Profession, assassin
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 Chapitre 11 : Des relations nouvelles

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Chapitre 11 : Des relations nouvelles   Chapitre 11 : Des relations nouvelles Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:31

Comme d'habitude, Adanën se réveilla à l'aube. Comme d'habitude, le soleil commençait à peine à poindre et, comme d'habitude, le chant des oiseaux résonnait déjà. Pourtant, l'air lui semblait sentir meilleur ; les couleurs du ciel, par la fenêtre, paraissaient plus vives et les trilles plus joyeux. Tout était semblable, mais en même temps si différent. Ce changement portait un nom : Tyra. Sa compagne, son âme sœur, sa vie.
Grâce à elle, il ne craignait plus ni les femmes, ni les contacts. Elle seule avait su trouver le chemin de son cœur depuis trop longtemps déserté par l'amour.
Un sourire tendre naquit sur ses lèvres lorsqu'il baissa la tête et la vit endormie. Elle était si belle, si exceptionnelle... L'ombrian avait encore du mal à réaliser qu'elle l'avait choisi. Mû par une impulsion soudaine, l'elfe se pencha et l'embrassa sur la tempe. Le mouvement, pour léger qu'il fut, suffit à réveiller la jeune femme. Le regard de cette dernière remonta lentement le long de son buste jusqu'à son visage.
- Bonjour toi, fit-elle dans un sourire languide.
- Bonjour ma mie, répondit-il en effleurant doucement son épaule dénudée.
L'elfe parut d'autant plus touchée du petit nom tendre que nul ne l'avait jamais nommée ainsi et qu'il aurait semblé incongru dans la bouche du ombrian peu de temps auparavant. Il n'y avait vraiment que lui, avec la distinction qui le caractérisait en toute circonstance, qui pouvait avoir l'idée de l'appeler de cette façon.
- As-tu bien dormi ? lui demanda-t-il ensuite.
- Comme une masse, répondit-elle alors en s'étirant longuement avec des gestes félins propres à rendre fou n'importe quel mâle. Tu t'améliores, ajouta-t-elle pour le taquiner.
Comme elle l'avait prévu, l'allusion à ses performances nocturnes fit rougir son compagnon.
- Tyra... fit-il, aussi réprobateur qu'embarrassé.
Sa réaction, bien prévisible, la fit éclater de rire.
- Je te fais marcher, dit-elle, rieuse. Mais c'est tout de même la réalité. Tu es un bon élève.
La confusion de son compagnon était à son comble, pourtant la jeune femme crut bon d'ajouter encore avec humour et un brin d'orgueil :
- Mais comment en serait-il autrement avec un professeur tel que moi !
Le silence retomba, léger cette fois.
- Tyra, ma mie, il faut que nous parlions, lança-t-il alors en la serrant contre lui pour atténuer ce que ses mots pouvaient avoir de solennel.
- Hum ? oui ? fit-elle en commençant à couvrir son torse de baisers brûlants.
Oh non non non... Il devait l'arrêter avant de ne plus être capable d'un raisonnement cohérent... ce qui serait vraisemblablement bientôt le cas s'il la laissait poursuivre. Sa compagne était décidément une invitation perpétuelle aux plaisirs de la chair.
- Tyra, s'il te plaît...
Étonnée, elle s'immobilisa et le fixa, puis soupira.
- Très bien, capitula-t-elle, désabusée comme une enfant soudainement privée de sucreries. De quoi veux-tu discuter ?
- Je crois que tu t'en doutes...
- Pour que tu fasses cette tête, le sujet ne peut être que mon entraînement, déduisit-elle, rembrunie.
- En effet.
- Alors quoi ?
- Le... tour nouveau qu'ont pris nos relations va nécessiter des adaptations dans nos comportements.
- C'est à dire ? fit-elle, soudain méfiante.
- Et bien, commença-t-il, disons qu'à partir de maintenant, il y aura deux Adanën comme il y aura deux Tyra.
A ces mots, la jeune femme leva les yeux au ciel.
- Oh les ombrians et leurs réponses obscures... maugréa-t-elle à mi voix avant de demander à voix haute : Tu peux être plus clair ?
