Profession, assassin
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 Chapitre 9 : Prise de position

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Chapitre 9 : Prise de position   Chapitre 9 : Prise de position Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:28

Comme Adanën l'avait deviné, Tyra n'était pas réapparue tant qu'Alyanna était demeurée dans son entourage. Cela n'avait rien de surprenant si l'on considérait que le caractère de la jeune femme la portait à une jalousie exacerbée... et exagéré. À l'instar des seijas à qui elle devait son ancien surnom, l'elfe devait considérer toute femme se trouvant au contact du mâle qu'elle convoitait -lui en l'occurrence- comme une rivale, qu'elle détestait donc d'emblée.
Un léger soupir lui échappa tandis que son regard accrochait le vent qui jouait dans les branches des arbres alentours. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Qu'il soit tombé amoureux de son "apprentie" et que les deux femmes qu’il chérissait se déchirent ? Hum, non. Ce n'était pas exact car, à aucun moment, Alyanna ne s'était emportée contre Tyra, bien que sa réprobation à l'encontre de son attitude ait été presque palpable.
Comme il s'interrogeait, des mots lui vinrent à l'esprit, comme portés par la brise : « il n'y a pas qu'un chemin » c'était évident. Jusqu'ici, il s'était comporté comme s'il n'y avait que deux options : maintenant ou jamais. Il avait occulté "plus tard", ce qui était une grave erreur car la perspective de ce possible "plus tard" chassa immédiatement de son regard azur la douleur qui était omniprésente depuis que son mentor l’avait, par ses mots, replacé dans sa position de maître. Celui de Tyra. Bien qu'elle refuse de le considérer ainsi, c'était exactement ce qu'il était et elle devrait s'y faire. Pour commencer il lui fallait retrouver sa fuyante compatriote et mettre certaines choses au point avec elle. Encore.



Pour qui se prenait-elle, cette humaine par Zeran ?! Comment osait elle la juger, émettre à son sujet des opinions sans fondement ?! Ah elle était belle l’impartialité des ombrians ! Comment Adanën pouvait-il lui vouer un pareil respect, surtout vu leur différence d'âge ?! Et ce damné elfe qui, non content de ne pas l’avoir défendue, l’avait enfoncée ! Ils avaient eu de la chance qu'elle se contienne malgré sa fureur, sinon, elle n'aurait pas donné cher de la peau de cette Alyanna !
Oh, bien sûr, elle avait trouvé l'harmonie, son maître le lui avait dit, pourtant, parfois, ses anciens instincts d’assassin reprenaient le dessus.
Soudain, elle interrompit ses va-et-vient dans la pièce est écarquilla les yeux, ahurie. Son maître ?! Depuis quand considérait-elle Adanën de cette façon, elle qui se disait libre de toute entrave de ce type ? Elle serra les dents. Vraisemblablement, son inconscient lui avait depuis longtemps donné ce titre que son être conscient refusait, avec orgueil, de conférer à l’ombrian. Génial... Il ne manquait vraiment plus que ça pour que le tableau soit complet. Ah, Praven et Ectelius riraient bien s'ils savaient... Cette perspective lui fit crisper les doigts sur le gobelet qu'elle tenait, puis, dans un mouvement d'humeur incontrôlé, elle le jeta dans la cheminée où il éclata dans un tintement cristallin, tandis qu'une réflexion très terre à terre et totalement incongrue lui traversait l'esprit : si elle continuait de briser sa vaisselle à cette allure, il ne lui resterait bientôt plus rien pour boire chez elle.
Une nouvelle fois, elle se força à inspirer et expirer lentement afin de tenter de retrouver son calme. Elle n’y parvint qu'un long moment plus tard. Quand cette fille repartirait-elle ? Avait-elle intention de s'installer à la capitale ? Par Zeran, si tel était le cas, elle ne le supporterait pas. L'humaine devait partir, ou l'elfe ne répondrait plus de rien. Le meilleur moyen de savoir était encore de revenir vers lui. Mais si elle était encore avec lui... Tyra serra les poings. Non, mauvaise idée. Revoir cette femme était trop lui demander. Elle patienterait quelques jours. En attendant...
