Profession, assassin
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 Chapitre 7 : Une explication s'impose

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Chapitre 7 : Une explication s'impose   Chapitre 7 : Une explication s'impose Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:16

Resté seul, Adanën alla machinalement refermer la porte et demeura un instant à fixer le battant de bois, les yeux dans le vague. Il la savait ombrageuse, mais ne pensait pas qu'elle prendrait la « nouvelle » aussi mal. Un soupir lassé échappa à l’ombrian et il secoua la tête. Après ce clash, il pressentait que les prochaines heures, voir les prochains jours allaient se révéler plus que pénibles, aussi bien pour lui que pour elle. Cependant il ne pouvait pas se permettre de renoncer. Il avait donné sa parole à Kardan. Il ferait de Tyra une ombrian, quoi qu'il lui en coûte.
Se détournant, il se dirigea vers la bibliothèque et y saisit un volume qu'il entreprit de feuilleter sans réellement voir les pages. Après quelques secondes, il le referma dans un claquement sec, incapable de se concentrer sur sa lecture. Ses pensées dérivaient sans cesse vers la jeune femme dont il craignait une action impulsive due à son caractère aussi emporté qu'imprévisible. Il la savait capable de tout et surtout du pire, d'autant plus qu'elle avait abandonné son impassibilité pour une véritable colère. Mais il ne pouvait rien faire pour le moment. Il fallait lui laisser le temps de se calmer. Si du moins il s'agissait là d'une chose possible.



Le lendemain matin, lorsqu'il se rendit à l'auberge et qu'il la trouva vide à l'exception de deux ou trois paysans désœuvrés, il ne fut donc pas étonné. Il ne doutait pas qu'elle n'avait désormais plus aucune envie de se retrouver en sa compagnie. Il la connaissait désormais suffisamment pour deviner qu'elle préférerait mourir plutôt que faire face à ce qu'elle considérait certainement comme la honte suprême. Pourtant... Soupirant, il passa de nouveau la porte en sens inverse et prit la direction de la demeure de sa compatriote.
La pluie qui s'était remise à tomber le trempa en un instant mais il n'y prit pas garde et poursuivit sa route. Une fois là, il frappa à la porte. Les habitants de Llinmaï se trouvant cloîtrés chez eux par le mauvais temps persistant, le silence qui planait dans les rues était tel que l'elfe pouvait entendre très distinctement le doux son des gouttes de pluie qui s'écrasaient sur le sol de terre battue, ainsi que celui, plus ténu, de sa respiration. Après quelques instants supplémentaires, il finit par tourner la poignée et entra dans la pièce principale en s'attendant à se faire invectiver... mais l'endroit était vide. Surpris, il s'aventura plus loin dans la petite maison, mais il était seul. Aucune trace de Tyra. Où avait-elle bien pu passer... encore ? Pourvu qu'elle n'ait pas recommencé sa sottise précédente... N'ayant plus rien à faire à cet endroit, Adanën quitta la bicoque à la recherche de l'insaisissable jeune femme. Lorsqu'il l'aurait retrouvée, une franche explication s'imposerait. Ils devaient garder des relations saines. En fait, ils devaient même conserver des relations tout court.



Arpentant les rues, il se dirigea vers la taverne dans laquelle il l'avait trouvée si peu de temps avant. Celle où tout avait commencé. Il y pénétra et parcourut la grande salle du regard à sa recherche. Mais bien évidemment, l'elfe ne se trouvait pas où il l'aurait pensé. Tout en réfléchissant, Adanën rebroussa chemin. Où aurait pu trouver refuge une jeune femme furieuse ? L'espace d'un instant, il songea à la vieille tour nichée dans la forêt, avant de rejeter cette hypothèse. Elle devait savoir qu'il s'agissait du premier endroit auquel il penserait, sa maison mise à part. Un nouveau soupir lui échappa, plus bruyant que les autres. C'était peine perdue. Elle avait tellement l'habitude de se fondre dans le décor, de passer inaperçue, d'être une ombre, que même lui ne la retrouverait pas si elle en avait décidé autrement. Ce qui était manifestement le cas.