Il y eut un petit blanc, prouvant qu'il cherchait ses mots.
- L'Adanën maître et la Tyra apprentie d'un côté, reprit-il ensuite en fermant sa bouche d'une main pour étouffer toute velléité de protestation, l'Adanën amoureux et sa compagne de l'autre.
Ayant achevé son explication, il ôta sa main et la voix de l'elfe se fit de nouveau entendre.
- Ça me paraît tordu ton histoire, objecta-t-elle. On ne peut pas dédoubler sa personnalité.
- Non, en effet. Cependant il nous est loisible d'écarter temporairement certains aspects de notre personnalité afin de nous concentrer sur ce qui est important sur le moment.
- Tu veux dire mettre de côté le fait que nous sommes ensemble quand tu me donneras une leçon, c'est ça ?
- Exactement, confirma-t-il dans un petit sourire, satisfait qu'elle ait compris ce qu'il voulait dire.
Elle arqua un sourcil, sceptique.
- Tu pense que ça peut marcher ?
- Si nous nous y tenons, c'est fort probable. Mais il nous faudra être vigilants, répondit-il avec un regard entendu.
Que sous-entendait-il par là ? Qu'elle était incapable de se tenir à une résolution ? Et bien elle allait lui démontrer qu'il avait tort !
- Évidemment, répartit-elle, vexée. Que crois-tu ?
Comprenant qu'il s'était montré maladroit, l'ombrian lui caressa la joue.
- Je ne souhaitais en aucun cas être vexant, ma mie, dit-il en lui caressant la joue du dos de la main. Ce que j'ai dis vaut pour nous deux.
- Tu veux me faire croire que toi, qui es un modèle de sagesse et de retenue, tu n'arriverais pas à passer outre le fait que nous soyons ensemble ? fit-elle en mettant les mains sur ses hanches, ce qui fit saillir sa poitrine nue. Quelle blague !
La voir faire ce mouvement manqua faire perdre son calme à l'elfe, qui dut inspirer fortement pour se maîtriser.
- Je ne suis pas si sage ni si avisé que tu le crois, rétorqua-t-il d'une voix un peu rauque. J'ai extrêmement de mal à rester concentré lorsque tu te trouves près de moi. Surtout... dans une semblable tenue.
Ces mots firent perdre à Tyra l'air mécontent qu'elle arborait depuis quelques instants et la malice le remplaça sur ses traits.
- Ah oui ? fit-elle d'une voix enjôleuse en se serrant davantage contre lui. Hum, voilà qui est tout à fait fascinant...
- Par pitié, Tyra, je ne suis qu'un homme...
- Alors prouve-le-moi, rétorqua-t-elle avec, dans les yeux, cette étincelle particulière qu'il avait vite appris à déchiffrer.



Autour d'eux, la forêt versait des larmes de pluie, résultats de la dernière ondée. Les deux elfes étaient trempés et Tyra, maussade.
Elle aimait les ciels d'apocalypse et les pluies torrentielles qui donnaient l'impression que le sol pouvait à tout instant s'ouvrir sous ses pieds et l'engloutir à jamais... Mais pas ça. Pas ce pitoyable crachin pour fillette. Rien de tel pour la mettre de mauvaise humeur. Par Zeran, pourquoi Adanën avait-il tenu à ce qu'ils sortent par ce temps ? C'était tout à fait ridicule. Ils auraient parfaitement pu attendre au chaud que l'averse cesse. Mais non, il fallait y aller immédiatement. La jeune femme ignorait ce qu'il avait en tête, mais ça avait intérêt à en valoir la peine, sinon, maître ou pas, elle lui dirait sa façon de penser.
- Cesse donc de ruminer, Tyra, lui dit-il en voyant sa mine. Cela ne servira à rien.
- Tu m'expliques oui ou non ? fit-elle alors, impatiente.
Mais il secoua la tête.
- Pas tant que tu te trouveras dans cet état d'esprit. Pas tant que tu seras ici contrainte et forcée. Il te faut être ouverte et extrêmement attentive pour appréhender pleinement ce que je m'apprête à te confier.