Récupérant sa cape posée sur le dossier d'une chaise, elle s’en revêtit et quitta la maison en quête d'une quelconque taverne. Boire était encore le meilleur moyen d'oublier temporairement. A condition d’éviter de tomber raide sous une table.



Retrouver Tyra. Adanën avait l’impression de passer son temps à la chercher. Chaque fois qu’il pensait l’avoir, elle lui filait entre les doigts.
Après avoir une nouvelle fois écumé sans succès toutes les tavernes de la ville, Adanën pénétra dans la dernière. Un coup d'œil lui suffit pour repérer la jeune femme, affalée sur la table, mais consciente cette fois. Retenant un soupir, il s'assit face à elle et elle leva sur lui un regard rendu brumeux par l'abus d'alcool.
- A... Adanën...
- Elle est partie, Tyra. Tu peux cesser de boire à présent, déclara-t-il en éloignant la bouteille de sa main tendue.
- F... Fiche-moi la paix, rétorqua-t-elle.
- Ta réaction est excessive et tu le sais.
- T... Tu ne c... comprends rien...
- J'ai très bien saisi au contraire, la détrompa-t-il. Alyanna est mon mentor, Tyra, pas une rivale pour toi.
Tenter de raisonner une personne ivre était vain, il en avait conscience, pourtant, il devait tenter de lui faire comprendre.
- Elle est mon maître comme je suis le tien. Tu n'as pas de rivale car il n'y a entre nous que relation de mentor à élève... pour le moment.
Il avait lancé la chose sans son tact coutumier et attendait maintenant l'inévitable réaction violente... qui ne vint pas.
Comme assommée par ses paroles, sa compatriote le fixa d'un air ahuri, brusquement dégrisée.
- Qu'est-ce que tu as dis ? fit-elle lorsqu'elle retrouva sa voix.
L'ombrian verrouilla son regard dans le sien, en tachant de faire abstraction de leur beauté irréelle.
- Tu m'as très bien compris, dit-il encore, aussi fermement que possible. Malgré tes protestations, c'est ce que je suis pour toi depuis le départ.
Paf ! Voilà ce qui s'appelait une mise au point en bonne et due forme. Il y a quelques temps encore, Tyra se serait emportée en l'entendant affirmer une chose pareille, mais à présent qu'elle-même l'avait intérieurement nommé ainsi au moins une fois, cela aurait été aussi stupide que malhonnête. Son orgueil se révoltait à l'idée de n'être, une fois encore, rien de plus qu'une apprentie, surtout la sienne ; pourtant, elle devait se rendre à l'évidence : avec sa douce fermeté, elle avait appris davantage d'Adanën Saltaro en quelques temps, qu'elle ne l'avait fait en fréquentant Kardan durant des mois. Il était le maître, elle la disciple. Lui, l'homme qu'elle aimait malgré elle.
Au grand étonnement de l’ombrian, sa déclaration ne généra chez la jeune femme rien d'autre qu'un grommellement indistinct. C'était si inattendu que, sur le visage de l'elfe, l'impassibilité laissa place à la stupéfaction, tandis que l'incrédulité apparaissait dans son regard azur. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis la referma sans que le moindre son en soit sorti.
- Tu ressembles à un poisson hors de l'eau, lança-t-elle, moqueuse, en croisant les bras sur sa poitrine.
- C'est que je ne m'attendais pas à ce que...
- Je m'en doute, la coupa-t-elle, satisfaite d'avoir réussi à faire sortir l'impassible ombrian de son stoïcisme.
Il y eût un court silence, puis Adanën déclara :
- J'avoue que tu es parvenue à me surprendre. Je crois que tu seras une ombrian on ne peut plus imprévisible.
- Tant mieux, fit-elle dans un sourire en coin.
Ayant dit cela, elle se releva en chancelant et il la rattrapa avec sa vivacité habituelle.
- Doucement, Tyra. Malgré les apparences, tu es ivre. Quand comprendras-tu que boire de la sorte ne résout rien ?
