Profession, assassin
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Profession, assassin

Le forum officiel du roman
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-35%
Le deal à ne pas rater :
Pack Smartphone Samsung Galaxy A25 6,5″ 5G + Casque Bluetooth JBL
241 € 371 €
Voir le deal

 

 Chapitre 8 : Adanën

Aller en bas 
AuteurMessage
Tyra Zenf
Auteur
Tyra Zenf


Féminin Messages : 370
Date d'inscription : 20/12/2007
Age : 43
Localisation : Tapie dans l'ombre... à l'affût de ma proie...

Chapitre 8 : Adanën Empty
MessageSujet: Chapitre 8 : Adanën   Chapitre 8 : Adanën Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:17

Songer au futur envol de Tyra lui fit repenser au sien, pas si lointain que cela et, tout en marchant, Adanën se perdit dans ses souvenirs.
Aîné d'une fratrie de quatre enfants dans une famille très modeste, il avait dû grandir et devenir sérieux très vite afin de pouvoir aider à s'occuper de ses trois sœurs, c'est pourquoi la faculté de sourire lui fut toujours étrangère. Très rusé et intelligent, il avait rapidement trouvé à s'employer autour de lui, afin de gagner de quoi venir en aide à sa famille. Les années avaient passé, semblables aux autres et laborieuses car il languissait de s’instruire. A l'âge de huit ans, il avait décidé de prendre des cours de lecture, écriture et calcul auprès d'un homme solitaire qui vivait non loin de là et pour lequel il avait toujours eu une sorte de fascination inexplicable. Une relation complice s’était tissée entre eux, qui s’était intensifiée au fil du temps. Lorsqu'il eut atteint douze ans, son mentor lui avait révélé être un ombrian et lui avait parlé de la Voie. Fasciné, il l’avait écouté avec passion. C'est d’ailleurs à ce moment qu'il avait décidé que, plus tard, lui aussi suivrait cette voie.
Le temps avait passé, inexorable et l'ombrian, poussé par un irrépressible besoin de voir du pays, avait finit par partir, laissant l'adolescent d’alors avec un espoir : celui qu'un jour, un ombrian de l'envergure de Zoltan Firenze accepterait de faire de lui son apprenti. Son mentor parti, sa vie avait reprit son cours paisible. En journée, il s'occupait de ses sœurs, aidait son père et attendait le soir pour poursuivre ses études qu'il n'avait aucune intention d'abandonner. Il s’était ainsi forgé une solide capacité de réflexion... qu'il ne pouvait, hélas, plus entraîner avec personne. Les joutes verbales qu'il avait autrefois avec son pygmalion lui manquaient, d'autant plus qu'il n'y avait personne dans son entourage, capable de discuter avec lui de sujets moins triviaux que les récoltes, la mauvaise saison ou le prix des têtes de bétail. Pourtant, malgré sa lassitude et son envie de partir explorer le monde, il était resté.
Il avait fallu encore quelques années pour qu'il décide que cette vie n'était pas pour lui et qu'il quitte le domicile familial. Il avait alors vingt ans, soif d'aventures, de grands espaces et de liberté... Embrassant sa famille, il s'en était allé avec pour tout bagage un maigre sac de toile. Il possédait toujours le secret espoir de retomber sur Firenze... mais malgré ses années d'errance, pendant lesquelles il exerça tour à tour plusieurs métiers pour assurer sa subsistance, il n’était jamais parvenu jamais à le retrouver.
Finalement, c'est à l'âge de trente-deux ans, qu’il arriva à Llinmai. Là, il avait rencontré Alyanna. Dès que leurs regards s’étaient croisés, il avait compris ce qu’elle était. Cette sagesse, cette sérénité, il ne les avait aperçues que dans le regard de Zoltan des années auparavant. Immédiatement, il lui avait fait part de son impression et elle avait sourit. Ils avaient discuté un moment, puis il lui avait demandé de lui enseigner, faisant fi de la jeunesse de son interlocutrice, de leur différence d’âge qui ne revêtait aucune importance à ses yeux. Elle avait accepté de le prendre comme apprenti, puis l’avait conduit chez Zoltan, ami de longue date de ses parents.