Si sa déclaration n'effaça pas la mauvaise humeur de son élève, certains mots, comme "confier", titillèrent sa curiosité. Ce verbe induisait un secret. Et dans ce cas, un secret ombrian qui, probablement, ne se transmettait que de maître à apprenti depuis des temps immémoriaux. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle devienne aussi attentive qu'il le souhaitait.
Constatant cela, un léger sourire fleurit sur les lèvres d'Adanën. Il commençait à la connaître et savait quelles paroles prononcer, autant pour la désamorcer lorsqu'elle était en colère ou mal disposée, que pour la forcer à écouter. Hochant la tête d'un air approbateur, il déposa au sol le sac de toile qu'il portait sur l'épaule droite.
Il y eut un cliquètement métallique et, intriguée cette fois, Tyra ne put s'empêcher de demander :
- Qu'y a-t-il à l'intérieur ?
Sans répondre, l'elfe s'accroupit souplement, ouvrit la besace et en sortit des fers, tels que ceux que les soldats faisaient porter aux prisonniers. Interloquée, la jeune femme regarda alternativement l'objet, totalement incongru dans les mains d'un ombrian, puis son compagnon.
- Qu'as-tu l'intention de faire avec ça ? questionna-t-elle, déroutée.
- Tout d'abord, je vais te demander de les boucler autour de mes poignets, déclara-t-il en tendant les bras vers elle.
Cette fois, la stupéfaction fit écarquiller les yeux de l'ex-assassin. Que lui prenait-il ? Avait-il soudainement perdu la raison ?
- Ne fais donc pas cette mine, ajouta-t-il en constatant sa réaction, et sois aimable de faire ce que je te dis s'il te plaît.
Pour la première fois de sa vie, Tyra s'exécuta sans comprendre le but de la manœuvrer. Cela semblait totalement loufoque. Et pourtant... oui pourtant, Adanën Saltaro n'avait rien d'un illuminé. Il devait donc poursuivre un but précis qu'il ne lui appartenait pas de connaître pour le moment... Un peu comme il n'appartient pas aux mortels de connaître le dessein des Dieux. Non pas qu'elle considère son compagnon comme une divinité. Elle savait mieux que personne qu'il n'était qu'un homme, avec tous les défauts qui en découlaient. Mais son statu de maître ombrian en faisait quelqu'un de vraiment à part. Cela suffisait pour ôter à la jeune femme l'envie de chercher à percer d'elle-même des mystères dont il finirait très probablement par lui révéler les arcanes.
- Bien, reprit-il lorsqu'il se fut assuré que les chaînes se trouvaient correctement verrouillées, à présent, écoute.
- Écouter ? Tu veux dire regarder je suppose ?
Mais un coup d'œil la réduisit au silence.
Comment faisait-il pour posséder une telle autorité et surtout pour réussir à l'exercer sans même parler ?
Soudain, un son s'échappa de la gorge de l'ombrian, qui interrompit l'ex assassin dans ses réflexions. C'était un son continu et très doux, qui ne possédait rien de commun avec ce qu'elle avait pu entendre jusqu'à présent. Puis celui-ci, modulé d'une façon nouvelle, se modifia légèrement. Finalement, un cliquetis se fit entendre, résonnant comme un gong aux oreilles de la jeune femme fascinée. Elle sursauta et écarquilla davantage les yeux, incrédule : les fers, solidement placés sur les bras de l'elfe, gisaient à présent sur le sol herbeux de la clairière et ce sans qu'il ait bougé. C'était impossible. Logiquement impossible. Seul un mage était capable d'un tel prodige et il n'en était pas un.
- Comment... commença-t-elle, incapable de finir sa phrase.
Tyra ignorait totalement que les ombrians savaient faire ce genre de chose. Kardan ne le lui avait jamais dis.
La réaction de sa compagne amusa Adanën, lui tirant un léger sourire.
- Il s'agit précisément de ce que je vais t'enseigner aujourd'hui.
- Tu te moques de moi ? rétorqua-t-elle. Je n'y parviendrais jamais.
- Il le faudra pourtant, répliqua-t-il.
Clac.
Le bruit sonna lugubrement dans la forêt par ailleurs silencieuse. Tout en parlant, l'elfe s'était penché pour ramasser les chaînes et venait de les refermer sur les poignets de sa compagne, qui les contempla, ébahie.