Il avait comprit que malgré sa morgue, sa virulence et la mauvaise volonté qu'elle mettait parfois, elle appréciait l'intensité de leur relation ainsi que leurs discutions. Il lui suffisait donc d'attendre qu'elle revienne. Ce qu'elle finirait très certainement par faire. Il lui suffisait donc d'être patient.



Totalement immergée dans le bassin creusé par l'érosion, Tyra tentait depuis des heures de se calmer, mais même la fraîcheur de l'onde claire ne parvenait pas à l'apaiser totalement. Inspirer, bloquer sa respiration, expirer. Se forcer à le faire lentement et profondément pour influer sur ses nerfs mis à rude épreuve. Ne pas penser. Ou du moins pas à lui. Le chasser de ses pensées, de son esprit. Elle ferma les yeux, écoutant le doux chant de la rivière sans plus songer à rien.



Malgré sa résolution de la laisser revenir à lui, Adanën n'avait pas tardé à s'inquiéter pour la jeune femme. Son esprit avait passé en revue, pour au moins la dixième fois, la liste des endroits possibles. Soudain, une idée lui vint. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ? C'était tellement évident ! Aussi vite que possible, il se rua vers la sortie de la ville, courant vers la forêt de Talann. Regrettant soudain de ne posséder aucun pouvoir magique qui lui aurait permis de la repérer, l'ombrian arpenta longuement la forêt, passant par des endroits sombres autant que par des trouées dans lesquelles le soleil perçait enfin après ces dernières heures pluvieuses. Après un long moment de recherches intensives, il parvint à la rivière. Le soleil face à lui l’empêchant de voir correctement, l’elfe porta la main à ses yeux en visière et une tache sombre dérivant sur l’onde claire l’informa qu’il venait de la retrouver.
D’un pas alerte et décidé, il s’approcha… avant de se figer à quelques mètres d’elle, interdit.
La jeune femme, totalement nue et immergée dans une vasque naturelle, semblait dormir. La sérénité de ses traits ainsi que la perfection de son corps le stupéfièrent. Le souffle soudain court, il la buvait littéralement du regard, incapable de regarder ailleurs. Jusqu’à présent, concentré sur l'enseignement de ses connaissances, il ne s’était pas encore réellement aperçu de sa beauté, de la sensualité animale qui émanait d’elle. L'ombrian déglutit péniblement tandis qu’une intense chaleur s’emparait de son être. Comment, désormais, allait-il pouvoir se comporter comme avant avec elle ? Son image se trouvait comme imprimée sur sa rétine, de sorte que même s’il fermait les yeux, il continuait à voir sa plastique parfaite. Lui d’ordinaire si stoïque prouvait ainsi qu’il n’était qu’un homme et il n’était pas certain d’apprécier de se retrouver rattrapé par la réalité dans cette circonstance.



Perturbée par la sensation désagréable d’être observée, la jeune femme rouvrit les yeux et se redressa dans le bassin naturel, sa peau nue ruisselant de myriades de gouttelettes sur lequel le soleil venait jouer. Elle tourna la tête afin d’identifier l’intrus… et se figea à son tour en le découvrant. Lui ! Pourquoi fallait-il que ce soit précisément lui ?!
- Toi ! s’exclama-t-elle. Qu’est ce que tu fiches ici ?
Il fallut à Adanën quelques secondes avant de réaliser qu’elle l’avait repéré et quelques-unes supplémentaires pour recomposer son habituel visage impassible… Une prouesse alors qu’il était intérieurement bouleversé de la voir ainsi.
- Je te cherchais.