Il se rappelait avec une étonnante vivacité de la joie et de l’émotion qui avaient étreint son cœur lorsqu’enfin il avait revu le vieux ombrian. Pourtant, lorsqu’il l’avait salué, rien n’était apparu sur son visage de marbre, ce que l’humain lui avait reproché, comme tant de fois dans son enfance. Il avait acquiescé silencieusement, mais n’avait rien pu y changer. Pas plus qu’il ne le pouvait à présent. Il avait grandi trop vite, été placé trop tôt devant les dures réalités de la vie. Il s’était forgé une telle carapace de force et de stoïcisme, qu’elle était devenue indestructible. Il n’arrivait à montrer ses émotions à quiconque. Mais jamais Alyanna ne lui en avait tenu rigueur. La jeune femme l’avait toujours accepté tel qu’il était. Ils étaient demeurés un long moment avec le vieux ombrian, puis avaient pris congé. C’est alors que son entraînement avait commencé. Il avait alors trente-deux ans.
Un léger sourire étira ses lèvres en songeant que leur duo en avait surpris plus d’un à l’époque. A les voir, qui, en effet, aurait pu soupçonner que l’élève n’était pas celui qui paraissait ? Alyanna était un maître sage, avisé et compréhensif, mais intransigeant. Les exercices auxquels elle l’avait astreint quotidiennement s’étaient révélés éprouvants et pas toujours évidents, mais il avait toujours donné son maximum afin de la rendre fière de lui. Au fil du temps, ils avaient appris à se connaître et à se faire mutuellement confiance. Pourtant, il avait senti en elle une tristesse qu’il ne s’expliquait pas et dont elle refusait de parler. Mais jamais il ne s’était permis la moindre question, même si parfois, le chagrin qui assombrissait son regard était bien difficile à supporter.
A force d’efforts et de patience, le temps de son envol était venu. Il se souvenait du vide ressenti lorsque, après une escalade particulièrement difficile, la jeune femme lui avait rendu sa liberté.
De nouveau, son esprit s’évada vers d’autres cieux. Alyanna… Il ne l’avait jamais recroisée depuis la fin de son apprentissage. Où était-elle ? Que devenait-elle ? Ressentait-elle toujours cette tristesse ? Il espérait en tout cas qu’elle allait bien. Le respect infini qu’il avait pour celle qui lui avait tout appris et que jamais il n’avait pu se résoudre à tutoyer malgré ses instances, était toujours là. Il ne s’éteindrait qu’avec lui.
Tout à ses réflexions, l'ombrian ne se rendit pas immédiatement compte qu’il dépassait l’auberge de Joline. Lorsqu’il s’en aperçut, l’elfe fit demi-tour et poussa la porte.
La clochette cuivrée teinta et la jeune femme, occupée à servir un client, se retourna. Un sourire radieux illumina ses traits gracieux lorsqu’elle le vit et s’accentua en constatant l’absence de Tyra.
- Adanën ! s’exclama-t-elle en se précipitant vers lui comme à son habitude.
- Bonjour Joline, la salua-t-il tandis que, une nouvelle fois, elle l’embrassait sur les deux joues.
- Quelle bonne surprise ! Je ne pensais pas te revoir si tôt ! fit encore la pétulante jeune femme rousse.
- A dire vrai, j’ignore ce qui m’a poussé jusqu’ici, fit-il en guise d’explication.
- La perspective d’un bon repas et d’une chambre confortable ? supputa l’humaine avec humour.
L’elfe se força à lui sourire pour lui faire plaisir, mais son interlocutrice ne s’y trompa pas. Elle le connaissait trop bien.
- Pas avec moi, Danou, fit-elle comme lorsqu’elle était enfant. Tu sais bien que tu n’as pas besoin de te forcer devant moi.
- Danou… répéta-t-il d’un ton pensif. Cela fait si longtemps que nul ne m’a plus nommé ainsi…
- Ça te manque ?
- D’une certaine façon, oui. Bien que ce diminutif me semble faire partie d’une autre existence.
Ses sœurs… Depuis quand n'avait-il pas eu de nouvelle ? Sans parler de les revoir… Peut-être étaient-elles désormais mariées sans qu’il le sache.
- Où est… ton amie ?
La voix de Joline, jalouse, le tira de ses pensées.
- Dans la forêt. Elle apprend.
- Encore ?
- Toujours. La vie est une leçon perpétuelle, Joline, déclara-t-il gravement.
La jeune femme ne répondit rien, mais son regard laissait clairement entendre qu’il était bien trop sérieux à son goût.
- Est-ce qu’il t’arrive de t’amuser ? demanda-t-elle abruptement.
L’interrogation surprit tellement l’elfe, qu’il en demeura un instant bouche bée.
- M’amuser ? répéta-t-il.