Des fers aux bras de celle que jamais la garnison de Llinmaï n'avait pu attraper. Cela lui fut intolérable et sa colère éclata comme un orage.
- Retire-moi ça ! explosa-t-elle.
Mais il secoua la tête.
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 11 : Des relations nouvelles   Chapitre 11 : Des relations nouvelles Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:32

- Rappelles-toi où tu te trouves et ce qui s'est produit la dernière fois que tu t'es laissé aller à un semblable éclat, dit-il calmement. Ensuite, je ne le ferais pas car, ainsi, cela va t'obliger à faire ton maximum pour t'en défaire.
- Tu veux dire que je vais les garder jusqu'à ce que je sois capable de t'imiter ?! comprit-elle avec horreur.
- En effet, confirma l'ombrian.
- Et si je n'y arrive pas ?
- Tu y arriveras.
- Tu n'as aucun moyen d'en être certain.
- Tu y arriveras, répéta-t-il, confiant.
- Tu plaisante ?
Malgré le ton qu'il avait employé, elle ne parvenait pas à croire ce qu'il exigeait d'elle.
- En ai-je l'air ? rétorqua-t-il, plus que sérieux.
- Non et c'est bien ce que je te reproche.
- Par le sang de mes ancêtres, Tyra, tait-toi.
Il n'avait pas haussé la voix, mais il avait juré. Lui, la distinction faite homme, avait juré. Cela stupéfia tant la jeune femme qu'elle fit silence.
- Concentre-toi un peu. Appréhender cette technique est loin d'être simple, alors, si tu tiens à être débarrassée de ceci au plus tôt, évite de t'éparpiller.
Le ton, extrêmement ferme, était à n'en pas douter celui du maître faisant la leçon à son élève, pourtant l'elfe ne broncha pas. Elle fit bien, car, les mains sur les bracelets métalliques pour les empêcher de se défaire, il reproduisit le son en deux tonalités qu'elle devait s'efforcer de copier. Les oreilles aux aguets, Tyra essayait de mémoriser la séquence. Puis il n'y eut plus rien et elle dut lui demander de recommencer. Il s'exécuta de bonne grâce, encore et encore, durant plus d'une heure.
- Cela suffit, déclara-t-il alors. C'est à toi à présent.
A cet instant, la tension de sa compagne était si grande qu'elle en était presque palpable.
- Détends-toi, tout va bien se passer, tenta-t-il de la rassurer.
Mais peine perdue, la présence à ses poignets de ces chaines honnies la rendait nerveuse, l'empêchant de se concentrer correctement.
La prenant par les épaules, il la secoua légèrement.
- Garde à l'esprit que tu ne joues pas ta vie. Il s'agit certes d'un exercice important et d'une technique qui ne l'est pas moins, mais ce n'est pas vital. Pas encore.
La nuance n'échappa pas à l'ex assassin.
- Pas encore ? releva-t-elle.
- Elle peut le devenir selon les circonstances. Allez, je sais que tu peux le faire.
- J'aimerais avoir ta confiance...
- Tu l'as, sans réserve, affirma-t-il tout en sachant que ce n'était pas exactement ce qu'elle voulait dire.
Comme pour appuyer ses dires, il l'embrassa tendrement, dérogeant par-là à la règle qu'il avait édictée de ne pas mélanger enseignement et vie privée.
Miraculeusement, la tension qui habitait Tyra la quitta alors et elle se tourna entièrement vers la production de ce son tellement particulier. La sentant plus à l'aise, Adanën alla s'asseoir sur la souche et ferma les yeux, comme pour méditer, tandis qu'elle tentait sa chance.
Elle essaya toute l'après-midi avec acharnement, jusqu'à avoir la gorge sèche et mal aux lèvres, mais en vain. A aucun moment les maudits fers ne tombèrent. Le découragement tomba sur ses épaules comme une chape de plomb. Elle baissa la tête, ses cheveux tombant devant son visage comme un rideau coupé dans la nuit. Elle avait l'air si abattue par son échec que l'ombrian se leva et alla la prendre dans ses bras, foulant aux pieds sa règle pour la seconde fois de la journée.