- Pour quoi faire ? riposta-t-elle, peu amène. Il ne t’est pas venu à l’idée que je n’avais aucune envie de te voir ni de t’adresser la parole ?
Blam. Ça c’était fait. Il aurait dû se douter qu’elle réagirait ainsi.
- Je m’en doute, mentit-il effrontément, mais je pense qu’il faut que nous discutions Tyra.
- Il n’y a rien à discuter ! Rien tu m’entends ?! cracha-t-elle en se remettant debout.
Non ! Non ! Elle ne devait pas se… Trop tard. Avant même que l’elfe ait pu achever sa pensée, son interlocutrice s’était totalement levée. Le soleil qui filtrait à travers les branchages jetait des éclats dorés sur sa peau pâle, sublimée par l’eau qui ruisselait de son corps. On eut dit une déesse issue des flots. Adanën déglutit de nouveau. Il devait penser à autre chose et vite avant d’avoir un problème visible. Après tout il n’était pas de bois.
- Tyra, nous ne pouvons pas continuer comme ça, dit-il de nouveau d’une voix légèrement rauque. Toi me fuyant, moi te cherchant... Ce n’est pas ainsi que tu vas avancer sur la Voie.
A ces mots, la jeune femme étrécit les yeux.
- Tu n’as pas compris ? Il n’y a plus de Voie. C’est terminé.
- Tu renoncerais donc uniquement parce que tu n’es pas assez forte pour faire face à ce que tu éprouves ?
Ça c’était un coup bas. Très bas et indigne d’un ombrian. Avec quelqu’un d’autre, il n’aurait pas osé user d’un tel argument, mais, avec elle, c’était tout à fait différent.
- Tu me traites de faible ? fit-elle alors d’une voix sourde en le fixant d’un regard noir.
C’était le mot à ne pas utiliser avec elle, il le savait parfaitement ; pourtant piquer sa fierté lui semblait le meilleur moyen pour l’inciter à ne pas abandonner.
- Je dis juste qu’abandonner pour si peu ne te ressemble pas.
- Je ne suis pas faible, Adanën Saltaro ! Je t’interdis de penser le contraire !
La tête fièrement redressée, ses cheveux trempés plaqués sur son dos, ses fesses et ses cuisses, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration rendue légèrement accélérée par l’irritation, Tyra semblait être la vivante incarnation de l’indignation. Une incarnation de l’indignation intensément désirable. Une troisième fois, il avala sa salive en espérant ne pas avoir l’air aussi ébranlé qu’il l’était intérieurement.
- En ce cas, pourquoi fuis-tu à la première difficulté ? questionna-t-il en se demandant comment il parvenait à rester si calme.
Un juron coloré prononcé dans leur langue lui répondit, puis il y eut un silence et elle reprit :
- Et tu espérais quoi au juste après… cette histoire ?
- Tu vois, tu n’arrives même pas à prononcer les mots, constata-t-il.
De nouveau un silence. Il ne pensait tout de même pas qu’elle allait… Non il ne pouvait pas être assez naïf pour ça…
- Si c’est ce que tu espères, tu perds ton temps.
- Je n’attends de toi rien de la sorte. Seulement que tu honores ce à quoi tu t’es engagée. Ou bien ta parole n’a-t-elle plus de valeur depuis que tu n’es plus assassin ?
La réaction ne se fit pas attendre… mais ne fut pas exactement celle que l'ombrian imaginait. La peau déjà pâle de Tyra vira au livide et, dans le silence de cet endroit quasi paradisiaque, un son résonna soudain. Un claquement sec.
Ahuri, Adanën porta la main à sa joue sur laquelle la trace de la main de la jeune femme se dessinait très nettement.
- Je ne te permets pas de douter de mon honneur, cracha-t-elle entre ses dents serrées, tout en ramenant vers elle sa main droite.
