Profession, assassin
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 Chapitre 5 : Ectelius se dévoile

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Tyra Zenf
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Tyra Zenf


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MessageSujet: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeDim 21 Déc - 20:30

Alrayan fit son entrée dans la grande salle, encadré par deux assassins chevronnés qui l'amenèrent devant son aîné. Aussitôt ce fait étrange alerta Tyra qui se trouvait là et la jeune fille s'approcha pour voir ce qui se passait.
Assis dans un grand siège sculpté qui possédait des allures de trône, Ectelius fixa son cadet d'un regard peu amène malgré un visage de marbre et fit signe aux autres de reculer. Il le dévisagea un long moment sans rien dire, puis prit la parole.
- Alors Alrayan, sont-ils morts ? Hum ? questionna d'un ton doux le Maître-Assassin qui connaissait parfaitement la réponse mais voulait l'entendre da sa bouche.
- Non, répondit le jeune homme dans un sourire arnassier.
Quittant sa place, le demi-elfe s'approcha tout près de lui.
- Non ? répéta-t-il d'une voix de velours liquide.
- Non, lui répondit de nouveau son frère en plantant son regard dans le sien.
Alors, sans trahir la moindre émotion, le chef de la Guilde lui expédia un grand coup de poing en plein visage sous le regard éberlué de Tyra, avant de questionner d'un ton mielleux contrastant avec cette soudaine violence :
- Pourquoi Alrayan ?
Le choc lui éclata les lèvres et renversa brusquement sa tête en arrière, mais le jeune homme ne broncha pas. Il essuya le sang qui coulait sur son menton avant de répondre.
- Parce que ton commanditaire n'était qu'un infâme proxénète.
- Et depuis quand (il lui colla un coup de coude sur le nez) nous occupons-nous de l'identité d'un commanditaire ? acheva-t-il en lui décochant un coup de pied dans l'estomac sans quitter son visage parfaitement impassible.
Ahurie de ce déferlement de violence venant de son mentor d'ordinaire si gentil, qui n'avait jamais élevé la voix et encore moins levé la main sur elle, la jeune fille observait la scène avec une totale incrédulité. Que prenait-il à Ectelius ? Comment faisait-il pour rester de marbre tout en battant son frère comme plâtre ? Et surtout... pourquoi Alrayan, d'ordinaire si fort et si inébranlable, ne se défendait-il pas alors qu'elle le croyait capable de tenir tête à n'importe qui ? Que se passait-il ?
Chaque coup, asséné avec une force incroyable pour le gabarit du demi-elfe, coupa le souffle au jeune assassin, qui mit un certain temps à retrouver sa respiration. Levant un regard brûlant, il cracha du sang sur le sol.
- Parce que... moi... ça m'intéresse, finit-il par répondre.
Le regard plus froid qu'un iceberg, Ectelius déclara d'une voix douce qui semblait totalement inhumaine et faisait froid dans le dos :
- Je pense qu'il y a un "léger détail" que tu n'as pas saisi... « petit frère ». (et dans sa bouche, ces mots sonnaient comme une insulte) C'est que rien... tu m'entends, rien, de ce que tu peux souhaiter n'a la moindre importance. Tu fais ce qui t'es demandé... sinon tu t'exposes à des conséquences... fâcheuses... pour toi bien entendu...
- Mais rien... N'est plus agréable... et réconfortant... que de te désobéir... mon cher "grand frère"... rétorqua Alrayan, sardonique, en lui renvoyant son insulte.
Le chef de la Guilde devait s'attendre à ce genre de réaction car, avec un sourire que Tyra jugea inquiétant, il se pencha vers lui, une étincelle cruelle dans le regard.
- Tu es donc inconscient et masochiste...
Ayant dit cela, il se saisit de l'un des doigts de son cadet et le tordit brusquement vers l'arrière jusqu'à entendre un « crac » écœurant qui fit hurler de douleur le supplicié.
Le son de l'os brisé résonna dans le silence qui régnait dans la vaste pièce et, les yeux presque exorbités d'épouvante, Tyra retint de justesse le cri horrifié qui menaçait de lui échapper devant l'effroyable torture dont Alrayan était victime. A cet instant seulement, elle réalisait pourquoi Ectelius était le Maître-Assassin. A ce moment seulement, elle le voyait dans toute l'effrayante plénitude de son pouvoir, de sa puissance... A cette minute seulement, elle cessa de le considérer seulement comme un mentor, un professeur... Elle réalisait... Oui elle réalisait tout. Elle avait oublié. Elle avait complètement occulté ce qu'impliquait le titre de celui qu'elle avait appris à considérer comme un ami. Folie... La preuve était faite devant ses yeux que s'en était une. Jamais depuis qu'elle le connaissait elle ne lui avait vu ce regard cruel proprement terrifiant dans un visage dénué de la moindre émotion... Elle comprenait que se mesurer à Ectelius, que le braver d'une quelconque façon revenait à s'exposer à la mort en personne. Un frisson irrépressible la parcourut et elle faillit détourner le regard de la scène... mais le demi-elfe n'en avait manifestement pas terminé avec son infortuné cadet.
- Peut-être vas-tu enfin comprendre, reprit-il d'une voix de miel en faisant de même avec un second doigt, ce qu'il en coûte de me désobéir...
Incapable de supporter l'atroce douleur, le jeune homme hurla de nouveau et, déchirée, la jeune fille vit alors son modèle dans une intolérable position d'infériorité. Que n'aurait-elle pas donné pour le voir se battre au lieu de subir... Mais elle ne pouvait qu'imaginer la souffrance qu'il ressentait. Comment, dans ces conditions, aurait-il pu lutter contre la toute-puissance fraternelle ? C'était David contre Goliath... et force lui était de reconnaître que David perdait par KO.
- Alors, tu as quelque chose à dire ? demanda de nouveau Ectelius d’une voix de velours sur un regard tranchant comme une lame.
Haletant de douleur, de la sueur coulant sur son front, Alrayan lui jeta un regard plus brulant que l’enfer et lui cracha du sang en pleine figure.
Presque tétanisée, l’apprentie crut que s’en était à jamais fini du jeune homme, mais non. Dans un geste très lent n’augurant rien de bon, le demi-elfe essuya du revers le la main l’hémoglobine qui maculait son menton puis, sans quitter son frère des yeux, claqua des doigts. Aussitôt, deux assassins s’emparèrent de son frère et, à l’aide de solides liens de cuir, lui lièrent attachèrent ses bras à des anneaux fixés au plafond.
Grondant de souffrance, l’assassin rendit son regard à son ainé, une colère noire transparaissant sur son visage d’ordinaire tellement imperturbable.
Tendant la main avec nonchalance, le chef de la Guilde se fit ensuite remettre un fouet et l’elfe, tremblante d’effroi, comprit que la punition n’était pas achevée pour le jeune homme.
- Non, murmura-t-elle de façon inaudible, arrête Ectelius je t’en conjure…
Tout entier tourné vers le châtiment qu’il infligeait à son cadet, ce dernier ne se rendit pas compte qu’en agissant ainsi, il tombait du piédestal où l’admiration de Tyra l’avait hissé. Il déchira la tunique d’Alrayan, puis leva le bras avant d’abattre fermement l’épaisse lanière de cuir sur le dos de celui-ci. Alors que les coups pleuvaient, aussi violents que réguliers, il redressa la tête et, d’une voix rendue rauque par la rage et la haine dévorantes qu’il ressentait, hurla :
- Je te hais !
La haine qui transparaissait dans sa voix était si intense, si vive qu’elle en était presque palpable, ce qui fit froid dans le dos de Tyra mais ne parut pas inquiéter Ectelius. Rien, sur son visage impassible, n’indiquait même qu’il s’en soucie. Il continua à frapper encore un long moment, puis rejeta le fouet au loin, s’approcha et le prit au collet.
- Ne me désobéit plus jamais, dit-il alors de cette même voix de velours en détachant chaque mot.
Ereinté, tordu de souffrance, le jeune homme lâcha d’une voix hachée, basse et rauque :
- Va… te faire… foutre…
Mourant littéralement d’envie d’intervenir, Tyra se retint pourtant. Si elle le faisait, ça ne pourrait qu’apporter davantage d’ennuis à son pygmalion et il n’en avait pas besoin.
Estimant enfin la correction suffisante, le Maitre-Assassin finit par délivrer son frère qui, sans force, s’écroula face contre terre sur le dur sol de pierre sans que le demi-elfe ne lui accorde la moindre attention. Il quitta la pièce de même, suivi par la majeure partie des assassins de la Guilde. Ce fut lorsque la grande salle fut vide, qu’elle se précipita vers lui.
- Alrayan… souffla-t-elle d’une voix étranglée sans qu’il réagisse.
Déchirée de le voir dans cet état, la jeune fille décida d’utiliser le peu de pouvoirs qu’elle possédait et tous les sorts de soin mineurs que Zandar lui avait appris, pour tenter de soigner les zébrures sanguinolentes dans son dos. Elle utilisa jusqu’à sa dernière parcelle de magie, puis, épuisée par l’effort, alla chercher de quoi faire une attelle de fortune.
- Alrayan je… Ca va te faire mal, mais il faut… immobiliser tes doigts, déclara-t-elle doucement.
- Crois tu… que je l’ignore ? questionna-t-il dans un rire rauque de douleur.
La jeune fille se mordilla la lèvre inférieure. Même dans cet état, son pauvre roc brisé parvenait à ironiser… Concentrée sur la tache qu’elle s’était fixée, elle essaya d’agir le plus vite et le plus délicatement possible pour placer l’éclisse. Pourtant, malgré sa rapidité, il étouffa un grondement de douleur, serrant fortement les dents pour se contrôler.
- Désolée… J’ai terminé. (elle hésita puis ajouta) Je vais t’aider à t’appuyer contre un mur.
Et, utilisant ce qui lui restait d’énergie après son sort de soin, elle entreprit de la tirer comme elle put jusqu’au mur, contre lequel elle l’adossa aussi doucement que possible.
- Ectelius me… déplacera… de toute façon, articula péniblement le jeune homme avant de perdre connaissance.
La jeune fille, désolée de le voir dans cet état, en ressentit un net pincement au cœur, sur lequel elle ne s’attarda pas. Le fixant un moment, elle passa une main sur sa joue et décida de rester près de lui jusqu’à son réveil.



