fait pas ce qu'il faut avec moi ?
- Non, répondit-il sans s'embarrasser de fioritures. Il n'est pas assez objectif, et trop exclusif.
- Exclusif ? Qu'est ce que tu veux dire par là ?
- Il pense trop à toi. Il ne prend pas de comparaison et ça lui enlève une grande part d'objectivité dans son jugement.
- Alors tu va... hum... palier à ces insuffisances ? questionna-t-elle encore en le fixant.
- Je vais faire ce qui me semble le mieux pour toi, rectifia-t-il d'un ton neutre.
Réalisant grâce à cette phrase qu'il la jugeait donc digne d'intérêt, elle sourit en coin.
- je ne suis plus un... « chien savant » ?
- On va voir comment tu évolue.
L'elfe s'apprêtait à demander si elle était la première élève de son frère à qui il accorde un semblant d'attention, mais elle se ravisa. Il n'apprécierait pas la question et cela briserait ce fil ténu de relation qui s'ébauchait entre eux, ce qui était inutile. Jugeant plus sage de revenir sur un sujet moins glissant, elle reprit :
- Donc... jusqu'à ce que je tombe de fatigue hein ? Par curiosité... jusqu'à combien est capable de tenir un homme ?
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MessageSujet: Re: Chapitre 4 : Premiers sangs   Chapitre 4 : Premiers sangs Icon_minitimeJeu 18 Déc - 1:44

- Ca fait longtemps que j'ai cessé de compter. Et je tiens jusqu'à quatre-vingt kilos sur le dos.
Grimaçant, la jeune fille se remit en position sans rien ajouter et reprit de nouveau l'exercice à zéro sans broncher. A soixante-cinq, elle sentit ses bras trembler. A soixante-quinze, elle se crût prête à se rendre, mais, grâce à sa volonté, parvint à ne craquer qu'à quatre-vingt. Comprenant qu'elle n'arriverait pas à ce qu'elle s'était fixé, elle donna un coup de poing sur le sol pour marquer sacolère, s'écorchant la main sans y prêter la moindre attention.
- Je n'y arrive pas... pas plus de quatre-vingt... avoua l'elfe entre ses dents qu'elle serrait tellement qu'elle a avait mal à la mâchoire.
- Alors entraîne toi, laissa-t-il tomber, impassible.
- C'est bien mon intention...
Elle lui prouverait qu'elle pouvait y arriver ! Et sa surprise de tout à l'heure ne serait rien ! Il verrait ! Se relevant avec souplesse malgré sa fatigue, elle décida de dénouer ses muscles et, grimpant jusqu'à la première poutre, se hissa jusqu'au sommet en quelques minutes à la force des bras.
- Je peux savoir ce que tu fais ? questionna l'assassin en levant la tête, sourcil arqué.
- je m'amuse, répondit-elle dans un sourire en coin.
Elle s'octroya le luxe de le fixer de son promontoire, puis redescendit rapidement jusqu'à la première poutre, avant de sauter et d'atterrir en roulade, puis de se relever.
- Et ça me détend les muscles, ajouta-t-elle lorsqu'elle fut revenue devant lui.
- Tu te sens capable de porter plus de poids ?
- On peut toujours essayer
Dans un sourire carnassier, Alrayan alla récupérer un de ses sacs de sable tandis que, souriant gracieusement, elle le traitait intérieurement de sadique.
- Allez, en position, ordonna-t-il de nouveau en ajoutant cinq kilos de sable sur son dos.
Le poids supplémentaire sur son dos frêle coupa presque le souffle de l'apprentie, qui inspira longuement pour réguler sa respiration. Elle commença ensuite l'exercice, à une vitesse nettement inférieure, mais parvint tout de même jusqu'à quinze avant de capituler.
- C'est pas mal, jugea-t-il en levant un sourcil. Tu as quand même tenu jusqu'à quinze.