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 7 : Une explication s'impose   Chapitre 7 : Une explication s'impose Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:16

Elle avait perdu son sang-froid et frappé quelqu’un. Ce n’était plus arrivé depuis qu’elle avait presque castré Ectelius des années auparavant. Brusquement calmée, elle se détourna et se dirigea vers ses affaires afin de se rhabiller. Il devenait urgent qu’elle cesse de le fréquenter avant de perdre définitivement tout contrôle sur elle-même.
- Tyra…
Son nom, murmuré dans un souffle aussi léger que le vent, sembla s’envoler. Elle se retourna malgré elle pour le dévisager, comme attirée par un lien invisible qui la relierait à lui. Autour d’eux, même le doux chant de la rivière semblait s’être assourdi et le chant des oiseaux s’être tu, comme une parenthèse hors du temps qui n’existerait que pour eux. Lui. Elle. Eux. La jeune femme inspira profondément comme une noyée qui revient à la vie, le regard toujours rivé sur lui. Elle n’avait pas eu le temps de se rhabiller, mais cela ne revêtait plus la moindre importance. En cet instant, plus rien n’existait pour elle que lui.
Elle. En cet instant il ne voyait plus qu’elle. Elle et ses traits sur lesquels la colère avait laissé place à quelque chose de bien plus doux. Perdu dans ses yeux glacier, il en oubliait presque sa tenue indécente. Il en occultait sa nudité, la gifle qu’elle venait de lui asséner et qu’il savait avoir méritée, son caractère emporté. Transporté par son regard, il ne savait plus qu’à peine ce qui l’avait amené à cet endroit précis. Après un temps qui sembla infini, il s’arracha à la fascination qu’elle exerçait sur lui et se souvint de la raison de sa présence.
- Veux-tu bien que nous discutions calmement ? S’il te plaît, demanda-t-il en s’asseyant à même le sol.
Il y eut un silence, profond comme une respiration, pendant lequel l’elfe se décida à remettre ses vêtements. Elle s’approcha ensuite et prit place face à lui sans rien dire. La voir de nouveau habillée fut pour l'ombrian un soulagement autant que le fut son mouvement. Au moins le dialogue n’était pas totalement fermé. C’était déjà ça. Le blanc s’intensifia, devenant presque pesant. Lourd de non-dits, de sous-entendus.
- Pourquoi refuses-tu de… commença-t-il avant de s’interrompre pour reprendre d’une autre façon : Les sentiments rendent vivant Tyra. Et tu n’es plus assassin.
L’elfe ne répondit pas, se contentant de le dévisager. Elle avait repris ce masque indéchiffrable propre à son ancienne profession et, dans son regard, il ne lisait plus rien de ce qui s’y trouvait quelques instants auparavant. En fait, il n’y lisait plus rien du tout. Un véritable néant. Comme s’il l’avait soudainement perdue. Il aurait encore préféré y discerner colère ou mépris.
- Tyra… Parle-moi…
Il avait la désagréable sensation de la supplier, mais la voir aussi stoïque était un véritable supplice.
- Que veux-tu m’entendre dire au juste ? finit-elle par demander.
Sa voix était si totalement neutre qu’elle résonna presque comme un glas aux oreilles de l’ombrian, lui transperçant le cœur et l’âme.
- Ne te referme pas… Exprime ce qui ne demande qu’à être dit.
Elle eut un ricanement méprisant que démentait son regard vide de toute expression.
- Que peux-tu bien en savoir ? questionna-t-elle de même. Tu lis en moi à présent ?
A son ton, on eut dit qu’elle n’éprouvait absolument rien pour lui et ce malgré son précédent aveu. Il devint évident pour l'ombrian, que son interlocutrice ne cèderait pas si facilement et qu’elle ne se libèrerait pas si vite du carcan que lui avait toujours imposé le Code des Assassins.
- Je n’ai jamais prétendu cela, répliqua-t-il de son habituel ton doux et calme.
- Alors ne me dicte pas ma conduite, répartit-elle sèchement.