Le verbe semblait si incompatible avec son caractère taciturne, qu’il en devenait presque risible.
- Non, reconnut-il finalement.
- C’est bien triste, fit alors l’humaine dans une petite moue. Mais je vais arranger ça.
- Ne te crois pas obligée, rétorqua Adanën, vaguement embarrassé.
- Tsssss, fit-elle alors en glissant son bras sous le sien. Laisse-moi faire. Je m’occupe de tout.
Elle l’amenait vers une table pour le faire dîner, lorsque la porte s’ouvrit, livrant passage à une silhouette encapuchonnée. Comme elle prenait place à une table, l’elfe tourna la tête dans sa direction, tenaillé par une sensation familière.
Ses devoirs d’hôtesse reprenant le pas sur son attirance pour l'ombrian, Joline s'approcha.
- Je vous sers quelques chose ? demanda-t-elle aimablement.
L’inconnue acquiesça sans rien dire et glissa quelques mots à l'oreille de la jeune femme, qui la regarda d’un drôle d’air tandis que, s’approchant de la table de son habituelle démarche souple, Adanën posait sur la visiteuse un regard empreint de sagesse.
Le voir marcher ainsi fit sourire la jeune femme.
- Je suis heureuse de voir que tu suis ta Voie avec une telle aisance, Adanën, déclara-t-elle alors en faisant tomber sa capuche.
Le geste révéla des traits harmonieux et d’incroyables yeux d'argent, ainsi que de longs cheveux noirs retombant sur ses épaules comme les ailes d'un corbeau. En apercevant ce visage qui n’avait jamais quitté sa mémoire ni son cœur, l’elfe se figea et, incrédule, souffla :
- Alyanna… Le destin à d'étranges façons de réunir les êtres au moment où ils s'y attendent le moins. Je m'interrogeais très justement à votre sujet.
Devant l'air abasourdi de son ancien élève, le sourire serein de la jeune femme s’accentua. De toute évidence, il ne s'attendait pas à la voir ici. Et il n’avait pas non plus perdu son habitude de la vouvoyer bien qu’il ait à présent un statut équivalent au sien dans la société ombrian.
- Oui, le Destin est souvent farceur, fit-elle de cette voix posée dont il n’avait jamais pu oublier le timbre si particulier. Surtout pour nous qui désirons toujours le connaître alors qu'être surpris par ses inconstants changements est nettement plus amusant. En tout cas, je suis ravie de te revoir. Cela faisait longtemps que je me demandais ce que devenait mon ancien apprenti.
- Ce que je deviens ? fit-il lorsque le premier instant de stupéfaction fut passé. Hum... c'est un peu compliqué à raconter voyez-vous. Et vous même, que devenez vous ? Allez-vous bien ? Avez-vous pris un nouvel apprenti ? Quelles nouvelles ?
Il avait conscience de ne jamais lui avoir posé tant de questions même lorsqu’il était son apprenti, mais il éprouvait le besoin impérieux de savoir. Après tout, jamais il n’aurait pensé la revoir tant l’Empire s’avérait vaste.
Il venait certainement de lui poser plus de questions en deux minutes qu'en trois ans mais cela n'étonna pas Alyanna, qui répondit d'un ton joyeux :
- Les apprentis que j'ai formés, à savoir toi, Lyra et Gikawan, êtes devenus de grands ombrians et j'en suis immensément fière. Mais, depuis la fin de vos apprentissages, je n'ai pu trouver d'élève digne de vous… Ce qui me fait des vacances. Sinon je vais très bien.
L’humaine n'insista pas sur les événements qui s’étaient déroulés depuis la fin de son apprentissage. S’il désirait aborder le sujet, il le ferait, mais, de son coté, elle n’avait aucune intention d’évoquer la naissance de son fils, Tybalt et préférait garder secret le reste de son existence tourmentée.
- Alors, reprit-elle, as-tu trouvé un élève digne de toi ?
Étrangement embarrassé par la question, Adanën retint la foule de nouvelles interrogations qui se pressait sur ses lèvres en la voyant.
- Disons que... c'est un peu compliqué. Elle n'est pas exactement mon élève... éluda-t-il.
En l’entendant, Alyanna, intriguée, haussa un sourcil mais ne dit rien. Elle connaissait trop bien son ancien apprenti pour savoir qu'il se refermerait immédiatement si elle cherchait à trop en savoir, aussi le laissa-t-elle continuer.
- Je vois, dit-elle simplement. Et quel est le nom de cette jeune femme ?