Alrayan reprit conscience plusieurs heures après, le dos et les lèvres encroutés de sang malgré les efforts de l’elfe. Ses traits étaient marqués par la souffrance, d’autant que, voulant lui communiquer sa chaleur, l’apprentie s’était endormie tout contre lui et appuyait inconsciemment sur une plaie. Soufflant de douleur, il articula :
- Tyra…
L’elfe, qui ne dormait que d’un œil, se redressa instantanément, tout à fait alerte et cessa de fait de comprimer la blessure.
- Comment te sens-tu ? demanda-t-elle d’un air inquiet.
- Mal, répondit-il dans un rire rauque.
- Je… peux encore essayer de te soigner si tu veux, proposa l’apprentie qui n’avait pas encore récupéré l’énergie perdue pour lancer son sort.
Mais l’assassin, pour mal en point qu’il se trouvait, n’était ni aveugle, ni idiot.
- Tu n’en a pas la force, objecta-t-il.
- Qu’en sais-tu ? répliqua-t-elle. Laisse-moi essayer de t’aider au moins. Qu’as-tu à perdre ?
- S’il t’arrivait quoi que ce soit, Ectelius me tuerait…
- Je saurais bien l’en empêcher, déclara-t-elle alors d’un petit air bravache.
- Tu n’y parviendrais pas, petite seija et tu le sais…
Relevant silencieusement et avec plaisir l’appellation plutôt flatteuse, elle se garda pourtant de lui en faire la remarque, se contentant simplement de rester près de lui, oublieuse des heures et d’Ectelius.
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeDim 21 Déc - 20:30

Celui-ci finit par la retrouver au terme de d’une heure de recherche.
- Tyra… l’interpela-t-il sur un ton tout à fait glacial absolument inhabituel, en voyant avec qui elle se trouvait.
Reconnaissant sa voix, la jeune fille sursauta violemment, comme prise en faute et posa sur lui un nouveau regard. Un regard affolé d’animal traqué.
- Ecarte-toi de lui. Tout de suite, ordonna-t-il d’un ton dur sans paraître avoir conscience de la peur qu’il suscitait désormais chez elle.
L’elfe était toujours terrifiée, mais la volonté rend capable de bien des choses, aussi hésita-t-elle à peine une seconde avant de prendre la parole.
- Non, répondit-elle d’une voix plus ou moins assurée, tout en le fixant.
- Tyra je t’ai donné un ordre, appuya-t-il, oubliant que lui donner des injonctions ne faisait qu’envenimer les choses.
A présent plus assurée, l’apprentie se releva afin de moins se trouver en position d’infériorité et soutint son regard presque hypnotique sans flancher.
- Et je t’ai répondu, rétorqua-t-elle fermement.
Elle savait parfaitement ce qu’elle risquait après l’avoir vu à l’œuvre, mais elle trouvait la consigne stupide.
- Laisse-moi Tyra, intervint alors Alrayan qui ne souhaitait pas qu’elle soit punie à cause de lui.
- Non, répondit-elle doucement à son intention, avant d’ajouter pour son mentor : Je réprouve les ordres, surtout idiots. Et j’ai horreur des injustices.
- Tu ose me juger ? questionna Ectelius en étrécissant les yeux.
- Oui, répondit-elle sans flancher.
- Ignores-tu ce qu’il advient de ceux qui me défient ?
Un silence menaçant plana entre eux, que Tyra brisa.
- Non, répondit-elle froidement. J’étais là. J’ai vu.
Elle n’avait pas besoin d’en dire plus pour que le chef de la Guilde comprenne. Pour qu’il saisisse qu’il avait été trop loin avec elle. Il la connaissait pourtant. Il connaissait ses réactions. Il aurait du se rappeler ce que lui-même avait dit à Praven quelques années auparavant. Il avait fait deux choses totalement stupides, perdant ainsi la confiance aveugle que la jeune fille plaçait en lui jusqu’à lors. Piteux, le demi-elfe tenta de se rattraper comme il le put, mais le mal était fait.
- J’ai mes raisons tu sais, essaya-t-il pitoyablement.
- Quelles qu’elles soient, elles ne justifient rien à mes yeux. Surtout pas un tel déchainement de violence, asséna-t-elle brusquement du haut de ses seize ans en s’adressant au Maitre-Assassin. Par Zeran, tu n’es pas n’importe qui, alors ne te comporte pas comme n’importe qui !
- Quelle farce… ironisa alors Alrayan d’une voix rauque. Tu es stupide Tyra.
- Peut-être bien. Mais j’ai des convictions et je les suis.
Une autre qu’elle lui ayant parlé sur ce ton, l’ayant réprimandé, lui, aussi vertement, n’aurait probablement pas revu la lumière du jour. Mais il s’agissait de Tyra. Belle, fière et indomptable Tyra. Vibrante, brillante… magnifique en un mot, dans toute son indignation, même si elle agissait pour défendre sa vermine de frère.
- Lutter pour tes idéaux te va bien… déclara-t-il soudain en souriant, redevenu tout miel.
Déstabilisée par le brusque changement de ton et de comportement, l’apprentie baissa sa garde, le dévisageant avec étonnement, tandis qu’Alrayan, coutumier du fait, le fixait, impassible. La modification de l’attitude de la jeune fille n’échappa pas au regard de son maitre, qui sentait qu’il avait au moins gagné une bataille.
- Viens ma belle, nous avons du travail, dit-il ensuite de ce ton enjôleur qu’il avait l’habitude d’utiliser avec elle.
Un brin méfiante malgré tout et répugnant à quitter son pauvre éclopé, l’elfe jeta un coup d’œil à ce dernier, incertaine quand à ce qu’elle devait faire.
- Laisse-moi, lui dit alors le jeune homme d’un ton dur.
Abasourdie, elle se tourna franchement vers lui, un éclair de tristesse passant dans son regard couleur glacier. Il la rejetait ? Alors qu’elle le défendait ? C’était incompréhensible. Elle ne saisissait pas et en ressentit un douloureux pincement au cœur. Se refermant alors, elle se tourna vers Ectelius sans plus jeter un regard à Alrayan.
- Je te suis.