L'ombrian ouvrit la bouche comme pour répondre, puis se ravisa. Poursuivre ne ferait que la braquer davantage et elle l’était déjà suffisamment comme ça.
- Tu es vraiment décidée à abandonner ? demanda-t-il encore en changeant légèrement de sujet.
- Mets-toi à ma place rien qu’une minute et tu comprendras.
Se mettre à sa place… Il n’en avait pas besoin, car ses propres émotions paraissaient être un parfait écho de celles de son interlocutrice. Comme s’il se regardait dans un miroir qui reflèterait l’âme en lieu et place de l’aspect physique. Il venait de réaliser…
- Je comprends… reprit-il d’un ton qu’il espérait neutre. Mais je te pense assez forte pour… disons… faire abstraction le temps de pouvoir prendre ton envol d'ombrian.
Ah ah ! Le ton avait changé ! Il passait d’un "tu es faible" à un "tu es assez forte pour". Ce genre de discours plaisait déjà beaucoup plus à Tyra, flattant son égo.
- Cela ne fait aucun doute ! fit-elle alors, bravache.
Le vide de son regard avait laissé place à un élan de fierté. Il avait l’impression de la retrouver, de ne plus parler à une étrangère et cela lui ôta le poids qui paraissait comprimer sa cage thoracique depuis le début de leur échange houleux.
Le vent secouant les branches alentour, semblait à ses oreilles aussi mélodieux que le son d’une harpe jouant dans le lointain. Il n’aurait jamais cru se trouver aussi soulagé et pourtant… Ses pensées revinrent au précédent sujet de leur conversation. Insister davantage ne servirait à rien pour le moment. Le mieux à faire était de détourner son attention. Du moins temporairement.
- Que dirais-tu d'un petit challenge ? demanda-t-il soudain.
Comme prévu, le terme attira l'attention de la jeune femme. Son regard glacier se posa sur lui, le dévisageant avec attention.
- De quelle sorte ?
De défi, elle n'avait plus eu l'occasion d'en relever depuis des années, alors cette perspective la réjouissait plus que des mots n'auraient su le dire. Une flamme d'intérêt s'alluma dans ses prunelles.
- Allons viens, lui dit-il.
Tous deux quittèrent l'endroit et s'engagèrent sur un petit sentier escarpé. Après un moment, ils parvinrent à un lieu où la poussière grège laissait place à une fine herbe d'un vert tendre invitant à la paresse à l'ombre d'un sonym centenaire. L'atmosphère était paisible et le chant des oiseaux résonnait en trilles joyeux depuis la cime des arbres.
Tyra inspira longuement. La sérénité des lieux l'emplissait à présent, remplaçant son mécontentement passé. Son silence dut être éloquent car la voix douce et grave d'Adanën se fit entendre.
- Tu aimes cet endroit.
Ce n'était pas une question, il n'y avait pas à s'y tromper. Comment les ombrians faisaient-ils pour réussir à lire aussi facilement les émotions des autres, pour en déduire leurs pensées ? Elle s'était très souvent dit que cette capacité tenait des pouvoirs de mages... et ce bien qu'elle sache parfaitement qu'aucun ombrian de sa connaissance n'en possédait les caractéristiques.
- Tant mieux si tu l'apprécies, reprit l'elfe, car tu vas devoir y demeurer un moment. Seule.
La stupéfaction se peignit sur les traits parfaits de la jeune femme. De quoi parlait-il ?
- Pardon ?
Il hocha la tête en guise de confirmation.
- Ton challenge, lui rappela-t-il
- Explique-toi, exigea alors Tyra.
L'ombrian lui indiqua de s'asseoir dans l'herbe, puis déclara :
- J'ai pu constater à l'auberge de Joline que le tact et la discrétion n'étaient pas ton fort.
Comme elle ouvrait la bouche pour protester, Saltaro y coupa court.