Un coup d'œil à la jeune femme rousse qui se trouvait à côté de l'elfe, fit comprendre à ce dernier, qui semblait l’avoir totalement occultée, que celle-ci était mal à l'aise et avait visiblement du mal à suivre la conversation. Alyanna décida donc d'intervenir :
- Pourrais-je avoir un verre d’alcool de rayazen, s'il vous plaît ? demanda-t-elle de son ton le plus cordial.
Soulagée d'avoir une raison de s'esquiver d'une conversation qui ne la concernait pas, Joline saisit la demande au vol.
- Tout de suite madame, fit-elle en partant en cuisine.
L’elfe suivit son amie du regard un instant, puis braqua de nouveau son regard azur sur son maître.
- Elle s'appelle Tyra. Tyra Zenf, expliqua-t-il sans pouvoir empêcher sa voix de prendre un accent un peu spécial et totalement inédit chez lui en prononçant son nom. Et son apprentissage est particulier dans la mesure où elle le débute à l'âge de trente ans, mais qu'elle avait déjà toutes les bases. Elle... (il s’interrompit pour chercher ses mots, fait extrêmement rare chez lui) Ce n'est pas exactement mon élève. Elle refuse que je la considère ainsi. Que quiconque la considère ainsi. C'est un... "échange de connaissance".
Attentive, Alyanna écouta l’elfe parler de cette étrange jeune femme. L'accent qu’il prit en formulant son nom ne trompa pas l’ombrian, qui comprit aussitôt les sentiments qui rattachait l'elfe à cette inconnue à qui il offrait ses compétences de maître. Lorsque la jeune femme sentit l'hésitation dans la voix de son ancien élève, sachant combien il appréciait peu de s’étendre sur lui-même, elle décida de lui venir en aide.
- Tu es toi-même devenu mon apprenti à trente-deux ans alors que je n'en avais que vingt et tu possédais déjà de belles capacités en raison de ta rencontre avec Zoltan. Toutefois, cette fille m'intéresse. Il est étonnant qu'elle refuse que tu la considère comme ton élève.
De plus, bien qu’elle ne le dît pas, qu'Adanën "échange" ses connaissances avec cette... Tyra alors que les ombrians restaient très mystérieux sur leurs capacités, l'inquiétait un peu. Surtout qu'elle voyait mal ce que cette femme pouvait apporter de plus à l'elfe, déjà au faite de ses compétences.
- Et... qu'apprends-tu auprès d'elle ? interrogea-t-elle.
De nouveau embarrassé, Adanën préféra détourner le sujet.
- Elle apprend vite. Tout ce qui lui manquait était un peu de subtilité et de tact, ainsi que de la patience et la faculté d'argumenter. Bientôt elle sera en mesure de prendre son envol.
Alyanna hocha la tête. Elle voyait parfaitement que le sujet le mettait extrêmement mal à l'aise et préféra lui éviter d'avoir à s'étendre sur le sujet. Elle était après tout là pour le revoir, non pas pour le mitrailler de question.
- Outre cela, qu'as-tu apprit de nouveau ?
L’elfe prit place face à elle et, d'un regard, lui exprima sa reconnaissance, puis répondit :
- Ainsi que je le disais à Joline avant votre arrivée, la vie est une leçon perpétuelle. Je m'attache donc à parfaire les facultés acquises sous votre tutelle, ainsi que mes connaissances en toute matière.
Il redevint ensuite silencieux, scrutant son regard à la recherche de la tristesse dont il gardait le souvenir à l'époque.
Revenir en haut Aller en bas
Tyra Zenf
Auteur
Tyra Zenf


Féminin Messages : 370
Date d'inscription : 20/12/2007
Age : 43
Localisation : Tapie dans l'ombre... à l'affût de ma proie...

Chapitre 8 : Adanën Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 8 : Adanën   Chapitre 8 : Adanën Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:18

Elle répondit à son regard par un sourire et écouta ses paroles avec attention. Une lueur joyeuse s'alluma dans ses yeux argentés en découvrant que son ancien apprenti lui était aussi redevable et n'avait absolument rien perdu des qualités qui avaient fait qu'elle l'avait immédiatement accepté comme élève. Il était plaisant de constater qu’au contraire, elles s'étaient parfaitement épanouies.
- C'est bien, approuva-t-elle. Il y a toujours de grandes choses à apprendre. Même moi, je ne cesse jamais d'être surprise et cela me ravit.