Le cœur battant, elle pénétra dans la chambre et s’avança vers le lit afin d’accomplir sa mission du jour. Dégainant l’une de ses dagues, la jeune fille la levait déjà pour en frapper sa victime, quand elle réalisa sa jeunesse.
Non, je ne peux pas… Pas un enfant… Impossible…
Son bras retomba. Elle pouvait accomplir beaucoup de choses… mais pas ça… C’était au dessus de ses forces.
Reculant, elle quitta précipitamment la pièce et sortit de même de la maison.
- Déjà de retour ? s'étonna Ectelius à mi-voix en la voyant revenir.
- Je n'ai pas pu… lâche-t-elle d'une voix sourde.
- Je te demande pardon ? fit le Maître-Assassin, croyant voir malentendu
- Je n'ai pas pu... répéta-t-elle.
- Viens…
Le demi-elfe ne dit pas un mot de plus, mais une contrariété inhabituelle s'était affichée sur ses traits. Ce fut donc en silence qu'il entraîna son apprentie vers la Guilde.
Lorsque tous deux furent de retour, il se tourna vers elle et demanda :
- A quoi donc dois-je cet échec ?
A la façon dont il prononça le mot, il s'avérait clair qu’il le tenait en horreur.
- C'était un enfant... Il était plus jeune que moi... Je n'aurais pas pu lui faire de mal et encore moins le tuer. J'aurais eu l'impression de me tuer moi-même.
- Un bon assassin n'est pas censé tenir ce genre de discours ni avoir de telles considérations, rappela-t-il d'un ton sévère qu’il n'avait encore jamais employé avec elle.
Ce rappel à l'ordre en fut trop pour Tyra, qui se rebella.
- Et bien peut-être ne suis-je pas un bon assassin ! Peut-être ne suis-je même pas un assassin du tout ! Peut-être n'étais-je pas destinée à cette voie à laquelle vous m'avez condamnée ! Mais ça, ni Praven ni toi n'y avez réfléchi ! s'exclama la jeune fille. Je n'aime pas tuer !
Ces propos contrarièrent l'androgyne chef de la Guilde.
- Je suis désolé Tyra, mais je ne peux pas me permettre de te laisser t'engager sur ce chemin... Peut-être que quelques jours de jeûne te feront revenir à la raison...
Il frappa alors dans ses mains et deux colosses approchèrent d'elle. De ceux qui l'avaient prise à partie le jour de son arrivée, elle les reconnût.
- Emmenez-la où vous savez, ordonna-t-il, la colère dans sa voix faisant place à la froideur.
Il n'avait pas plutôt achevé sa phrase, que les deux hommes s'emparaient de ses bras frêles.
- Lâchez-moi, espèce de brutes ! dit-elle sans produire le moindre effet sur ses geôliers.
Tandis qu'ils s'éloignent avec elle, Ectelius entendit sa protégée proférer une bordée de jurons elfiques colorés et le maudire. Il soupira. La traiter de cette façon ne l'amusait pas. Agir ainsi, c'était courir le risque qu'elle le haïsse, mais il n'avait pas le choix. Il ne cherchait nullement à la briser, ni même à mater son caractère rebelle... pourtant, en cette circonstance, il se devait de faire preuve de fermeté, d'inflexibilité. C'était ça ou risquer de les perdre elle et son potentiel. Il devait tuer dans l'œuf la moindre hésitation, le plus petit remord de conscience. Un assassin ne possédait nulle conscience. Ou il devenait fou. Il ne voulait pas qu'elle devienne folle. La Guilde avait trop besoin de son intelligence, de son esprit d'analyse, de ses talents. Elle devait rester et se faire à cette vie. De nouveau, il expira bruyamment. Il irait lui parler plus tard. En l'occurrence, la jeune elfe n'était pas en état de l'écouter et il ne tenait pas à un affrontement avec elle.
De son côté, Tyra, enfermée dans ce qu'il fallait bien appeler une cellule, tournait en rond comme une seija en cage. Elle en aurait hurlé de frustration. Pourquoi la punissait-il ? Pourquoi ? Il était insatisfait de l'issue de cet « entraînement », soit, mais de là à l'enfermer sans nourriture...
Plusieurs heures passèrent avant que le demi-elfe ne pousse la porte de sa prison.
- Tyra... l'appela-t-il doucement.
Elle ne répondit pas. Bras croisés sur la poitrine, lèvres pincées, elle était l'image même de la rébellion, de la rancune.
- Allons ma belle... Essaie de comprendre la situation au lieu de te braquer.
- Quelle situation ?! J'ai juste expliqué ce que je pensais ! Tu m'avais dit que je pourrai toujours parler franchement et quand je le fais, voilà le résultat ! Tu n'es pas logique !
Les prunelles flamboyantes, elle le défia du regard et malgré ses 15 ans, le demi-elfe ne put s'empêcher de la trouver belle dans son indignation, dans sa révolte. Elle possédait une telle volonté, un tel caractère… Il était persuadé qu'elle deviendrait un assassin hors pair. Sûrement la meilleure même. Mais pour ça, il faudrait qu'elle se discipline. Et ce n'était pas gagné.
- Allons ma belle, imagine ce qui se passerait si chacun de nous se posait des cas de conscience comme le tien… plus personne n'exécuterait ses contrats, ce serait l'anarchie.
- Il s'agissait de moi, pas des autres ! Et figure-toi que moi, j'ai des principes ! Je ne tue pas les enfants !
- Un assassin avec des principes est un cadavre en puissance, Tyra, rétorqua sévèrement Ectelius en fronçant les sourcils.
- C'est ridicule. Je ne suis pas du tout d'accord.
- Je ne te demande pas être d'accord ou non, simplement de faire ce que je te dis.
Pour une fois, il se posait en maître, plus en simple mentor.
Ayant dit cela, il se dirigea de nouveau dans la porte, puis s'immobilisa sur son seuil avant de se retourner pour conclure :
- Je te laisse réfléchir à tout cela. Je reviendrai demain dans la journée. J'espère que tu seras revenue à la raison d'ici là.
Et sur ces mots, il quitta le cachot pour refermer la porte à clé.
L'écho de ses pas décrût. Le silence retomba. Enfermée... Elle était enfermée... Elle détestait ça, comme tous les elfes. Il lui semblait déjà que l’air lui manquait, elle avait l'impression d'être oppressée... Comment tiendrait-elle trois jours dans ces conditions ? Impensable… Impossible… A cette idée, elle poussa un long hurlement qui se répercuta sur toutes les parois, témoignant de sa frustration, ainsi que de sa colère refoulée. Puis, les dents serrées, elle martela le mur de pierre de ses poings plusieurs minutes, ignorant la douleur, avant de se laisser glisser à genoux, tête basse. La jeune fille resta ainsi prostrée un long moment, puis se redressa lentement, en déroulant son dos pour finir par relever la tête, arborant un air décidé. Il voulait la faire plier… mais elle ne lui ferait pas ce plaisir. Elle était plus forte que ça. Elle possédait assez de caractère pour résister une malheureuse journée d’emprisonnement…