- Si cela a le pouvoir de te réconforter, dit-il en repoussant doucement ses cheveux, sache qu'il m'a fallu des mois de travail pour mettre au point et maîtriser parfaitement cette technique.
Le choix des termes surprit sa compagne, qui releva la tête.
- Mettre au point ? Tu veux dire... que tu l'as inventée toi-même ?
- Oui.
Nul orgueil ne transparaissait dans sa voix. Elle avait beau savoir qu'il avait des travers (il n'aimait pas ranger ses affaires, n'appréciait pas la viande -comment pouvait-on ne pas l'aimer ?- avait un faible pour ses cheveux...), elle avait parfois l'impression qu'il était parfait. Un vrai saint... Du moins avant qu'elle s'en mêle et en fasse un déchu. Cette idée l'amusa et un léger rire lui échappa, lui faisant temporairement oublier son échec et la froide pesanteur des chaînes qui entravaient toujours ses poignets.
- Retire-moi ça s'il te plait, dit-elle alors en tendant les bras vers lui.
L'ombrian fut tenté d'accepter car il ne tenait pas à ce que leur vie de couple souffre de son entrainement. Pourtant, il résista.
- Non Tyra. Comme je te l'ai dit, il faut que tu t'en débarrasses seule.
L'incrédulité rendit la jeune femme muette quelques instants, puis elle s'exclama :
- Tu te fiches de moi ?! Tu viens de me dire qu'il t'avait fallu des mois ! Comment y arriverais-je en si peu de temps ?! Tu as perdu la raison ! Adanën Saltaro, je te conseille de me retirer ça immédiatement…
La menace, dans sa voix, était claire. S'il persistait, il s'en repentirait. Pourtant, il était de son devoir de ne pas céder. Pour le moment, il était toujours son maître. C'était seulement de retour chez elle qu'il redeviendrait son compagnon.
- Non Tyra, refusa-t-il de nouveau. Si je te cède, tu ne feras plus d'efforts.
- Je ne vais tout de même pas vivre avec ça pour ton bon plaisir ! fulmina-t-elle à mi voix en jetant un regard sur les arbres alentours pour s'assurer qu'ils ne bougeaient pas.
- Il ne s'agit pas de mon bon plaisir, mais de ton entrainement.
- L'entraînement ! On dirait qu'il n'y a que ça qui compte pour toi ! Tu es vraiment ennuyeux quand tu t'y mets ! Je suis ta compagne, Adanën !
- Pas ici et pas dans ces circonstances… L'aurais-tu déjà oublié ?
- Tu as toi-même transgressé ta fichue règle quand tu m'as embrassée, puis prise dans tes bras, je te signale ! Alors, pour la dernière fois, retire-moi ces trucs !
L'elfe ne répondit pas. Qu'aurait-il pu dire alors qu'elle avait raison ? Les yeux brillant d'une colère difficilement contenue, les cheveux plaqués dans son dos par la pluie, elle était si belle qu'il faillit craquer. Ce n'est qu'au prix d'une âpre lutte contre lui-même qu'il parvint à résister.
Comprenant que la cause était perdue, la jeune femme se détourna et partit en courant en direction de la tour du vieux Zandar, martelant le sol détrempé à grandes foulées rageuses. N'ayant pas pris sa cape à cause de la précipitation qu'il avait montrée à partir, elle ne pouvait même pas rentrer en ville, sinon, avec ses fers, les patrouilles la prendraient pour une prisonnière évadée. Une prisonnière évadée ! Elle qu'ils n'avaient jamais pu capturer lorsqu'elle était La Seija ! Qu'Adanën Saltaro et les ombrians soient maudits !
Les récents déluges avaient fait ébouler une partie du chemin escarpé qui menait à la construction mangée de lichen, y creusant un fossé, mais elle ne s'en préoccupa pas. Sa rancœur pour son compagnon était bien trop vive pour qu'elle s'arrête à ce type de détails. Prenant son élan, Tyra sauta par dessus le trou béant avec une détente impressionnante. Ses mains, pourtant toujours liées par les fers, crochetèrent la plus basse branche d'un sonym, son corps décrivit une boucle autour du végétal et elle lâcha. Son équilibre demeuré intact, la jeune femme reprit pied de l'autre côté sans difficulté et reprit sa course.