- Disons, le jour où tu me diras ce que tes yeux clament comme un cri silencieux, rétorqua-t-elle.
Le sens de la réponse, décochée comme une flèche, n'échappa pas à l'esprit fin de l’ombrian, qui sentit ses pommettes se colorer. Fait qui déclencha un sifflement moqueur de son interlocutrice.
- J'ai fait rougir le grand Adanën Saltaro. Il faut que je me souvienne de ce jour.
- Je... Tu l'as reconnu toi-même, Tyra, je suis ton maître. Rien de plus, balbutia-t-il de façon tout à fait inhabituelle.
- Oui, confirma-t-elle. Pour le moment.
- De plus... Toi non plus tu n'as rien dis.
- C'est amusant ça... Il me semblait que si. C'est même toi qui me l'a raconté.
- Tu étais ivre, argua-t-il en désespoir de cause.
- Et je le suis encore, c'est toi qui vient de me le dire, contra-t-elle, ne lui laissant aucune échappatoire.
- Oui mais...
L'elfe s'interrompit car il sentait qu'il s'enferrait tout seul et il n'était pas prêt. C'était trop tôt. Bien trop tôt. Il n'était pas prêt du tout.
- Ivre ou pas, s'il faut que je te le dise pur que tu te décide, alors voilà : je t'aime Adanën, asséna-t-elle avec le plus grand sérieux.
De nouveau, il la considéra avec ébahissement. C'était la seconde fois qu'il entendait ces mots qui semblaient presque incongrus venant de celle qui, peu de temps auparavant, était encore La Seija, le plus grand assassin de Sayanë, réputé aussi insensible qu'une pierre. Mais pourquoi ne pouvait-il pas les recevoir lorsqu'elle était sobre ?
- Tu dois te dire que mon ivresse me fait dire des folies hein.
Malgré les apparences, la phrase n'était pas une question réelle. Plutôt une affirmation déguisée.
- Et bien...
- Je le pense tu sais. Je n'imaginais même pas ça possible après la débâcle de mon histoire avec Kardan, pourtant, les faits sont là. J'assume. A toi d'en faire autant.
Désemparé, il secoua doucement la tête, ses cheveux sombres suivant le mouvement.
- Je ne peux pas, souffla-t-il.
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 9 : Prise de position   Chapitre 9 : Prise de position Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:29

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? poursuivit-elle, impitoyable.
Comment arrivait-elle à tenir un raisonnement si construit dans son état ? Cela dépassait l'entendement. Tyra Zenf était proprement stupéfiante.
- Les deux, répondit-il finalement. Même si tu n'étais plus mon élève, je ne serais pas prêt Tyra.
- Tu as peur, déclara-t-elle alors comme une certitude.
C'était si vrai que l'elfe tressaillit. Oui il avait peur. Pire, il était terrifié car, fui par les femmes en raison de sa froideur, il n'avait jamais eu de réelle relation. Il ignorait donc totalement à quoi s'attendre et c'était ce qui l'effrayait.
- Je ne te ferais aucun mal tu sais, fit-elle encre d'un ton presque tendre.
- Je le sais bien. Là n'est pas la...
Il ne put achever car la jeune femme avait posé les doigts sur sa bouche pour le faire taire. Doigts qu'elle remplaça bientôt par ses lèvres. Possessives, exigeantes, passionnées, elles s'emparèrent des siennes, réclamant un dû dont elles étaient privées depuis trop longtemps. Ses mains agrippèrent sa nuque, fourrageant dans ses cheveux. Par Zeran, depuis le temps qu'elle mourrait d'envie de le faire ! Depuis le temps qu'elle se consumait de désir pour lui ! Jamais elle n'avait autant contenu sa nature ardente et charnelle. Jamais. Pour aucun homme. Pour lui seul, elle avait lutté contre ses instincts, contre elle-même.
Lorsqu'il comprit ce qu'elle faisait, Adanën la repoussa doucement, autant à cause de son haleine empuantie par l'alcool, que par crainte de ses baisers.
- Tyra, non.