En fin d’après-midi le lendemain, le Maître-Assassin déverrouillait la lourde porte et pénétrait dans la pièce dans laquelle il trouva la jeune fille assise en tailleur. Sentant une présence, Tyra ouvrit brusquement les yeux et le fixa. En constatant la lueur de défi qui y transparaissait toujours, Ectelius retint un soupir. Visiblement, même cet enfermement, ce jeûne forcé, n’avaient pas eu raison de son entêtement. Elle n’avait manifestement pas changé d’idée et lui faisait savoir, par ce regard, qu’elle campait sur son principe. De nouveau, il refoula une bruyante expiration. Il ne voulait pas l’affamer, mais ne pouvait non plus la laisser le défier de cette façon. Son honneur ne le permettrait pas. Alors, que faire ?
- Tyra, Tyra, Tyra… Que vais-je faire de toi, ma belle, si tu n’arrives pas à te soumettre au Code ni à mes ordres, hum ? questionna-t-il d’un ton las.
L’elfe ne répondit pas mais il se sentait incapable de trop de sévérité à son égard. Croiser son magnifique regard bleu glacier suffisait à lui en ôter toute envie.
- Allons, sors d’ici et va te restaurer.
Sans un mot, elle se redressa, puis s’éloigna sans lui accorder un regard supplémentaire.
Tant de fierté dans ce petit bout de femme, tant de rébellion à peine maîtrisée… Elle était vraiment digne de lui.

~~~~~~~~~~~~~

C’était le milieu de la journée et la place se trouvait noire de monde. Fait insolite hors d’un jour de marché. Les badauds amassés regardaient tous dans la même direction, celle d’une potence. Un roulement de tambour, une proclamation. A l’abri de sa capuche, Tyra, qui passait par là, s’approcha, intriguée. Cinq humains et quatre elfes, parmi lesquels elle reconnût le blondinet qu’Ankth’yor avait manqué châtrer. Manifestement, le général n’était pas d’humeur affable… ou alors ces mâles s’étaient rendus coupables d’actes graves. Plus graves que des meurtres ? La jeune femme en doutait. Pourtant, elle avait eu la vie sauve. Elle avait échappé à la corde. Un nouveau coup d’œil aux condamnés qui tremblaient de peur. Elle esquissa un sourire dédaigneux. Aucun courage… affligeant. Le soldat qui officiait passa rapidement un nœud coulant autour de chacune des neuf gorges, semblant pressé d’en terminer avec cette désagréable besogne. Toujours ce tambour qui lui vrillait les tympans. L’elfe mourrait d’envie d’utiliser l’une de ses dagues pour montrer au batteur le vide qui constituait l’intérieur de son instrument, mais elle se contint. Inutile de prendre le risque de se faire repérer par un acte aussi impulsif. Elle était bien plus raisonnable que ça. Le garde s’approcha du levier commandant l’ouverture de la trappe située sous les pieds des prisonniers. C’était une question de seconde à présent et les murmures qui parcouraient la foule l’instant d’avant se turent. Un geste et trois se balancèrent au bout de leur corde. Trois seulement, qui étouffaient lentement, leur agonie bien visible, alors que leurs camarades demeuraient immobiles. Tyra supposa que leur nuque s’était brisée sur le coup. Quelques instants passèrent et les derniers pendus cessèrent à leur tour de remuer. Neuf morts d’un seul coup. Il ne faisait vraisemblablement pas bon irriter le général. Elle avait eu beaucoup de chance. Le macabre spectacle étant à présent terminé, le rassemblement se dispersa, chacun retournant vaquer à ses occupations sans paraître le moins du monde choqué par la scène qui venait d’avoir lieu. Ses concitoyens étaient donc blasés à ce point… Ayant à faire de son côté, l’assassin s’éloigna elle aussi de la place en compagnie de la seija invisible, s’enfonçant rapidement dans les ruelles.
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MessageSujet: Re: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeDim 21 Déc - 20:35

Fluidité. Grâce. Finesse. Les enchaînements de mouvements que Tyra pratiquait depuis maintenant une heure ressemblaient à une danse très lente, qu’elle avait appris à apprécier. Elle l’apaisait tout en lui apportant équilibre, souplesse et self-control. Près d’elle, Ectelius, absorbé par sa gestuelle, paraissait la sérénité incarnée, ce qui la fit hésiter. Devait-elle poser la question qui lui trottait dans la tête depuis un bon moment ? Le Maître-Assassin ne lui avait jamais tenu rigueur de ses interrogations qui semblaient l’amuser plus qu’autre chose, mais là… C’était si personnel que, bien qu’il n’ait jamais levé la main sur elle, la jeune fille ne pouvait s’empêcher de craindre sa réaction.
Ses gestes durent être un rien trop lents, car le demi-elfe se tourna vers elle.
- Qu’y a–t-il ma belle ? demanda-t-il de son habituelle voix de velours liquide.
Pas encore tout à fait décidée sur la conduite à adopter, elle préféra travestir la vérité.
- Rien rien, fit-elle en reprenant son exercice.
- Allons Tyra, ne me mens pas, reprit-il de même. Ne sais-tu pas que tu peux tout me dire ?
- C’est que… hésita-t-elle.
- Dis-moi, insista son mentor en la prenant par les épaules, vrillant son regard dans le sien.
Ce regard auquel il était impossible de refuser quoi que ce soit. Elle s’y rendit.
- Je… voulais savoir pourquoi tu hais tant Alrayan, lâcha-t-elle alors.
La soudaine mention de son frère déplut profondément à Ectelius qui, fait d’une extrême rareté, arbora un air souverainement ennuyé tandis qu’une moue méprisante apparaissait sur ses lèvres.
- Pourquoi me poses-tu cette question ? demanda-t-il, un peu refroidi, en la lâchant.
Pourquoi fallait-il toujours qu’elle ait le nom de son maudit frère à la bouche ? Alrayan, Alrayan, Alrayan... Il avait l’impression qu’elle passait son temps à parler de lui, alors que son propre prénom ne franchissait que très rarement la barrière adorable de ses lèvres. Et pourtant, par Zeran, qu’il aimait l’entendre le prononcer. Dissimulant sa mauvaise humeur avec son habileté coutumière, il attendit qu’elle réponde.
- Parce que… j’ai remarqué que tu es beaucoup plus dur avec lui. Plus… cruel...
Tout en parlant, la jeune elfe prenait conscience qu’elle mettait directement son maître en cause, qu’elle l’accusait. Mais il était trop tard pour reculer.
- Tout simplement parce qu’il n’a pas le droit d’être faible. Moins que tout autre même puisqu’il est mon frère.
- Mais à quoi est due ta haine pour lui ? Car il s’agit bien de haine, c’est évident.
Il y eut un silence, puis Ectelius cracha :
- C’est un malade. Un pervers qui n’aime rien tant que tuer d’innocentes jeunes filles, qu'il viole alors que leur corps n’est même pas froid. Il lui est même arrivé de dépecer ses victimes.
A ce récit macabre, Tyra porta la main à sa bouche en écarquillant les yeux d’épouvante. C’était effroyable, ignoble… Seul un monstre pouvait se montrer capable de telles atrocités. Au fond d’elle, la jeune fille avait du mal à associer ces actes aussi répugnants que barbares, au visage de silëni d’Alrayan. Cela correspondait si peu à ce qu’elle connaissait de lui… Mais comment ne pas croire Ectelius ? Il avait l’air si sincèrement écœuré… et on l’aurait été à moins.
- J’ai tenté cent fois, mille fois de lui faire entendre raison… en vain. Il est trop profondément perverti pour espérer une quelconque rédemption, ajouta le demi-elfe avant de conclure, l’air désolé : Il me répugne. C’est pourquoi je le hais, pourquoi je le malmène de toutes les façons possibles.
- Je… Oui, c’est normal, balbutia Tyra lorsque le choc de la révélation fut passé et qu’elle retrouva l’usage de la parole.
Elle s’était trompée. Sur tout et sur toute la ligne. Aveugle, crédule, elle s’était laissée éblouir par la beauté, le charisme, l’intelligence de l’assassin… Grossière erreur, elle venait d’en obtenir la preuve. Elle avait encore beaucoup à apprendre sur les hommes et leur nature. Beaucoup.
Sa déception, son désarroi, durent se lire malgré elle sur son visage, car Ectelius posa une main sur son épaule.
- Ne te reproche rien ma belle, lui dit-il ensuite d’un ton compatissant. Tu as été trompée comme je l’ai été, par un monstre très habile et expert en manipulation. Une telle créature ne devrait même pas vivre. Il est une honte, même pour les assassins. Si notre mère commune avait su quel être abject deviendrait son enfant, il ne fait aucun doute qu’elle l’aurait étranglé de ses mains. Mais je vois que mes paroles t’ont perturbée. J’en suis navré. J’aurais peut-être du me taire…
- N… Non… Ca va… Je préfère savoir.
- Je te rends ta liberté pour cet après-midi. Je pense que tu as besoin d’être au calme.
Réellement agitée, la jeune fille hocha la tête et s’éloigna sans un mot supplémentaire. Après de telles révélations, elle ne pouvait bien évidemment pas continuer à le retrouver comme elle le faisait depuis quelques jours… Elle devait même cesser de le voir si elle ne voulait pas se retrouver assimilée à… tout cela. Elle devait le lui dire sans tarder. Ce serait leur dernière entrevue. Redressant la tête d’un air décidé, elle sortit de la pièce à la recherche du jeune homme, qu'elle finit par retrouver, allongé sur une poutre de la salle d’entraînement, un livre dans les mains.
- Alrayan, l’interpela-t-elle d’en bas d’un ton froid.
Reconnaissant la voix de l’elfe, le jeune homme tourna la tête vers elle.
- Si tu veux me parler, monte, Tyra, dit-il avant de reprendre sa lecture interrompue.
N’ayant pas vraiment envie de faire d’efforts étant donné ce qu’elle était venue lui dire, elle grommela, mais le rejoignit tout de même en sautant rapidement de poutre en poutre comme il le lui avait appris peu auparavant.
- Quel bon vent t'amène ? demanda alors l’assassin, toujours couché, en tournant une page du manuscrit. Tu n'as pas entraînement avec Ectelius à cette heure-ci ?
- Je ne veux plus continuer à m'entraîner sous ta direction, lâcha-t-elle alors froidement sans s’occuper de ses questions. Tes actes rejailliraient sur moi d'une façon ou d'une autre et je ne le veux pas.
Cette déclaration soudaine étonna Alrayan, qui abaissa le volume qu’il tenait en fronçant les sourcils.
- Mes actes ? Je suis un assassin, comme n'importe qui d'autre dans cette Guilde.
- Ne fais pas l'innocent, rétorqua-t-elle, peu amène. Je sais tout.
- Je peux savoir de quoi tu parles ?
- Ectelius m'a tout dit. Inutile de nier.
Cette phrase fit comprendre au jeune homme que son frère avait encore trouvé une façon quelconque de lui faire du tort.
- Allons bon... Qu'a encore inventé Ectelius ? demanda-t-il en poussant un soupir irrité.
Cette expiration bruyante n’échappa pas à la jeune fille, mais elle s’en moquait.
- Il a dit que tu... tues des jeunes filles et abuse ensuite d'elles ; que tu en a déjà dépecé certaines…
En cet instant, elle aurait aimé posséder le légendaire détachement de son mentor, car elle sentait que le dégoût transparaissait dans sa voix malgré elle.
Ces paroles plongèrent Alrayan en état de choc. Il resta tout d’abord bouche bée, totalement ébahi par l'énormité de la révélation, puis la referma, son regard s’assombrissant de façon inquiétante.
- On dit que plus le mensonge est gros, plus on le gobe facilement... fit-il simplement d'une voix plus dure et glaciale que jamais.
A peine eut-il fini de parler, qu’il jeta son livre pour se ruer en contrebas à une vitesse inhumaine et sortit de la pièce comme une flèche en laissant Tyra aussi seule que stupéfaite.
Très fier d’avoir si brillamment réussi à retourner son élève chérie contre son frère, Ectelius était retourné dans la grande salle. Assis sur son trône, il devisait gaiement avec quelques un de ses confrères, lorsqu’Alrayan fit irruption dans la pièce et se précipita vers lui, les traits défigurés par la rage.
- ECTELIUS ! rugit le jeune homme.
En le voyant arriver, le demi-elfe prit un air exaspéré.
- Quoi encore Alrayan ? demanda-t-il du ton que les éternelles récriminations ennuient au plus haut point.
- Comment as tu OSE raconter un tissus d'horreur pareil à Tyra ?! cracha l’assassin, blanc de rage, en attrapant son ainé par le col de sa tunique. Je savais que tu n'étais qu'un petit arriviste égoïste et manipulateur, mais là... Je t'INTERDIS de la monter CONTRE moi ! Si tu es jaloux, c'es TON problème !
Ce déferlement de violence verbale n’eut pas le moindre effet sur le Maître-Assassin, qui, tout à fait impassible, rétorqua posément avec un brin de nonchalance :