- C'est grâce... à l'entraînement avec l'autre sac, expliqua Tyra en tâchant dereprendre son souffle.
- Tu aimerais peut-être changer un peu d'exercice ?
- C'est une bonne idée, approuva-t-elle. Que proposes-tu ?
Elle était fatiguée mais ne l'aurait avoué pour rien au monde.
- Des enchaînements gymniques, ça te va ?
- Parfait.
- Ectelius ou Praven t'ont-ils appris à développer ta souplesse sur des agrès ou au sol ?
- Praven certainement pas. Pour lui une seule chose comptait : la force physique brute. Quand à ectelius... il n'a pas encore abordé la question.
- Rassure-moi, tu sais quand même te tenir en équilibre ?
- Oui. J'ai appris des choses par moi-même. je n'ai pas tout attendu d'eux.
- Bonne initiative, approuva-t-il dans un second léger sourire qui fit battre le coeur de la jeune fille. Montre-moi ce que tu sais faire.
Concentrée, elle exécuta donc un équilibre parfait, puis une roue, une roulade et un pont, le tout avec grâce et souplesse.
- Sais-tu faire quelque chose de plus compliqué ?
Des actes valant mieux que des paroles, elle descendit en grand écart, se rétablit souplement, puis le regarda.
- Tu es souple, c'est déjà bien. Mais saurais-tu faire cela, par exemple ?
Joignant le geste à la parole, il recula puis prit un peu d'élan et enchaîna une rondade, un flip, puis deux et un salto arrière, avant de se réceptionner sur les mains, de bondir en arrière. Il exécuta ensuite un autre salto bras écartés et atterrit en souplesse sur ses deux pieds. Le tout n'avait pris que quelques instants et avait été fait à la perfection.
Tout en le suivant du regard, une fois de plus ébahie par sa maîtrise, Tyra ne put empêcher ses pensées de suivre un drôle de cheminement. Faire de tels exercices à une telle vitesse devait le faire transpirer... Ce qui signifiait que la sueur devait couler sur son torse musclé... Troublée par cette simple idée, elle secoua la tête pour revenir à la réalité tout en sentant une rougeur envahir ses pommettes. Elle devait se concentrer.
- Heu... je ne pense pas, finit-elle par répondre au bout d'un temps qui lui sembla infini. Mais je sais faire ça.
Chassant rapidement de son esprit l'image d'un Alrayan torse nu dégoulinant de sueur, l'apprentie exécuta rapidement une longue série de rondades parfaites.
- Pas mal, commenta-t-il en arquant un sourcil appréciateur. Et combien de temps tiens tu en équilibre ?
- je ne sais pas au juste. je n'ai jamais compté.
- Bien. Alors suis-moi.
Il se dirigea vers une barre fixe placée un peu plus loin.
- Suspend toi là haut, ordonna-t-il en la désignant.
Levant la tête, elle observa la barre métallique et se retint d'objecter qu'elle n'était pas assez grande. Elle se mit donc à sauter pour tenter de l'atteindre en ayant tout à fait conscience que ça la rendait ridicule et que ça ne lui vaudrait pas de nouveaux regards appréciateurs.
Ces efforts désespérés firent soupirer Alrayan.
- Combien mesures-tu, Tyra ?
- A ma connaissance... 1,70m pour le moment.
- Et sauter cinquante centimètres est déjà infaisable pour toi ?
- Je n'ai pas l'habitude de sauter dans cette direction. D'habitude, c'est vers le bas que je saute.
- Et bien... Je comprends mieux pourquoi l'excercice des poutres était compliqué pour toi...
La jeune fille serra les dents et continua à essayer d'atteindre la barre.
- je te signale... que je l'ai réussi... l'exercices des poutres... tu l'as bien... vu tout à l'heure... non ? articula-t-elle entre ses dents entre deux sauts.
- Ce n'est pas suffisant, asséna-t-il, impacable.
Évidemment, qu'espérait-elle ? Des compliments ? Se ramassant soudain sur elle même, elle bondit littéralement et parvint à crochetter la barre au passage.