Se sentant repoussée, la jeune femme laissa échapper un petit cri d'intense frustration. Soudain agacée de sa retenue, elle le prit par les épaules et le secoua de toutes ses forces, jusqu'à en vaciller de nouveau.
- Arrête ! Arrête de faire ça !
- De quoi parles-tu ? fit-il en arquant un sourcil, tout en la maintenant pour éviter qu'elle ne tombe.
- Arrête d'être aussi raisonnable, aussi stoïque ! C'est exaspérant !
- C'est dans ma nature, Tyra. Je ne puis la changer sur commande, répliqua-t-il d'un ton légèrement plus sec.
Une profonde lassitude marqua alors les traits parfaits de la jeune femme et Adanën retint une expiration bruyante.
- Viens Tyra, je te raccompagne chez toi.
L'elfe hocha la tête en guise d'assentiment, soudain incapable de la moindre velléité de résistance.
Pour la seconde fois, l'ombrian glissa un bras autour de sa taille et fit passer le sien sur ses épaules pour la soutenir. Heureusement, cette taverne se trouvait assez proche de la demeure de sa compatriote. Arrivé chez elle, il l'allongea sur son lit et entreprit de lui ôter ses bottes sans qu'elle ne réagisse vraiment. C'est lorsqu'il s'éloigna vers la porte, qu'elle parut se rendre compte de ce qui se passait.
- Adanën… Reste...
Sa voix possédait des accents suppliants qu'il ne lui avait encore jamais entendu. Elle semblait brusquement si fragile, si intensément... femme.
- Tu joues le rôle du démon tentateur, Tyra, fit alors l'ombrian d'une voix légèrement fêlée. C'est mal de ta part.
- S'il te plaît, insista-t-elle.
La demande était pressante, mais l'ombrian savait que s'il acceptait, s'il passait outre ses principes -ceux qu’Alyanna lui avait rappelés- il franchirait une étape primordiale pour eux deux. Il n'était pas prêt. Pourtant, lorsque leurs regards se croisèrent, il rendit les armes, jetant ainsi aux orties ses chers principes et sa raison. Comme il l'avait supposé à l'auberge de Joline, il était impossible à tout homme normalement constitué de résister à ses yeux-là. Et lui n'en était pas davantage capable qu'un autre.
En soupirant, il prit place sur la chaise la plus proche, mais sa compatriote ne l'entendait pas ainsi.
- Dors avec moi, demanda-t-elle encore.
Cette fois, l'elfe se raidit.
- Crains d'aller trop loin, fit-il d'une voix tendue.
- Je te demande simplement de dormir près de moi, Adanën, rien d'autre, plaida-t-elle. Détends- toi. Par Zeran, à voir réaction, on croirait que je m'apprête à te sauter dessus.
- Tu es ridicule, l’accusa-t-il.
- En l'occurrence, c'est plutôt toi qu'il l'est, contra-t-elle d’une voix où la colère perçait. Je ne vais pas te violer. Je ne suis pas à ce point esclave de mes hormones.
Cette fois, il souffla bruyamment.
- Je n'ai jamais dit ça.
- Peut-être pas, mais c'est ce que tes réticences insinuent.
Après cet échange, un silence s'installa, si pesant qu'il en était presque palpable et il fallut un temps infini avant que l'un d’eux ne quitte son immobilité. Puis, comme contraint, il entreprit de retirer ses bottes à son tour, avant de la rejoindre dans la couche, raide comme la justice. L'ombrian ignorait totalement comment il réagirait au contact de cette trop belle femme, mais il craignait que ce ne soit gênant et il ignorait comment elle attendait qu’il se comporte.
Ils restèrent ainsi un moment : elle allongée sur le côté, pleine d'un ressentiment presque tangible envers ses paroles et son attitude ; lui sur le dos, désemparé et en proie au doute. Un long moment plus tard, après une âpre lutte contre lui-même, l'ombrian se décala et la prit dans ses bras.
Surprise, Tyra retint son souffle un instant. Que lui prenait-il soudain ? Elle avait presque perdu l'espoir de lui faire perdre ce comportement guindé et voilà que soudain...
- Mais je croyais que... fit-elle.