- Je t'avais dis de ne plus la voir... Tu ne m'as pas écouté, tu en payes les conséquences. Il ne faut t'en prendre qu'à toi.
- Tu n'as rien à m'interdir, rétorqua son cadet sans changer de ton. Si elle est curieuse de savoir d'où vient ta haine, tu n'as qu'à lui dire la vérité au lieu de trouver d'aussi abominables subterfuges !
- Jamais.
- A moins que tu ne sache pas toi même pourquoi tu me déteste tant... persiffla alors le jeune homme, le visage crispé de rage.
- Ne sois pas ridicule... fit alors Ectelius dans une grimace méprisante.
- Alors laisse-la tranquille.
- Tant que tu la verras, je continuerais à lui raconter sur toi ce qui me passera par la tête, rétorqua froidement le demi-elfe. Elle me croit de toute façon.
- Elle finira par ne plus le faire...
- C'est mal me connaitre mon cher, riposta le chef de la Guilde.
Il souriait en coin tout en parlant, mais l’éclat minéral de son regard le démentait. Il n’hésiterait pas une seule seconde si son frère s’entêtait à aller à l’encontre de ses ordres.
- C'est mal ME connaître.
- Et que vas-tu faire ? Protester de ton innocence auprès d'elle ? (il eut un reniflement méprisant) Elle me connait depuis bien plus longtemps... Qui penses-tu qu'elle croira ? Abandonne, tu n'as aucune chance face à moi. Je te domine.
Mais c’était mal connaître Alrayan que penser qu’il puisse se laisser déstabiliser par de tels arguments.
- J'ai des capacités que tu ignores mon cher frère... dit-il alors d’une voix trop suave pour être honnête. Des capacités que je saurai utiliser pour prouver ma bonne foi à Tyra et contre lesquelles tu ne pourras rien.
- Prouve-le, le défia alors le Maître-Assassin, toujours dédaigneux. De toute façon, quelle importance que tu sois perdu dans son estime ? Tout ce qu’elle représente pour toi, c’est le déplaisir que tu me cause en passant outre mes consignes.
Un soupir agacé échappa au jeune homme.
- J'ai mieux à faire que de la voir uniquement pour te déplaire. Ne te donne pas tant d'importance. Et tu crois vraiment que je vais te montrer quelque chose dont tu ignore l'existence ?
- Lâche en plus. C'est bien ce que je pensais... Tu ne vaux rien.
- Pas lâche mon cher. Avisé. Mais il est vrai que cette notion t'est toujours passée cent lieues au dessus...
L'accusation fit lever les yeux d'Ectelius au ciel.
- Ce qu'il ne faut pas entendre, dit-il en le repoussant rudement.
- Cesse de déblatérer des mensonges.
- Quel pouvoir as-tu de m'en empêcher ? Si je peux te nuire d'une quelconque façon, ne compte pas sur moi pour m'en priver mon « cher frère ».
Il se tut un instant, puis sachant exactement où appuyer pour faire le plus mal, ajouta dans un sourire cruel, son regard impitoyablement froid fixé sur son cadet :
- De toute façon, tu n'as toujours été qu'un caillou dans ma botte...
Ainsi qu'il l'avait prévu, la phrase porta. Alrayan devint aussi exsangue que si tout son sang avait subitement quitté son corps et cela fit intérieurement jubiler le Maître-Assassin.
La déclaration amena immédiatement un grand silence dans la salle, à tel point qu'il était possible d'entendre les respirations entremêlées de tous ses occupants. Tous les regards s'étaient vrillés sur le jeune homme, attendant une réaction qui ne manquerait certainement pas de violence.
C'est alors que Tyra fit son entrée. Un coup d'œil à la pièce anormalement silencieuse lui fit comprendre qu'il se passait quelque chose d'anormal. Apercevant les deux frères face à face, elle se demandait quel évènement grave avait bien pu se produire, lorsque le plus jeune des Malornë reprit la parole.
- Un... caillou dans ta botte ? Vraiment ? répéta-t-il d'une voix blanche.
Son aîné arborait un air qui ne laissait pas place au doute, pourtant Ectelius prit un malin plaisir à river le clou, achevant de le crucifier.
- Il n'y a pas de mot plus fort, sinon je l'aurais employé.
Le court échange fit instantanément comprendre à Tyra de quoi parlait son mentor, ce qui la fit pâlir à son tour. Non, il n'avait pas pu dire à son frère une chose aussi terrible...
Alors, furieux et bien plus affecté qu'il ne l'aurait cru par l'horrible aveu fait sans sourciller, Alrayan poussa un véritable rugissement de bête fauve, avant de se ruer sur son frère à grande vitesse, pour le frapper de toutes ses forces. Le saisissant par le col de sa tunique, il entreprit de le tabasser dans les règles de l'art.
Ectelius, qui ne s'attendait pas à un tel déferlement de fureur, ne répliqua tout d'abord pas, puis commença à rendre coup pour coup, sous les encouragements des assassins présents.
Craignant pour les deux belligérants malgré ce qu'elle avait appris d'Alrayan, la jeune fille se précipita pour essayer de les séparer.
- Alrayan ! Ectelius ! Arrêtez ! s'écria-t-elle dans l'espoir de les stopper.
Mais ni l'un ni l'autre ne lui porta la moindre attention. Ils étaient trop occupés à se frapper aussi fort que possible. Alrayan avec toute la puissance que donnent colère et désespoir ; Ectelius avec celle que confèrent expérience et habitude.
Mais le demi-elfe n'était pas le Maître-Assassin pour rien. Sachant exactement où frapper pour blesser, il dégaina une dague à une vitesse surhumaine pour l'en frapper. Mais, ayant vu venir le coup, Tyra s'interposa. Incapable d'arrêter son bras en constatant la présence de son élève entre eux, le chef de la Guilde vit avec horreur la lame perforer violemment l'abdomen de sa protégée. Le souffle coupé par la fulgurance de la douleur, la jeune fille tomba à genoux, yeux exorbités et main crispée sur la plaie béante dont le sang s'écoulait à flots.
Dédaignant aussitôt Ectelius, Alrayan fit volte face pour plaquer ses deux mains sur la plaie provoquée par son frère. Paniqué, il incanta à une vitesse telle qu'il était presque impossible de comprendre les mots prononcés. Ses mains rougies d'hémoglobine s'illuminèrent de magie et il commença à la soigner, se vidant rapidement de son énergie.
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MessageSujet: Re: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeDim 21 Déc - 20:36

- Si elle meurt par ta faute, je te ferais regretter d'être venu au monde... menaça Ectelius entre ses dents lorsqu'il constata que, mortellement pâle, elle avait perdu connaissance.
Sans l'écouter, le jeune homme continua d'insuffler sa magie à la jeune fille en priant silencieusement pour qu'elle ouvre les yeux.
De son côté, le demi-elfe observait la manœuvre de guérison avec appréhension. Il savait son coup était mortel...mais il visait son frère, bien plus grand que son apprentie. Il savait donc également qu'il ne pouvait l'avoir touchée très grièvement.
Tyra ouvrit péniblement les yeux une éternité plus tard et aperçut seulement Alrayan penché sur elle. Celui-ci, bien qu'en sueur et épuisé par l'effort fourni par sa guérison, eût cependant les yeux qui brille en la voyant reprendre conscience.
A peine remise, la jeune fille, posa la seule question qui lui importait.
- Tu... n'es pas blessé ? demanda-t-elle d'une voix sourde.
Trop fatigué pour parler, le jeune homme secoua la tête en signe de dénégation. C'est alors que le regard de Tyra accrocha es mains de l'assassin, pleine de sang. Le sien manifestement. Risquant un coup d'oeil sur son ventre, elle comprit qu'il l'avait soignée.
- Merci... dit-elle seulement.
Elle avait du mal à comprendre comment quelqu'un qui capable de telles atrocités pouvait se montrer si prévenant... et sembler si angélique.
- Tyra... Comment te sens-tu ma belle ? demanda soudain Ectelius d'une voix inquiète.
- Nauséeuse, mais mieux... et d'après ce que je constate, ce n'est pas grâce à toi, répondit-elle, un brin plus froide, avant d'ajouter, accusatrice : Tu t'es conduit comme un imbécile Ectelius.
Il pouvait difficilement prétendre le contraire en l'occurence puisque, cherchant à se débarrasser de son encombrant cadet, il avait failli mettre fin à la vie de son élève. Elle était vraiment la seule qui pouvait se permettre de lui dire ce genre de chose sans mettre immédiatement sa vie en péril.
- Tu devrais te reposer... dit ensuite l'elfe à son sauveur sans pouvoir s'empêcher de le regarder avec tendresse. Je suis désolée que tu sois dans cet état à cause de moi...
- Ectelius... te mens Tyra, parvint à articuler ce dernier d'une voix rendue pâteuse par la fatigue.
- Que veux-tu dire ? questionna-t-elle, interloquée.
- Je... n'ai jamais... faites les horreurs... qu'il t'a dites... reprit le jeune homme sans se préoccuper du regard de tueur que son aîné posait sur lui.
- Tu devrais te reposer... Tu n'es pas en état de parler... Nous en reparlerons... dt-elle en repoussant une mèche collée au front de l'assassin.
- Dis moi... que tu me crois... bafouilla-t-il encore en posant sur elle un regard aigu.
- Nous en reparlerons Alrayan, rétorqua l'elfe.
- Non. Dis-le-moi.
- Pourquoi est-ce si important de me l'entendre dire ?
ll déglutit. Visiblement, chaque mot lui coûtait à prononcer dans son état de faiblesse. Pourtant il répondit.
- Parce que... je ne veux pas... que tu crois... ces horreurs... Ectelius... ne veut pas que je te revois... Alors il inventera... tout ce qui lui passera par la tête...
Le chef de la Guilde choisit alors de se mêler de la conversation à laquelle il n'avait pas encore pris part.
- Ne l'écoute pas ma belle. Je ne t'ai jamais menti. Pourquoi le ferais-je ? C'est ridicule...
Ces mots... Cette voix... enjôleuse, quasi hypnotique... Complètement perdue, Tyra regarda tour à tour chacun des deux frères, incapable de décider qui croire.
- Je... fit-elle.
Mais elle ne put en dire davantage. Il aurait fallut qu'elle sache où elle en était et ce n'était plus le cas.
- Il... me hait... Chaque... mot qui sort de sa bouche... est un mensonge destiné à te dresser... contre moi... articula encore Alrayan entre ses dents, luttant pour ne pas défaillir à son tour.
Les yeux bleu glacier de la jeune fille se posèrent de nouveau sur le cadet des Malornë.
- Je connais ses sentiments à ton égard... mais... il ne m'a jamais menti jusqu'ici... objecta-t-elle, incertaine.
Sa réponse amena un sourire triomphant sur les lèvres du Maître-Assassin. Enfin ! Enfin, il avait le dessus sur son maudit frère ! A force de la manipuler, il allait forcément réussir à la détacher de lui, à l'arracher à l'exécrable fascination que son cadet semblait exercer sur elle.
- Regarde-le... Regarde le Tyra... dit encore Alrayan. Et dis-moi s'il a l'air sincère...
Comme la jeune fille tournait la tête vers lui, le chef de la Guide essaya de changer d'air avec son habituelle célérité... mais n'y parvint pas assez vite pour éviter qu'elle remarque sa mine.
Il n'en fallut pas plus pour qu'elle comprenne que son mentor, à qui elle faisait une confiance aveugle, lui avait délibérément menti.
- Ectelius... pourquoi ? demanda-t-elle, à la fois peinée et déçue.
Sa culpabilité avérée aux yeux de son élève, le demi-elfe choisit de ne pas lui répondre et, leur tournant le dos, quitte la pièce.
Il n'avait même mas essayé de se justifier. Il lui avait menti, il l'avait trahie au nom d'une haine fraternelle totalement inique. Tyra aurait dû être folle de rage d'avoir été manipulée, mais ce n'était pas le cas. Triste, déçue, blessée oui, mais pas en colère. Ou du moins seulement contre elle qui s'était montrée si crédule, si cruelle vis à vis d'Alrayan. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Pourrait-il lui pardonner sa bêtise ? Lui pardonner de s'être retournée contre lui, d'avoir cru le ramassis d'immondices que le Maître-Assassin avait racontés à son sujet ? Elle l'espérait du fond du cœur. Quand à Ectelius... comment lui faire de nouveau confiance après cela ? Elle avait vu avec quel aplomb sans faille il était capable de lui mentir... Alors, comment croire à ses paroles désormais ?
Une boule dans la gorge, elle se tourna vers son sauveur et bafouilla des mots vides de sens au regard de ce qu'elle ressentait, de ce qu'elle aurait voulu lui dire.
- Alrayan, je... je suis désolée...
Il n'entendit rien car, au même instant, il s'effondrait sans connaissance.
- NON ! s'exclama alors Tyra, terrifiée à l'idée qu'il lui arrive quelque chose par sa faute.