- Et bien voilà.
Tyra retint un soupir. jamais elle n'arriverait à lui décrocher un vrai compliment. Elle commençait à craindre qu'il ne soit jamais satisfait quoi qu'elle fasse...
- Et maintenant, un exercice que tu vas adorer... les tractions, déclara-t-il dans un nouveau petit sourire.
- Quoi ?
Elle sentait déjà ses bras crier grâce. Elle savait donc très bien qu'elle n'arriverait pas au bout de l'exercice après les pompes et les poutres. Et elle était persuadée qu'il le savait aussi. Pourtant...
- Deux séries de dix. Allez !
Un mot se forma dans sa tête en l'entendant : tyran. Mais elle essaya quand même car elle tenait à lui prouver que, malgré sa fatigue, elle n'était pas une chiffe molle. Elle en exécuta une assez facilement, puis une deuxième un peu plus péniblement et si la troisième fut ardue, l'elfe lâcha carrément prise à la quatrième.
N'étant pas un monstre, l'assassin se décala pour la ratrapper.
Mécontente contre son corps qui venait de la trahir, elle expliqua :
- Mes bras... ne me portent plus.
Mais elle n'était pas assez épuisée pour ne pas se sentir troublée des bras qui entouraient sa taille.
- Ca ira pour ce soir, sinon tu ne tiendras pas demain, déclara-t-il en la déposant au sol.
- De... Demain ? releva-t-elle, le coeur battant d'un fol espoir totalement stupide.
- Avec Ectelius, précisa-t-il en la regardant étrangement.
- Ah... Oui... Bien sûr... fit-elle, déçue sans savoir pourquoi.
- Bien. Bonne soirée Tyra.
Notant malgré elle qu'il venait d'employer son prénom pour la première fois,elle s'en sentit bêtement ravie.
- A toi aussi Alrayan.

~~~~~~~~~~~~~

Elle pénétra dans la taverne, puis s’approcha du comptoir pour commander sa boisson habituelle, avant d’aller s’asseoir à une table en plein milieu de la pièce. Elle se sentait d’humeur badine ce soir et ne serait pas contre un peu de compagnie. Du regard, Tyra parcourut la pièce, détaillant les quelques clients attablés et, du regard, en chercha un qui pourrait lui convenir. Avisant alors un jeune homme roux assis plus loin, elle se dirigea vers lui. Le seul qui n’avait pas suivi du regard le moindre de ses gestes. Parfait. Elle s’approcha, prenant place face à lui avec son sans-gêne habituel.
- Bonsoir mon joli, lança-t-elle dans un sourire charmeur.
L’humain la fixa d’un air surpris.
- Heu… bonsoir. Je peux vous aider ?
Un innocent… comme c’était mignon…
- C’est bien possible… Tu vas peut-être pouvoir répondre à une question.
- Laquelle ?
- Pourquoi es-tu le seul à ne pas m’avoir fixée ?
Le garçon, qui buvait une gorgée de bière, s’étrangla à moitié avec et la jeune femme dût lui taper fermement trois fois dans le dos.
- Je… vous demande pardon ? fit-il d’une voix légèrement cassée lorsqu’il reprit son souffle.
- Je ne te plais donc pas ? reprit-elle en plongeant son regard dans le sien.
Des yeux améthyste… C’était la première fois qu’elle voyait un mâle possédant un regard de cette couleur inhabituelle. Elle avait donc bien fait de le choisir. Là se trouvait sa particularité. Elle sourit. Se renfonçant dans le siège, elle prit ensuite le temps de le détailler davantage. A première vue, il était relativement grand, bien bâti, musclé juste comme il fallait. Parfait. Elle aimait les hommes de cette sorte, quel que soit leur âge.
- Je… ne sais pas, répondit-il, pris de court.