- S'il te plaît, ne me pose pas de question, dit-il alors. Tu as là plus que quiconque n'a jamais obtenu de moi.
Étonnée sans vraiment l'être, la jeune femme se retourna sur la couche, le visage à quelques centimètres du sien, regard bleu dans regard bleu.
- Combien de femmes y a-t-il eu dans ta vie Adanën ? demanda-t-elle brusquement.
La question le prit au dépourvu et l'embarrassa, aussi préféra-t-il garder le silence. Mais sa compatriote ne l'entendait pas de cette oreille.
- Adanën ? insista-t-elle.
- Ce n'est ni important, ni intéressant, biaisa l'elfe en évitant son regard inquisiteur qui le troublait bien trop pour sa tranquillité d'esprit.
Cette réponse ne trompa pas Tyra.
- Ne me dis pas que... commença-t-elle, incrédule.
- Que quoi ?
- Tu n'as jamais eu de relation ?
Seul un silence gêné lui répondit.
- Vraiment jamais ? Aucune ?
- Pas au sens où on l'entend, se décida-t-il finalement à répondre en baissant la tête comme s'il craignait qu'elle se moque de lui.
Il n'ajouta rien, mais c'était inutile. Elle avait compris. Il était inexpérimenté. C'était la raison principale de ses réserves. Brusquement attendrie par cet aveu, elle lui caressa la joue d'un doigt.
- Je comprends bien des choses à présent, murmura-t-elle. Ce n'est pas de moi et de ma réputation que tu as peur. En réalité, ce qui t'effraye c'est toi-même, tes réactions et l'inconnu.
Bouleversé qu'elle l'ait si bien deviné, Adanën se renferma dans le silence, posant simplement le menton sur ses cheveux.
- Je n'irais pas trop vite, je te le promets, reprit-elle après un moment.
- Tyra... fit-il alors, une légère nuance de reproche dans la voix.
Douché, il voulut ôter ses bras, mais la jeune femme l'en empêcha en y plaquant les mains.
- Pourquoi n'as-tu jamais eu de relation ? demanda l'elfe d'un ton doux, consciente de l'avoir effarouché. Tu n'es pourtant pas laid.
C'était un euphémisme. Adanën Saltaro était l'un des plus beaux mâles qu'elle ait jamais vu. Mais d'une beauté particulière. Ténébreuse comme un crépuscule. Jamais encore elle n'avait rencontré un homme si craintif pour tout ce qui concernait les émotions ; un homme que les contacts physiques effrayaient à ce point. C'était si étrange qu'elle avait envie de comprendre.
- Cela n'a pas la moindre importance, éluda-t-il. Tu devrais dormir, Tyra.
- Ça en a pour moi, rétorqua-t-elle sans tenir compte de sa dernière phrase.
- Je n'apprécie guère de discourir à mon propos.
- Je le sais. Mais j'ai envie de mieux te connaître, de te comprendre. Tu restes une énigme, Adanën.
- Et tu n'aimes pas cela.
- Exactement. Alors ?
- Je l'ignore, consentit finalement à répondre l'ombrian. Je crois que les femmes me fuient. Sans doute ne suis-je pas assez intéressant...
A ces mots, Tyra secoua la tête.
- Tu sais ce que je crois, moi ?
- Non mais quelque chose me dit que je ne vais pas tarder à l'apprendre.
- Je crois qu'en effet, tu les fais fuir. Non pas parce que tu n'es pas intéressant, mais parce que tu parais froid et totalement inaccessible.
La déclaration lui fit arquer un sourcil.
- Inaccessible ? releva-t-il. Comment cela ?
- Et bien, résuma la jeune femme, tu ne souris jamais, tu es plus impassible que moi, ce qui n'est pas peu dire et puis... tu t'es déjà entendu parler ?
- Je te demande pardon ?
Cette fois, la stupéfaction était audible dans la voix de l'ombrian.