~~~~~~~~~~~~~

Assis derrière son bureau, les mains croisées et d’une humeur massacrante, le général ruminait une fois encore les faits passés. Il s’était laissé distraire, perdant toute notion de prudence à cause d’elle. Etait-il devenu fou ? Non, mais tout ceci avait failli lui coûter cher. Très cher, en commençant par la vie. Il ne pouvait se le permettre. Sans parler des remontrances de l’Empereur. Il s’en était fallu de peu qu’il ne perde son poste. Le souverain n’avait guère goûté qu’il se fasse attaquer à la sortie d’une taverne, quel qu’en soit le prétexte. Aussi devait-il faire cesser cette attitude indigne, lui avait-il signifié avant de lui faire comprendre que sa place était en jeu. Il n’appréciait pas. Pas du tout. S’il s’était agi de quelqu’un d’autre, il serait déjà mort. Mais il lui fallait se reprendre, limiter sévèrement ses sorties civiles.
Il y a des priorités, se dit-il.
L’air mauvais, il rabattit sa capuche, avant de quitter les lieux pour descendre rejoindre son aide de camp dans la cours. Sa monture l’attendait déjà, ainsi que la garnison Secret, prête à exécuter le moindre de ses ordres. Il avait formé ces hommes à la fidélité absolue. Et aujourd’hui, il se sentait d’humeur à faire une descente dans le quartier malsain de la cité. Aucune clémence. Les pourceaux allaient regretter ses mauvaises dispositions du jour. Surtout lui, cette ordure qui dirigeait le réseau de prostitution. D’un geste impérieux de la main, il ordonna à tous de se mettre en marche.



Dans le hangar, un silence pesant venait de s’installer, qui fut brisé au bout de quelques minutes par le couinement désagréable d’un humain corpulent, rampant comme un vers misérable entre les cadavres de ses hommes de main. Des pas se firent entendre face à lui, cessant lorsque l’individu se trouva acculé contre le mur. Le général fit signe à sa garnison de l’attendre et tous s’exécutèrent.
- J’ai… J’ai des relations ! Vous allez le regretter ! s’écria le proxénète en le voyant approcher de nouveau.
Le militaire l’empoigna par le col pour lui faire percuter le mur. Un craquement sinistre se fit entendre, tandis que la voix sévère de l’officier murmurait avec un mépris manifeste :
- Je ne crois pas les vermines dans ton genre, les sous-hommes qui se servent de l’innocence des autres pour s’enrichir.
- Vous… Vous… balbutia encore le malfrat.
- Je vais t’envoyer les rejoindre oui… Mais je vais prendre mon temps. Tout mon temps, murmura Ankth’yor, un rictus cruel aux lèvres que ne pouvait voir sa victime. Les pourceaux dans ton genre ne méritent pas une mort douce.



La garnison attendit un peu moins d’une heure le retour de son leader, puis tous se remirent en marche sans formuler la moindre question. Pas mieux. Ces mécréants ne méritaient pas mieux que de mourir dans l’ignorance de tous. Une légère lueur, puis un embrasement intense. Le hangar venait de prendre feu, mais aucun d’eux ne se retourna ni ne cilla. Accusateur, juge et bourreau. Il avait le droit d’endosser ces trois rôles, pourtant il n’en abusait pas. Tous ceux qui se mettaient en travers des intérêts de l’Empire, de la paix en payaient le prix fort. Il était un général sans pitié avec ses ennemis… à une exception qu’il ne s’expliquait toujours pas. Elle.



Elle devait prendre livraison d’une toute nouvelle arme. Le rendez-vous était programmé depuis déjà des semaines et Tyra était assez impatiente de voir ce que l’armurier avait réussi à faire avec ses croquis pour seules indications. Sans se presser, elle se dirigea vers la porte menant aux docks. C’est là que résidait un forgeron Nain très doué dans son domaine à qui elle s’adressait toujours. Il était discret pourvu qu’on le paye suffisamment, pas regardant sur l’identité de ses clients et efficace. Tout ce qu’elle demandait. Pénétrant dans le secteur réputé mal famé, la jeune femme se dirigeait vers les quais, lorsque le claquement de sabots sur les pavés se fit entendre. Instinctivement, elle se plaqua contre le mur le plus proche, puis risqua un coup d’œil. Ils étaient loin et ne pouvaient la voir. Elle quitta donc sa cachette improvisée, puis s’appuya nonchalamment contre un mur, les bras croisés. Elle avait bien quelques instants avant d’y aller. Le visage dissimulé sous sa capuche, elle fixa donc la courte colonne de soldats qui passait devant elle, le martèlement rythmique des fers de leurs montures résonnant sur le sol. Ils arboraient tous l’air d’hommes ayant accompli une mission aussi importante que peu agréable. A leur tête, Ankth’yor… enfin non… le général en personne, qui, raide comme la justice dans son armure sombre, chevauchait son noir destrier avec allure et panache. L’officier suprême dans l’exercice de ses fonctions dans toute sa splendeur. Il émanait de lui une aura d’autorité incontestable. En le voyant ainsi, elle comprenait pourquoi William le respectait tant, lui obéissant aveuglément. L’elfe les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils soient hors de vue, puis quitta l’endroit et reprit sa route vers son but initial, sans discerner l’ombre qui la suivait à bonne distance. C’est alors qu’elle remarqua une vive lueur quelques rues plus loin. Curieuse, elle s’en rapprocha pour constater qu’elle provenait d’un gigantesque brasier. Un hangar en feu. Elle se souvint alors de la direction de laquelle venait le petit groupe. Cette direction. Ce feu de joie était donc leur œuvre. Qu’y avait-il à l’intérieur qui nécessitait cette fin expéditive ? Elle ne le saurait probablement jamais. Fascinée par les hautes flammes qui dansaient dans le ciel et leur crépitement, Tyra resta un moment à les fixer, puis se détourna. Elle avait à faire.
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Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeJeu 15 Jan - 17:09