Étant donné ses réactions, c’était la première fois qu’une femme l’abordait de cette façon… ou l’abordait tout court. Il fallait qu’elle sache. Elle se leva donc puis tourna lentement sur elle-même afin qu’il ait une vue imprenable sur l’ensemble de ses courbes.
- Je… Si, vous… êtes très belle… mais… bafouilla-t-il en rougissant, avant de détourner la tête.
Son attitude timide et empruntée confirma ce qu’elle pensait. Un puceau. Merveilleux… Voilà bien longtemps que cela ne lui était plus arrivé. D’une main, elle lui attrapa doucement le menton pour le forcer à la regarder, alors que son sourire se faisait enjôleur.
- Alors, où est le problème ? demanda-t-elle d’une voix de miel qu’elle savait irrésistible.
Le jeune homme déglutit péniblement.
- Je ne…
- Je sais, le coupa-t-elle doucement, sachant très bien ce qu’il s’apprêtait à dire. Je peux t’apprendre si tu le souhaite.
- Mais je n’ai pas assez de…
Elle comprit le sens de sa phrase sans qu’il l’achève et ses yeux lancèrent des éclairs.
- Je ne suis pas ce genre de femme, fit-elle durement.
- Je ne voulais pas insinuer… tenta de plaider le pauvre humain.
Tyra réfléchit. Si elle le braquait ou l’effrayait, elle pouvait dire adieu à son agréable soirée, elle s’adoucit donc et lui tendit la main.
- Viens…
Il hésita encore un moment, mais cette femme, cette elfe était si belle… Comment lui résister ? Il se leva pour la suivre.
Tous deux gravirent l’escalier, puis elle le fit entrer dans la chambre, avant de refermer la porte derrière elle en tentant d’oublier de quelle pièce il s’agissait. De toute façon, c’était la seule que possédaient les lieux. Elle s’approcha de lui sans le quitter du regard. Tandis qu’elle l’observait, un visage se superposa au sien. Un visage à la peau mate, aux yeux dorés, couronné de magnifiques cheveux argentés coupés courts… Son visage. Elle réprima une grimace.
Fiche-moi la paix ! songea-t-elle, avant de se serrer contre le jeune homme et de poser ses lèvres sur les siennes.
Il la prit alors par la taille, répondant maladroitement au baiser. Le souvenir d’une bouche ardente, passionnée et surtout experte, refit alors surface, ternissant immédiatement cette timide ébauche de relation. Agacée, elle se détacha de lui pour se diriger vers la fenêtre, laissant le rouquin au milieu de la pièce.
- Qu’est ce que j’ai… commença-t-il, un peu refroidi.
- Va-t-en… murmura-t-elle alors sans le regarder, un poing posé sur le mur, les yeux fixés sur l’extérieur.
- Quoi ? fit-il, stupéfait par son revirement.
- Va-t-en ! s’exclama-t-elle alors en se retournant.
Elle ne semblait pas être de ceux qu’on contredisait sans risque, aussi le garçon n’hésita-t-il pas. Il fonça vers la porte qu’il claqua derrière lui.
Restée seule, l’assassin donna un grand coup de poing dans le mur sur lequel elle s’appuyait. Maudit soit-il ! Quinze jours ! Quinze jours qu’elle ne l’avait pas vu et malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à se le sortir de la tête assez longtemps pour avoir une relation avec un autre !
A son tour, elle quitta l’endroit en claquant la porte, puis regagna la pièce principale où elle commanda une pleine bouteille de la boisson la plus forte qui existait en Sayanë : l’alcool de Rayazen. Une plante dont le suc pouvait se révéler hautement toxique pour ne pas dire mortel, s’il n’était pas correctement distillé. L’air sombre, elle s’empara du contenant, avant de s’asseoir dans le fond pour commencer à boire le liquide à grands traits, capuche rabattue sur le visage. Peut-être que tomber ivre morte lui ferait oublier ce damné général l’espace d’un moment.
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Chapitre 4 : Premiers sangs
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