- Ne nie pas. Demander directement aux gens ce qu'ils pensent des assassins n'est pas exactement une preuve ne tact. Ni de discrétion.
- Ce sont mes méthodes, se renfrogna-t-elle, et je...
- Quoi qu'il en soit, reprit-il sans tenir compte d'une intervention qui les aurait menés à une nouvelle querelle, il te faudra rester ici jusqu'à ce que je te le dise. A toi de te fondre dans le décor de façon à ne troubler ni plante ni animal.
La consigne laissa l'elfe pantoise un instant.
- Et comment suis-je supposée m'y prendre ? questionna-t-elle d'un ton aigre, sa mauvaise humeur revenue.
- C'est à toi seule qu'il appartient de répondre à cette question, Tyra. Je te laisse à présent.
Sur ces mots, il s'éloigna sans se retourner, résistant à l'attraction quasi magnétique qu'elle exerçait sur lui.
Surprise par ce brusque départ, la jeune femme le suivit du regard jusqu'à ce qu'il soit hors de vue, sans vraiment réagir. Il y eût quelques instants de silence, puis elle explosa de fureur, hurlant brièvement son agacement de recevoir des ordres... avant de se souvenir que les arbres risquaient de prendre ça pour une agression.
Maudissant intérieurement cette stupide forêt qui l'empêchait d'agir comme bon lui semblait et Adanën, elle entreprit de se calmer. De toute façon, il était parti. Inutile donc de braver les végétaux. Il serait toujours temps de dire sa façon de penser à ce damné ombrian quand il reviendrait, Zeran savait quand.
Inspirer, expirer. Lentement. Se calmer à tout prix. Elle y parvint non sans mal après quelques minutes d'efforts et se laissa tomber sur l'herbe, puis regarda autour d'elle. Ne troubler ni plantes ni animaux ? Il en avait de bonnes... Un soupir lui échappa. De quoi se plaignait-elle en réalité ? Elle avait choisi cette nouvelle voie de son plein gré après tout. Alors il fallait faire avec et surtout donner son maximum comme elle l'avait toujours fait dans chacune de ses entreprises. N'ayant rien de mieux à faire, Tyra ferma les yeux et se concentra. Faisant appel aux lointains souvenirs de l'entraînement reçu dans son enfance, elle s'appliqua à caler sa respiration sur le souffle du vent. Bientôt, elle entendit avec plus d'acuité les moindres sons de son environnement immédiat : le vent jouant dans les feuillages et le chant mélodieux des oiseaux bien sûr ; mais aussi le léger frémissement d'un taillis dans lequel un animal se trouvait sûrement ; le léger tapotement des pattes d'un petit rongeur sur une branche ou celui d'un oiseau s'avançant sur le sol. L'elfe prit conscience de la présence silencieuse, à proximité, d'une nitie au pelage velouté et de celle, plus proche encore, de son mâle qui la surveillait. Elle perçut le grondement lointain de la rivière qui déroulait ses méandres non loin de là. Elle était si concentrée, qu'il lui semblait même entendre les lourdes pulsations du cœur des cervidés, mais la jeune femme savait que nul n'avait l'ouïe si fine, pas même une elfe aussi entraînée qu'elle. Elle déduisit donc qu'il s'agissait de son propre sang qui battait sourdement à ses tempes.
Soudain, la jeune femme se sentit mieux. Elle était apaisée, en harmonie avec le monde autour d'elle. Elle n'ignorait pas que « harmonie » était un maître mot pour les ombrians. Un mot qu'elle devrait à l'avenir faire sien, dans toute la plénitude du mot. Un ombrian était harmonie. Il était réflexion. Il était anticipation. Il était raison. Surtout pas impulsion ni passion. Du moins était-ce ce que Kardan avait tenté de lui faire comprendre à maintes reprises huit ans auparavant, ce à quoi elle avait refusé de se plier... ce à quoi elle devait se résoudre à présent que sa vie avait pris ce virage inattendu. A présent que, de nouveau, elle aimait un ombrian.