Le silence revint, plus lourd cependant. Le regard scrutateur d'Adanën ne trompa pas l’ombrian. Son ancien élève recherchait cette douleur, cette tristesse qui persistait dans son âme. Cette douleur aujourd'hui mêlée d’une haine farouche, mais aussi d’une toute nouvelle douceur, totalement incongrue par rapport à ses autres sentiments.
- Alyanna... Il s'est produit dans votre vie des évènements graves, je le sens bien...
Ce n'était pas une question. Il ne l'interrogeait pas, mais espérait qu'elle se confierait à lui comme à un ami. Le sourire de la jeune femme devint triste, presque las. Et ses yeux se voilèrent. Sa douleur, ses secrets... tout ce qu'elle renfermait en elle depuis tant d'années et qu'elle n'avait jamais dévoilé à personne, ni à son compagnon Iran, ni à personne.
- Oui, Adanën, mais ceci ne regarde de moi, dit-elle sombrement.
Elle avait prononcé ces mots sans froideur mais avec suffisamment de fermeté pour qu'il comprenne que jamais il n'en saurait plus. Il hocha la tête et, l'indiscrétion ne faisant pas partie de ses défauts, il n'ajouta rien sur le sujet.
- Pour combien de temps êtes-vous à Llinmaï ? J'aimerais vous présenter Tyra.
- Oh, je suis là pour un petit moment.
Elle décida de s'intéresser à cette fameuse Tyra à qui Adanën semblait énormément tenir.
- Ce sera avec un immense plaisir ! Cette femme m'intrigue de plus en plus... Surtout que tu sembles beaucoup l'apprécier, ajouta-t-elle avec un sourire taquin.
Franchement gêné cette fois, l'elfe sentit ses pommettes se colorer.
- A vous je ne peux mentir... Elle ne m'est pas indifférente en effet, édulcora-t-il car il n'était pas encore prêt à dire à une tierce personne qu'il aimait quelqu'un. Voulez-vous m'accompagner ? fit-il ensuite en se levant. Je l'ai laissée dans la forêt afin qu'elle... apprenne la discrétion.
Alyanna hocha la tête et, à son tour, se remit debout. Inutile de mettre Adanën dans l'embarras, surtout qu'elle avait parfaitement compris que l'elfe semblait très intéressé par cette Tyra. Et pas seulement pour ses compétences.
- Tu l'as laissée dans la forêt ? C'est une bonne chose. Le silence et la discrétion sont de rigueur. La nature est capricieuse avec ceux qui ne respectent pas ses règles.
- Surtout cette forêt, fit-il avec un discret sourire en coin. Veuillez m'excuser un instant, je vais prendre congé de Joline.
Sur ces mots, il s'éloigna élégamment et entra dans la cuisine où il resta un moment.
Alyanna le regarda partir, remit sa capuche pour recouvrir son visage et attendit patiemment qu'il revienne...
Adanën revient quelques minutes plus tard, suivi d'une Joline attristée de son départ, puis quitta l'auberge après un dernier au revoir de la main.
- Il va falloir marcher un moment, déclara-t-il, mais je ne pense pas que cela vous effraie.
- Sache que j'ai marché sans relâche depuis cinq jours pour arriver jusqu'ici. Ta petite balade en forêt ne m'inquiète donc pas le moins du monde.
Surtout que l'idée de découvrir qui était cette Tyra était bien trop tentante. Alyanna ne pouvait la laisser la laisse passer.
L'elfe conduisit donc son maître jusqu'à la forêt de Talann où il avait laissé sa compatriote. Parvenu à peu de distance de la clairière, il se fit plus discret qu'une brise afin de voir si l'ex-assassin allait le repérer lui, mais également Alyanna.
Entourée d'animaux divers, Tyra était plus calme qu'elle ne l'avait jamais été. Elle avait les yeux fermés, mais était parfaitement consciente de tout ce qui se passait autour d'elle, pourtant, elle ne remarqua aucun changement dans son environnement.
Les deux ombrians s'approchèrent de plus en plus et finirent par s'immobiliser juste devant elle sans qu'elle n'ait bougé un muscle ni fait mine de le remarquer. Constatant cela, Adanën toussota pour signaler sa présence, la faisant violemment sursauter et rouvrir ses yeux bleu glacier.
Il soupira.
- Tyra, combien de fois t'ai-je déjà dit de ne pas occulter ton environnement, même lorsque tu t'absorbes dans une tache ? Si tu m'avais écouté, tu nous aurais sentis arriver.