Quelques jours avaient passé depuis l’évanouissement d’Alrayan et Tyra avait croisé le jeune homme à plusieurs reprises, sans trouver le courage d’aller lui demander de ses nouvelles. Non pas qu’elle ait peur de lui, mais elle était encore honteuse d’avoir cru les odieuses calomnies d’Ectelius et… en fait elle devait bien avouer également que depuis qu’elle avait découvert de quoi était capable ce dernier, elle le craignait. De ce fait, elle ne tenait pas à le mécontenter d’une quelconque façon, ce qui n’aurait pas manqué de se produire s’il l’avait de nouveau surprise avec ce frère cadet qu’il honnissait plus que tout.
Pourtant, cette distance aussi forcée que voulue mettait la jeune fille mal à l’aise. Elle avait peur qu’après toute cette histoire, Alrayan ne veuille plus entendre parler d’elle. Bien sur cela aurait été tout à fait compréhensible, mais elle espérait de toutes ses forces que ce ne soit pas le cas. Aussi avait-elle été plus que soulagée lorsque le petit mot habituel l’avait priée de se présenter à la salle d’entraînement.
Pourtant, à présent qu’elle se trouvait devant la porte, le cœur battant plus fort qu’un tambour, elle hésitait à entrer, ignorant comment il la recevrait à cette première entrevue depuis ce qu’elle avait baptisé « l’affaire Ectelius ». L’elfe laissa passer quelques secondes supplémentaires, puis prit une grande inspiration avant de pénétrer dans la pièce. Là, elle leva immédiatement la tête vers les combles et sa vue perçante ne tarda pas à découvrir le jeune homme, dissimulé dans un recoin encore plus sombre que d'habitude. Allez, elle y était, plus question de reculer à présent. Rapidement, l’apprentie bondit de poutre en poutre jusqu'à lui, puis resta quelques instants silencieuse avant de le saluer d’une voix très peu assurée.
- Bonsoir Alrayan.
- Tu adresses la parole au nécrophile ? demanda-t-il alors, amer.
Tyra prit cette interrogation comme un coup de poignard en plein cœur. Elle déglutit péniblement. Visiblement, il n'avait pas digéré les horreurs proférées par son ainé… et encore moins le fait qu’elle l’ait cru.
- Je... suis vraiment désolée, balbutia-t-elle, au supplice. Me pardonneras-tu ?
- C'est le temps qui te pardonnera, répondit-il, énigmatique.
Il y eut un silence pendant lequel elle baissa la tête, avant de la relever, refusant de se laisser abattre par son ton.
- Je... Merci de m'avoir soignée malgré... tout...
- Tu n'avais pas à être victime de la cruauté d'Ectelius, rétorqua-t-il d’une voix neutre.
- C'est sa cruauté justement qui m'a poussée à m'interposer... Je ne voulais pas que...
- Inutile d'épiloguer d'avantage sur cet épisode, la coupa-t-il soudain.
Bon, il ne voulait pas parler de ça. Message reçu… même si elle aurait volontiers approfondi la question. Mais il ne la repoussait pas, alors autant éviter de le braquer par des questions auxquelles il ne voulait pas répondre.
- Je suis contente de voir que tu es remis en tout cas. Je voulais venir te demander de tes nouvelles mais...
- Tu as bien fait de ne pas venir, l’interrompit-il encore, laconique.
Manifestement, mieux valait changer de sujet. Elle était assez fine pour juger quand elle devait s’arrêter.
- Alors, quel est le programme ? demanda la jeune fille à son tour pour en venir à la raison de sa présence dans la pièce.
- On va dehors cette fois, répondit-il finalement dans un mince sourire.
Cette fois, la stupéfaction se peignit sur les traits de son interlocutrice. Sortir ? Mais il gelait à pierre fendre ! C’était même à tel point que tous les assassins ayant un apprenti leur avaient donné pour consigne de rester à l’intérieur.
- Dehors ? Mais... même Ectelius ne veut pas que je sorte par cette température… objecta-t-elle.
- Nounou Ectelius ne veut pas, mais tu ne seras pas toujours au chaud à la Guilde.
Visiblement, il était décidé. C’était bien sa veine… Un soupir inaudible lui échappa.
- Et... qu'allons-nous faire dehors ? questionna-t-elle d’un air résigné.
- Mettre tes cours en pratique.
Et sur ces mots, il bondit jusqu’au sol.
Encore ébahie de sa décision, Tyra bondit à sa suite, se réceptionnant souplement au sol. Elle ne fit pas la moindre remarque supplémentaire, mais elle était gelée rien qu’à penser à l’extérieur.
- Va chercher ta cape et ce qu’il te faut. Je t’attends dehors, lui dit-il en s'éloignant vers la porte.
L’elfe hocha la tête et se rua vers sa chambre aussi vite qu’elle le put. Là, elle sortit de son armoire la cape de laine la plus chaude qu’elle possède, la revêtit, puis quitta l’endroit en espérant ne croiser personne. Hélas, la chance qu’elle avait eue à l’aller ne se renouvela pas au retour où elle rencontra quelques apprentis. Ceux-ci, ayant également reçu pour consigne de ne pas quitter la Guilde, ne manquèrent pas de s’étonner de la voir habillée si chaudement. A son grand dam, elle fut donc obligée de mentir, tout en souhaitant intérieurement avoir l'air crédible. Ses condisciples semblèrent convaincus, mais elle ne devait pas oublier qu’ils étaient eux aussi des apprentis assassins. Par conséquent, non seulement ils pouvaient parfaitement dissimuler leur incrédulité derrière un masque d’approbation, mais également courir rapporter ses faits et gestes à Ectelius dès que l’occasion s’en présenterait. Elle n’avait aucun contrôle là-dessus, aucun moyen de s’assurer qu’ils n’en feraient rien. Il n’y avait plus qu’à s’en remettre à sa bonne étoile si elle en avait une.
Se dirigeant vers le hall, la jeune fille ouvrit ensuite la porte de la Guilde. Le froid glacial s'engouffra alors sous sa cape pourtant chaude, passant à travers ses vêtements et la congelant de l'intérieur, ce qui la fit claquer des dents. Elle n’était même pas encore sortie, pourtant le froid mordant semblait lui geler les poumons à chaque inspiration, rendant celles-ci presque douloureuses.
Devant elle se trouvait Alrayan qui lui, ne paraissait nullement gêné par le rude climat. Chaussé de grosses bottes fourrées montant jusqu’aux genoux et les mains couvertes de gants doublé de fourrure, il portait également une lourde cape à capuche doublée, par-dessus d'épais vêtement de laine. Du reste, en la voyant si peu vêtue, celui-ci ne put s’empêcher d’arquer un sourcil, ce qui n’échappa pas à la jeune fille frigorifiée.
- C'est ce qu... que j'ai de p... plus chaud... expliqua-t-elle en claquant des dents dans le fort blizzard qui charriait des flocons de neige coupants. Je n'étais pas s... sensée sortir par un fr... froid pareil alors Ectelius ne m'a r... rien fourni d'autre...
Elle se sentait pitoyable. Autant à cause de ses paroles, qu’à cause de ses claquements de dents qu’elle ne parvenait pas à réfréner et encore moins à stopper.
- Et bien cours, ça te réchauffera, conseilla le jeune homme avant de pivoter pour se mettre en marche, un sac en travers de l'épaule.
Dans des circonstances normales, Tyra l’aurait immédiatement interrogé sur la présence de l’objet, totalement incongrue dans ce contexte, mais elle ne le fit pas. Elle avait l’impression que son cerveau, comme ses os, avait gelé et réfléchir lui semblait au-delà de ses possibilités actuelles. Elle avait beau marcher vite pour rester à la hauteur de son mentor tout en luttant contre le vent, il lui semblait que plus jamais elle ne réussirait à avoir chaud et, comme si ça ne suffisait pas, ses mains ainsi que ses pieds congelés commençaient à lui faire mal.
- C'est rafraîchissant n'est-ce pas ? fit-il soudain, presque guilleret.
Petit comique… C’était facile de dire ça quand on était bien emmitouflé dans des tas de fourrures chaudes… Elle étouffa un juron très peu élégant et resserra les pans de sa cape autour de son pauvre corps gelé, geste totalement vain puisque les bourrasques s'insinuaient partout.
- Où a... allons-nous ?questionna-t-elle encore, frigorifiée.
- A la falaise. Je suis absolument certain que tu déborde d'enthousiasme.
La jeune fille s'attendait si peu à cette réponse, qu'elle s'immobilisa, oubliant momentanément la température.
- La f... falaise ? Tu as p... perdu la raison ?
- Je suis juste déterminé à faire de toi la meilleure. Du nerf.
Alors ça c'était nouveau... Quand avait-il décidé une telle chose ? Quand avait-il décrété qu'elle était finalement digne d'un réel intérêt ? Elle n'en savait rien, mais une chose était certaine : elle en était intérieurement très fière... Ce qui ne remettait pas en cause la folie de ce qu'il suggérait.
- Je suis g... gelée Alrayan, objecta-t-elle sans cesser de claquer des dents. Je s...serais bien inca... incapable d'escalader même une f... façade...
- « Etre faible, c'est mourir », lâcha alors son mentor d'un ton coupant.
Cette phrase issue du Code des Assassins, fit à Tyra l'effet d'un électrochoc. Elle serra les dents, mais n'ajouta rien, luttant simplement contre le vent pour avancer et rester à sa hauteur. C'est alors que, malgré la neige qui redoublait, elle aperçut la falaise vertigineuse dont ils s'approchaient déjà. Cette vision la fit grimacer.
La voyant souffler sur ses mains glacées, Alrayan sortit de sa poche de grandes bandes de coton, qu'il lui tendit.
- Enroule tes mains là dedans.
Tout en se saisissant du tissu, l'elfe le fixa d'un air interrogateur qui le força à expliquer :
- Ca t'évitera de perdre un ou plusieurs doigts dans l'escalade.
Comprenant, elle hocha la tête et, tout en avançant tant bien que mal vers son but, commença à se fabriquer des gants de fortune avec les bandes de tissu.
- Tu oublie une chose jeune fille, déclara alors l'assassin lorsqu'elle se trouva au pied de la paroi.
Etonnée, Tyra se retourna.
- Une chose ? Laquelle ?
Dans un mince sourire, le jeune homme descendit alors le sac de son épaule et le lui tendit. Réalisant alors ce qu'il voulait dire par là, elle le fixa avec des yeux ronds, interdite.
- C... c'est une pl... plaisanterie ? baffouilla-t-elle, autant à cause du froid que de la stupéfaction. Ce q... que tu exiges est impossible ! Je n'ai p... pas la force suffisante dans les b... bras pour escalader cette p... paroi gelée en sup... supportant à la fois mon p... propre poids et celui du sac !
- Tu te défile ? Tu renonce ? fit-il alors en la regardant d'un air froid.
Etrangement, ce regard la glaça davantage que le froid ambiant. Elle baissa la tête.
- Je... Je... balbutia-t-elle avant de se rendre. Non...
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Tyra Zenf
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MessageSujet: Re: Chapitre 5 : Ectelius se dévoile   Chapitre 5 : Ectelius se dévoile Icon_minitimeJeu 15 Jan - 17:10