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MessageSujet: Re: Chapitre 7 : Une explication s'impose   Chapitre 7 : Une explication s'impose Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:16

Ne troubler ni plante ni animal… Telle une statue d'albâtre posée dans un océan de verdure, elle s'immobilisa totalement. Ne plus remuer, à peine respirer, c'était la clé de la fusion. Tyra le réalisait avec davantage d'acuité que dans son enfance.
Le temps sembla s'étirer en une infinité de filaments argentés durant chacun plus qu'une éternité, mais l'elfe n'y prit pas garde. Plus rien d'autre ne comptait, pour le moment, que cette symbiose qui commençait à s'opérer entre la nature environnante et elle. Cette sérénité qu'elle n'avait jamais ressentie jusqu'à maintenant, était-ce cela l'harmonie ? Il lui faudrait en parler à Adanën dès que possible.
Le léger tapotement sur le sol se rapprocha. Devinant un petit oiseau plus curieux que les autres, la jeune femme se garda bien de bouger, n'osant même pas ouvrir les yeux, de crainte de l'effaroucher. Elle ne tenait pas à entendre s'envoler le premier animal assez téméraire pour l'approcher.
Retenant presque son souffle, l'elfe sentit deux toutes petites pattes griffues sautiller sur sa jambe gauche, s'arrêter comme si leur possesseur réfléchissait, puis monter plus haut. Le picotement d'un bec minuscule sur le tissu collé à sa peau et plus rien. Tyra comprit qu'il s'était envolé malgré tout et, déçue, s'apprêtait à se relever, lorsque, de nouveau, la sensation revint. Sur son épaule cette fois. Et sur sa jambe gauche. Sur la droite. Sur sa tête... Abasourdie, elle réalisa que le courage de leur congénère avait amené les autres volatiles à l'imiter. Cette simple constatation la fit sourire. Loin de les déranger, sa présence immobile les avait mis en confiance, triompha-t-elle intérieurement en tâchant de ne pas bouger. Enfin pour les oiseaux du moins... les autres animaux dont elle ne percevait que la présence plus ou moins proche, restaient prudents, voire méfiants envers l'intruse qu'elle était. Il lui faudrait donc faire preuve de patience et attendre que tous s'habituent à elle.
A quelques centaines de mètres, accroupi sur la plus grosse branche d'un arbre et dissimulé par le feuillage, Adanën observait la scène surréaliste sans en perdre une miette. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres lorsque la jeune femme se retrouva envahie d'oiseaux. Qui aurait cru cela possible quelques jours auparavant ? Il devait bien avouer qu'il avait lui-même entretenu quelques doutes. Il savait qu'elle avait beaucoup de patience dans son ancienne profession, mais avant de la soumettre à cette épreuve, il ne possédait aucune garantie qu'elle serait en mesure de museler totalement son caractère volcanique. La preuve se trouvait désormais sous ses yeux, pourtant l'ombrian ne viendrait pas la « libérer » avant un moment, car il était certain que ce serait profitable à sa compatriote... A celle que, malgré lui, il avait appris à aimer en l'espace de quelques jours.
Il la fixa encore un moment, intérieurement émerveillé par sa beauté, puis sauta de son promontoire végétal avant de se réceptionner souplement et sans le moindre bruit. Une nuit ici ne pouvait faire de mal à sa compatriote, bien qu'il jugeât qu'elle avait parfaitement compris la leçon. Plus le temps passait, plus elle devenait ombrian sans même s'en apercevoir. Bientôt il n'aurait plus rien à lui "apprendre". Bientôt elle serait à même de prendre son envol.
Ces quelques réflexions le plongèrent dans une sorte de mélancolie qui ne transparut pas sur son visage, aussi imperturbable que d'ordinaire.
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