Balayant la leçon de la main tout en en prenant note, la jeune femme jeta un coup d'œil peu amène à l'intruse devant elle.
- Qui ? fit-elle.
Habitué à ses manières brusques, il ne s'en offusqua pas.
- Tyra, je te présente mon maître, Alyanna. Alyanna, je vous présente Tyra.
Aussi silencieuse que son ancien apprenti, l’ombrian posa ses yeux argentés sur la jeune femme qui lui faisait face. Tyra… L’humaine ressentait sa force, sa froideur... Tout en détaillant l’elfe du regard, elle comprit ce qu’Adanën entendait par "bases". Elle voyait parfaitement cette femme comme une guerrière implacable, tout en elle le dénotait, le criait avec force. Toutefois... elle n'était pas une ombrian.
- Bonjour, la salua-t-elle poliment.
- Ah oui, j'oubliais le fameux lien attachant un élève à son maître... Un lien stupide à mon sens mais bon...
Le ton était plus que sarcastique. On sentait qu’elle ne croyait pas à la réalité, à la quasi palpabilité dudit lien.
- Tyra ! s’exclama son compatriote, ennuyé qu'elle ait dit ça devant son maître.
D'un geste, Alyanna intima le silence à Adanën, sans cesser de sourire.
- Non, ne t'inquiète pas, le rassura-t-elle d’un ton tranquille.
D'une démarche souple, la jeune femme s'approcha de Tyra et ses yeux semblables à deux éclats de lune se posèrent sur elle.
- Nous avons tous une vision particulière de la Voie et de ce qu'elle renferme. Mais je crois que c'est le fait de te savoir liée avec quelqu'un qui t'effraie en réalité. N'est-ce pas ?
La remarque déplut souverainement à l’ex-assassin. Celle-ci se releva avec sa grâce coutumière et s'approcha de son interlocutrice à la toucher.
- Rien ne m'effraye, la contredit-elle en martelant le premier mot avec force, d’un air dur.
Le ton employé par l’ombrageuse elfe et son air, alertèrent Adanën, qui craignit un clash entre les deux jeunes femmes. Pourtant, l’ombrian ne cilla pas. Même si elle possédait d’indéniables qualités propres aux leurs, comme une souplesse et une fluidité grandioses, l'elfe était beaucoup trop brusque et emportée pour avoir intégré les principes d'Ouverture et d'Harmonie si chers aux ombrians.
Yeux de lune contre regard de glace, les deux femmes se toisèrent sans que l'une s'avoue vaincue.
- Il est bien simple de se dissimuler derrière un rempart, asséna sereinement Alyanna. Mais un ombrian n'est pas un être froid et en marge du monde. De fait, je me demande si tu sais ce qu'est réellement un ombrian...
Après cette accusation, l’elfe craignit que le caractère volcanique de Tyra ne reprenne le dessus, mais rien de tel ne se produisit. Ou du moins ne fut-ce pas à l’humaine qu’elle s’en prit.
- Je croyais que ton maître était un modèle de gentillesse, de compréhension etc etc ? fit-elle, de nouveau sarcastique. Elle vient quand même d'insinuer que tu as mal fait ton travail.
Voilà qu’elle essayait de le monter contre son mentor à présent. Tyra… Il secoua brièvement la tête.
- Elle n'a pas voulu dire cela, Tyra et tu le sais parfaitement. Comme tu n’ignores pas que ta réaction est inique au regard de ce que tu as appris. Tu sais ce qu'est l'Harmonie. Tu l'as découverte par toi-même. Tu te laisses simplement aveugler par ta...
Il s'interrompit, ne voulant pas qu’une scène embarrassante ait lieu devant Alyanna.
Mais la jeune femme ne l’entendait pas ainsi.
- Ma quoi ? fit-elle d’un ton sec.
- Tu es tout simplement jalouse, conclut-il dans un léger soupir.
- Jalouse ? (le mot sonna comme une insulte dans sa bouche) Moi ? Ridicule !
Sur cette assertion, l’elfe se détourna et s'éloigna sans un mot supplémentaire, faisant de nouveau soupirer son compagnon du moment.
Silencieuse, Alyanna observa l'échange pour le moins virulent entre les deux elfes et suivit du regard la jeune femme qui s'éloignait d'un pas rageur. Elle n'avait donc aucun respect pour son maître ? Voilà qui s'avérait surprenant, car Adanën était de ceux qui forcent le respect de quiconque croise leur chemin. Lentement, Alyanna se tourne vers son ancien élève.