- Ty...
Il n'avait même pas eu le temps de prononcer son prénom entier, que sa compagne avait déjà disparu dans les profondeurs de la forêt de Talann. Adanën soupira. Le chemin d'un ombrian était semé d'embûches... mais le sien ressemblait à un parcours d'obstacles depuis qu'il avait pris Tyra Zenf pour apprentie.
Où avait-elle bien pu aller ? Il fallait se concentrer, réfléchir comme elle. Il ne lui fallut guère de temps pour écarter des possibilités un éventuel retour à Llinmaï. Telle qu'il la connaissait et menottée comme elle l'était, elle avait dû craindre de passer pour une prisonnière évadée et donc de se retrouver capturée par une patrouille. Il n'y avait donc qu'un endroit où elle avait pu se rendre : son refuge. La tour du vieux Zandar.
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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Re: Chapitre 11 : Des relations nouvelles   Chapitre 11 : Des relations nouvelles Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:32

Lorsqu'il parvint à la tour, après avoir, lui aussi, dû faire preuve d'agilité pour franchir le fossé, il trouva la porte coincée. Alors de deux choses l'une : soit elle s'était barricadée à l'intérieur, soit l'humidité avait fait gonfler le vieux battant de bois. La seconde hypothèse paraissait de loin la plus plausible car, à sa connaissance, il était le seul, Kardan excepté, à connaître l'emplacement du bâtiment. Sa compagne avait donc certainement dû forcer pour entrer et entre temps, l'ancienne pièce de sonym massif s'était de nouveau bloquée.
Il lui fallut pas moins de quatre tentatives pour la faire céder. La porte s'ouvrit alors dans un craquement sinistre, tandis que l'ombrian grimaçait. S'il était parvenu à ne pas se démettre l'épaule, il en serait quitte pour de sérieuses ecchymoses.
Il entra donc et entama l'ascension du long escalier en colimaçon qui menait aux anciens appartements du vieux mage. Lorsqu'il y parvint, le feu magique brûlait déjà dans la cheminée, projetant des ombres mouvantes sur les murs.
Son entrée ne déclencha aucune réaction chez la jeune femme, qui ne lui prêta pas plus d'attention que s'il avait été absent. Décidément, quel caractère... Il comprenait qu'elle trouve cette situation désagréable, mais sa réaction était tout à fait démesurée.
- Tyra, ma mie, tu exagères, commença-t-il, à présent redevenu son compagnon. Je conçois parfaitement que cela te déplaise, mais ta réaction est disproportionnée.
Elle se retourna lentement, ses yeux lançant des éclairs.
- J'exagère ?! Et toi, Adanën Saltaro, tu n'exagères pas peut-être ?
Il avait déjà constaté qu'elle n'utilisait son prénom et son nom ensemble que lorsqu'elle était extrêmement en colère contre lui. L'elfe soupira.
- Je fais cela pour ton bien...
- Non, tu fais ça pour ta petite fierté personnelle, c'est tout ! l'accusa-t-elle. Comme pour dire aux autres ombrians "regardez comme je suis un bon maître, elle sait utiliser ma technique".
L'accusation le fit presque sursauter.
- Tu es injuste, Tyra. Je pensais que tu me connaissais mieux que cela... murmura-t-il d'un ton peiné.
Mais la tristesse audible dans sa voix n'émut aucunement sa compagne, encore bien trop ancrée dans sa rancœur. Elle se tourna vers l'âtre et le silence qui était retombé s'éternisa, seulement troublé par le crépitement des flammes magiques.



Pour la première fois depuis qu'ils étaient ensemble, elle n'avait pas voulu de lui près d'elle. Son contact lui manquait, de même que la douceur et la chaleur de sa peau mais il ne se plaignait pas car il savait que sa colère à son encontre n'était pas calmée. Allongé à même le parquet, les yeux grands ouverts, Adanën réfléchissait en tentant de faire abstraction du tintement métallique des fers de sa compagne, qui s'entrechoquaient dès qu'elle faisait un mouvement. Il imaginait sans peine que, obnubilée par leur insupportable présence autour de ses poignets, elle non plus ne dormait pas.