- Alors grimpe. Et ne tombe pas.
Prenant le sac, la jeune fille l'attacha sur son dos sans rien ajouter, puis s'approcha, entamant la dangereuse escalade en cherchant ses appuis. Ne pas tomber... Il en avait de bonnes... Après quelques mètres à peine, elle avait déjà les mains congelées malgré la très mince barrière de tissu qui les entourait et les doigts douloureux à force de s'agripper aux très minces interstices glissants. Les serrant sur les prises jusqu'à s'en faire blanchir les articulations, elle réprima une grimace. Malgré ces difficultés, elle parvint ainsi à gravir un passage... mais dérapa soudain. Catastrophée, Tyra tenta de se rattraper mais trop tard. Elle se sentit tomber, fermant les yeux dans sa chute comme pour ne pas voir la mort en face.
Mais c'était sans compter sur les réflexes d'Alrayan. Plus vif qu'un félin, celui-ci bondit et, prenant appui des deux pieds sur la paroi glacée, il sauta de nouveau, la cueillant au vol avant de s'écraser dans la neige, y roulant avec elle.
La jeune fille, qui ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il la rattrape. se releva rapidement malgré le poids du sac.
- Je... Merci... dit-elle, honteuse d'être tombée comme une débutante.
Toujours à quatre pattes dans la neige, l'assassin s'ébroua rapidement, de la neige volant en tout sens et Tyra sentit son coeur battre plus vite. Elle se détourna ensuite vers la paroi qu'elle regarda d'un air décidé poings serrées et mâchoire contractée. Elle tenait l'échec en horreur... Le mot seul lui répugnait. Elle y arriverait. Elle lui démontrerait qu'elle en était capable.
Alors, sans qu'il ait eu le temps de prononcer le moindre mot, elle reprit son escalade. Dès les premières prises, elle sentit la glace coupante comme du verre ouvrir des estafilade sanglantes sur ses paumes, le tissu qui les protégeait n'étant déjà plus que loques . Serrant davantage les dents pour contenir l'onde de douleur qui la parcourait, elle agrippa plus fort les doigts dans les prises fragiles pour continuer à monter malgré la fatigue de ses bras et le terrible froid qui la glaçait de l'intérieur, rendant sa respiration difficile. Faisant abstraction du fait qu'il l'observait, elle resta concentrée, avançant péniblement mètre après mètre, elle essayait d'oublier la douleur que lui causait ses mains écorchées que le froid intense aggravait encore.
D'en bas, Alrayan suivait sa progression, souriant, bien qu'elle ne puisse pas le voir. Elle ignorait qu'il lui faisait passer un test très important qu'elle était en train de réussir brillament, mètre après mètre.
Là-haut, à mi-chemin du sommet, la jeune fille sentit ses bras faiblir malgré sa volonté. Elle se raccrochait désespérément aux minces prises verglacées, en se répétant comme une litanie qu'elle n'était pas faible et ne devait pas tomber, serrant brièvement les paupières comme pour se donner le courage de continuer. Elle tremblait de fatigue, de froid, de douleur, mais refusait catégoriquement de s'avouer vaincue. Inspirant profondément bien que ça la glace de l'intérieur, Tyra reprit son ascension et parvint finalement au sommet. A bout de forces, les mains ensanglantées et pleines d'engelures, la jeune fille se laissa tomber en arrière dans la neige, les yeux fermés, des larmes de souffrance qui gèlent immédiatement perlant à ses cils, cherchant son souffle sans le trouver. Elle savait qu'elle pouvait mourir de froid en restant inactive, mais n'avait plus la force de bouger.
Après quelques instants, Alrayan commença à s'alarmer en ne la voyant pas se relever, mais il se doute qu'elle devait être trop épuisée. Il entama donc rapidement l'escension à son tour, le vent et la neige battant son visage et bleuissant ses lèvres. Lorsque, transi, il parvint jusqu'à elle, l'apprentie avait perdu connaissance. En la voyant son teint cadavérique, ses lèvres violettes et ses doigts écorchés bleuis, il l'enveloppa dans sa propre cape, la pressant contre lui pour communiquer davantage de chaleur, sans pour autant qu'elle reprenne conscience.
Elle ignorait que ce qu'elle venait d'accomplir rendait le jeune homme extrêmement fier d'elle. Elle venait ainsi de mériter qu'il la considère comme « Tyra » et plus comme « l'apprentie d'Ectelius ».



Ayant frappé en vain à la porte de son apprentie pour l'avertir du programme du lendemain, Ectelius, qui ne l'avait pas trouvée à l'intérieur, l'avait cherchée partout. Il arriva dans le hall au moment où Alrayan y pénétrait aussi, couvert de neige et irradiant le froid par tout les pores de sa peau.
- Alrayan ? Tu es sorti par cette température ? Tu es fou !
- Il y en a qui sont moins frileux que d'autres, répliqua vertement son cadet qui tenait toujours Tyra sans connaissance dans ses bras et dissimulée par sa cape.
C'est alors que la jeune fille gémit de douleur dans son inconscience, ce qui fit sursauter le chef de la Guilde.
- Qu'est ce que... Qu'as-tu fais à Tyra ?! s'exclama le demi-elfe qui avait reconnu le timbre grave et chaud de son apprentie.
- Oh, j'ai oublié de te le dire ? fit le jeune homme dans un sourire goguenard. Elle a escaladé la falaise à l'entrée de la forêt, avec dix kilos sur le dos.
La révélation estomaqua Ectelius qui, malgré son impassibilité coutumière, écarquilla les yeux.
- Quoi ?! Je lui avais interdit de sortir ! Elle est bien trop fragile ! Tu es inconscient en plus d'être stupide !
- Fragile ? releva alors Alrayan d'un ton coupant. TU es fragile comparé à elle oui ! Elle, elle a quelque chose dans le ventre au moins !
L'accusation déplut souverainement au Maitre-Assassin, qui étrécit les yeux sans le quitter du regard.
- Ce qui veut dire ? fit-il d'un ton mauvais.
- Qu'elle vaut bien mieux que toi et que tu n'es qu'un faiblard, accusa encore l'assassin sans se démonter.
Ces mots attisèrent la colère d'Ectelius, qui s'apprêta à frapper son frère, avant de se souvenir que ce dernier tenait Tyra.
- Pourquoi ne remue-t-elle pas ? demanda-t-il alors, une légère tension discernable dans sa voix.
- Elle est transie et ses mains sont couvertes d'engelures. Il lui faudra une bonne semaine de repos et elle ira bien ensuite.
- Par ta faute... grinça alors le chef de la Guilde entre ses dents. Tu me le paieras cher, crois-moi...
- Je tremble de peur. A présent je la ramène dans sa chambre.
Sur ces mots, le jeune homme s'apprêta à dépasser son aîné, lorsque celui-i l'arrêta.
- Ne la touche plus jamais, ordonna Ectelius d'une voix calme en lui arrachant Tyra des bras sans que cette dernière se réveille. Ne l'approche même plus ou il t'en cuira comme la dernière fois.
Pensant que le mieux pour elle était de trouver le repos dans sa chambre quelle que soit l'identité de celui qui l'y emmènerait, Alrayan le laissa faire et s'ébroua, envoyant un bon tas de neige fondue s'écraser sur le demi-elfe.
- Attention à elle par Zeran ! s'exclama alors ce dernier en foudroyant son frère du regard, avant de se détourner, la jeune fille dans les bras, ses immenses cheveux traînant au sol dans son inconscience.
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