- Elle a un sale caractère, dit-elle en souriant. Ne lui en veux pas, j'étais pareille. Même si j'avais plus de respect pour mon maître qu'elle ne semble en avoir pour toi.
Jamais il ne serait venu à l’esprit d’Alyanna de remettre en cause l'enseignement d'Adanën. D'une part pace qu'elle n'avait pas à se mêler de la relation maître/apprenti qu’il entretenait avec Tyra, d’autre part parce que le problème ne venait pas de lui mais de sa compatriote.
- Désires-tu que je me retire, afin que tu puisses continuer ton enseignement ? demanda-t-elle finalement.
L'ombrian ne prit même pas une seconde pour réfléchir. Sa réponse fusa, venue du cœur.
- Non. Je suis heureux de vous revoir. Elle se calmera. Elle le fait toujours. Elle n'est avec moi que depuis peu. Son mauvais caractère ne peut s'effacer si vite. Quant à son manque de respect pour moi… je suis au regret de vous informer que vous vous trompez. Malgré les apparences, elle en éprouve autant pour moi, que moi pour elle.
Revenir en haut Aller en bas
Tyra Zenf
Auteur
Tyra Zenf


Féminin Messages : 370
Date d'inscription : 20/12/2007
Age : 43
Localisation : Tapie dans l'ombre... à l'affût de ma proie...

Chapitre 8 : Adanën Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 8 : Adanën   Chapitre 8 : Adanën Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:25

Il n’ajouta rien, mais une auditrice aussi attentive qu’Alyanna, pouvait aisément comprendre ce que sa dernière phrase signifiait d’autre que son sens apparent : visiblement, leurs sentiments étaient réciproques, mais aucun d’eux n’était prêt à les assumer. Ni la jeune femme avec son caractère de feu ; ni son ancien apprenti, si taciturne et peu enclin à faire étalage de ses émotions. Tous deux courraient droit à l’impasse s’ils continuaient ainsi. L’humaine hocha la tête mais ne dit rien. Le lien qui l’attachait à son ancien apprenti était tel qu'elle devinait parfaitement la situation dans laquelle il se trouvait. Deux caractères opposés qui devaient trouver l'Harmonie. Le feu de Tyra sur la glace d’Adanën, la lune face au soleil, la seija contre l'astorys ... Et, au centre de cet étrange lien, des sentiments inavoués, comme une porte ultime que l'on refusait d'ouvrir.
- Un monde inconnu est toujours effrayant, même pour le plus courageux des hommes, souffla-t-elle au vent.
Elle n'avait pas parlé pour lui, mais la phrase n'avait pas échappé à son ouïe elfique... mais il n'en avait pas saisi le sens. Intrigué, Adanën la fixa.
- Que voulez-vous dire ?
- Un maître ombrian a dit un jour à son illustre élève que l'Amour était une voie, au même titre que la Voie des ombrians et qu'elle était ardue à arpenter, répondit-elle. Mais être aveugle à cette Voie ne signifie pas qu'elle n'existe pas...
En l'entendant, le stoïque Adanën se troubla.
- Comment savez-vous que...
La jeune femme eut un sourire triste et baissa les yeux vers la couche d'herbe qui recouvrait le sol :
- Un ombrian ressent les choses qui l'entourent. Qu’il s’agisse de l'environnement, des êtres ou des sentiments. Mais je n'ai qu'à lire ton regard lorsque tes yeux se posent sur Tyra pour comprendre que tu tiens à elle plus qu'à une simple apprentie... (elle soupira et continua d'une voix douce) Malheureusement, un maître ne doit pas être un confident, ni un frère et encore moins un amant...
Les mots de son ancien mentor le touchèrent en plein cœur, mieux qu'aucune arme n’aurait pu le faire. Il le savait. Il était parfaitement conscient de tout cela, pourtant...
- Je ne suis pas vraiment son maître... Je lui donne simplement un coup de pouce.
C'était un faux-fuyant. Cela aussi il le savait, tout comme il n’ignorait pas que chacun d'eux était voué à souffrir à cause de sentiments contre lesquels ils ne pouvaient pas plus lutter l'un que l'autre. Son regard se perdit dans le vague, reflet de son âme, de son cœur, mais également de sa souffrance à venir.
Alyanna savait pertinemment quelle douleur elle infligeait à l'elfe, mais elle ne pouvait mentir à son ancien apprenti... ni le laisser se bercer d’illusions et commettre une grave erreur.