- Voilà, c'est exactement ce que je voulais dire, fit-elle comme s'il venait de lui apporter une preuve supplémentaire pour étayer sa théorie. Tu parles comme un livre, voir pire. Personne ne s'exprime d'une façon aussi châtiée. Tes paroles sont tellement raffinées naturellement, qu'à côté de toi, n'importe qui passe pour un rustre analphabète, ce qui rabaisse et n'incite pas à t'approcher. Et s'il n'y avait que ça...
Plus elle avançait dans son raisonnement, plus l'elfe tombait des nues. S'il y avait bien une raison à laquelle il ne s'était pas attendu, c'était bien sa façon de s'exprimer. Cela n'avait jamais eu l'air d'ennuyer quiconque auparavant. Ni Alyanna, ni aucun autre.
- Ma façon de m'exprimer te déplaît ? questionna-t-il, dérouté.
Sa compagne haussa les épaules.
- Moi c'est encore différent. J'ai longtemps été l'apprentie d'Ectelius, qui parlait un peu comme toi, quoique à un degré moindre, alors je suis habituée. Mais ça peut en rebuter beaucoup.
L'ombrian hocha la tête bien qu'il vît très mal comme remédier à un "problème" qui perdurait depuis des décennies.
- Quoi d'autre ?
- Ça ne te suffit pas ?
- Et bien, tant qu'à entendre mon procès, autant qu'il soit complet, répondit-il dans un léger sourire.
A ces mots, Tyra leva les yeux au ciel.
- Oh par Zeran, Adanën, je ne fais pas ton procès, j'essaye de t'aider. Ne confonds pas tout.
Il y eut un silence, qu'elle rompit de nouveau.
- Au moins, est-ce que tu as déjà... fit-elle avant de s'interrompre.
Parler d'une chose aussi triviale avec le raffinement personnifié faisait grossier, même dans la bouche de la plus grande coureuse de pantalons de l'Empire. Pourtant il répondit.
- Oui. Une fois. Mais cela fait bien longtemps.
Cette fois, la jeune femme écarquilla les yeux. Une fois ?! Une seule et unique fois dans toute sa vie ?! Si elle avait été debout, elle en aurait chu d'ébahissement. Elle qui considérait que quelques semaines d'abstinence constituaient le comble de l'abnégation... Cet homme était un saint.
- Une fois... murmura-t-elle.
- Cela te choque à ce point ? questionna-t-il, légèrement amusé par son air estomaqué.
- Non. Je trouve ça plutôt triste en réalité.
- Triste ?
- Tu es passé aussi longtemps à côté de tant de choses, de tant de sensations...
- Tu es la seconde à me dire que quelque chose dans ma vie est triste.
- Qui était la première ?
- Joline qui trouvait que je devrais m'amuser de temps à autre.
- Elle n'a pas tort.
- Vas-tu, toi aussi, te proposer d'y remédier ? demanda l'ombrian dans un léger sourire.
- Pourquoi pas... mais plus tard. Pour le moment, il y a plus urgent.
- Comme ?
Pour toute réponse, Tyra laissa sa main gauche descendre sur sa hanche. Comprenant ce qu'elle cherchait à faire, l'ombrian l'arrêta par le poignet avant qu'elle ne puisse aller plus bas.
Constatant cela, elle planta ses yeux dans les siens et, entrelaçant les doigts de son autre main aux siens, pria :
- Laisse-moi te montrer, Adanën... Laisse-moi t'aider à te défaire de cette peur qui t'entrave. Un ombrian n'a pas de chaînes, alors pourquoi continuer à en porter inutilement ? Laisse-moi t'aider à les briser...
Sa voix possédait de tels accents de sincérité et ses iris bleu glacier recelaient tant d'amour, que l'elfe était presque prêt à rendre les armes. Presque car la crainte était profondément chevillée à son cœur. En venir à bout ne serait pas si simple.
Alors, Tyra posa très doucement ses lèvres sur les siennes et il se fit violence pour ne pas la repousser car, cette fois, son baiser n'était ni exigeant, ni possessif. Dans la délicatesse qu'elle y mettait et qu'il savait contraire à sa nature passionnée, Adanën pouvait sentir son réel désir de l'aider. Et puis elle avait raison : il était grand temps qu'il vainque sa frayeur.
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