Soudain, un feulement rauque d'animal sauvage éclata du lit où elle se trouvait allongée, faisant tourner la tête de l'ombrian dans cette direction. Feulement qui fut bientôt suivi du cliquetis caractéristique de chaînes dont on tentait de se débarrasser par tous les moyens. Elle avait perdu la raison ! Les bords des menottes étaient coupés de façon à ce que les prisonniers n'essaient pas de les enlever ! Elle allait s'entailler la chair, si ce n'était déjà fait ! En un clin d'œil, l'elfe alarmé fut sur ses pieds et, tout aussi rapidement, il bondit près d'elle pour tenter de calmer sa folie. Pourtant, en arrivant à quelque distance, il s'immobilisa. Jamais encore il ne l'avait vue ainsi : longue chevelure de nuit ébouriffée et emmêlée, regard empreint d'une lueur sauvage, souffle court, position d'attaque et de défense tout à la fois, griffes sorties... Jamais elle n'avait autant ressemblé à une seija qu'en cet instant. Elle semblait presque hors d'elle-même, comme habitée par l'un de ces félins... ce qui incita Adanën à la prudence. Après tout, un prédateur ne cessait jamais d'être un prédateur. Et c'était ce que Tyra demeurait malgré ses efforts pour dominer sa nature. Elle restait ce que la vie avait fait d'elle. Il n'aurait jamais cru que la colère puisse lui montrer cette image d'elle et pourtant... Oubliant son extrême beauté exacerbée par sa présente animalité, il entreprit d'essayer de la calmer comme on tente d'apprivoiser un animal aussi rétif que dangereux.
Sans savoir si, dans son état, elle l'entendait vraiment, il essaya de lui parler dans leur langue. Mais, comme plongée dans une transe, il abandonna et se contenta de moduler la fréquence du son. Les fers cédèrent et churent sans bruit sur le lit, mais Tyra ne bougea pas davantage et l'ombrian déduisit qu'il devait lui falloir le temps de réaliser qu'elle n'était plus entravée. Se reculant prudemment, Adanën retourna ensuite s'allonger sans un mot.
Quelques instants plus tard, la jeune femme prit conscience de sa liberté et sa colère retomba aussi soudainement qu'elle s'était déchaînée. L'elfe s'assit alors de nouveau, avec l'air égaré de quelqu'un à qui la situation a totalement échappé.
- Pourquoi ? demanda-t-elle.
- Je craignais que tu ne te blesses avec les bords tranchants de ces menottes tant tu te débattais contre elles, répondit-il, les yeux fixés sur le plafond et les bras repliés sous la tête.
L'étonnement de l'ex-assassin prit le pas sur l'immense fatigue que son ire démesurée avait déclenchée. Il l'avait délivrée uniquement pour la protéger. Il avait agi à l'encontre de sa propre décision simplement parce qu'il s'inquiétait pour elle. Personne n'avait jamais fais ça pour elle depuis Alrayan et cela la confondit.
Plus un son ne se faisait entendre. Seul le feu magique troublait le silence. Après un moment, la jeune femme discerna la respiration lente et régulière de son compagnon qui s'était endormi et elle repensa à tout ce qui s'était produit dans la journée.
Il lui avait imposé une épreuve et elle s'était révélée incapable de la mener à son terme, uniquement par orgueil. Elle avait échoué. Elle tenait l'échec en horreur. Elle devait lui démontrer qu'elle le pouvait, elle devait lui prouver qu'il n'avait pas mal placé sa confiance en lui donnant le secret de cette technique si laborieusement élaborée. Une détermination sans faille apparut sur son visage. La prochaine fois, ce serait victorieuse qu'elle se présenterait à lui.
Ramassant les fers, elle quitta le lit, remit ses bottes sans un bruit, puis se dirigea vers la porte avec discrétion. Sur le seuil, l'elfe se tourna vers son compagnon, avant d'ouvrir la porte et de disparaître dans les profondeurs de la forêt.
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