- Un ombrian n'offre pas son enseignement comme un "coup de pouce", asséna-t-elle ensuite, doucement mais avec fermeté. La Voie ne se découvre qu'auprès d'un maître.
La jeune femme s'assit en tailleur sur le sol, ses yeux de lune fixant le visage décomposé d'Adanën qui cherchait à fuir la réalité qu'elle lui dévoilait.
Pour la première fois depuis longtemps, un maelström de sentiments et de pensées s'inscrivit sur le visage de l'elfe, ordinairement imperturbable. Que devait-il faire ? Il n'en avait désormais plus aucune idée. Il avait stupidement pensé que quelque chose était possible... mais il avait occulté ce qu'Alyanna venait de lui rappeler, doucement mais fermement. Soudain il doutait. De lui, de ses capacités... de tout. Il doutait et ne savait plus comment réagir.
De nouveau il braqua son regard azur sur l'humaine, en quête d'un conseil comme à l'époque de son apprentissage.
Elle avait glissé le doute en lui et l'ombrian ne pouvait rester de marbre face à la détresse de l'elfe, aussi décida-t-elle de lui venir en aide, comme au temps où elle était son maître :
- Tu es libre Adanën et mes mots n'ont pas de pouvoir sur ta liberté. Cette liberté qui fait de toi ce que tu es, un ombrian. Toutefois, je peux t'offrir un conseil, un conseil qu'un troll a un jour donné : "Le doute est une force. Une vraie et belle force, veille seulement à ce qu'elle te pousse toujours en avant".
Elle avait raison. Comme autrefois. Comme toujours. Pourtant...
- Tyra... je ne sais plus quoi faire avec elle... Enfin... je ne sais plus que faire vis-à-vis d'elle et de... de ce que... bafouilla-t-il d'une façon tout à fait inhabituelle.
Il s'interrompit de nouveau, sachant qu'elle comprendrait parfaitement ce qu'il cherchait à formuler sans pouvoir s'y résoudre.
- Je ne connais pas Tyra aussi bien que toi, dit alors Alyanna, mais je sens qu'elle possède les qualités pour être ombrian, bien que son caractère semble plus proche de celui d’un pilier de taverne. Et je pense que le nœud de votre problème est ce que vous ressentez l'un pour l'autre mais que vous refusez d'avouer...
- Mais vous l’avez dis vous-même, je suis son mentor comme vous avez été le mien. Rien n’est possible, dit-il encore, perdu. Le nœud restera donc inextricable, tout comme cette situation.
En cet instant, l'elfe se sentait perdu et désemparé comme un enfant. Cela ne lui était plus arrivé depuis si longtemps que la sensation se révélait presque effrayante, mais il ne pouvait rien contre la vérité.
Alyanna se leva et s'approcha d'Adanën, vrillant ses yeux argentés vers lui.
- C'est donc à toi de chercher la réponse à toutes tes questions. Et n'oublie pas, le vent peut-être un précieux confident...
Après ces paroles mystérieuses, l’ombrian s'éloigna à travers les arbres sombres, disparaissant dans les ténèbres de la forêt.



Adanën entra dans l'auberge de Joline où il savait qu’Alyanna avait pris une chambre. A cette heure plus que matinale, la grande salle était quasi déserte, la jeune tenancière s’occupant, seule, derrière le comptoir. En l’apercevant, celle-ci failli courir à lui, mais en le voyant se diriger vers la table de son unique cliente, elle renonça à regret, ne voulant pas non plus devenir un poids. Baissant la tête, la jeune femme se consacra donc à ses choppes et gobelets, tandis que l’elfe allait s'asseoir face à elle son ancien maître.
- Bonjour Alyanna, la salua-t-il cordialement.
Levant les yeux, celle-ci lui adressa un sourire chaleureux.
- Bonjour Adanën.
Elle n'évoqua pas Tyra, ni les mots échangés la veille. Le passé était le passé. Point n’était besoin de remuer la fange des mauvais souvenirs.
- Comment te sens-tu ? se contenta-t-elle de demander.
- Physiquement, très bien, répondit-il d’un air grave. Psychiquement... j'ai connu mieux, dirais-je. Et vous-même ? L'auberge de Joline est confortable. Y avez-vous bien dormi ?
- Oui, de plus c'est une hôte très chaleureuse. Et je vais très bien, même si je regrette de m'être montrée peut-être trop franche avec toi.
La déclaration étonna l'ombrian.
- Vous regrettez ? répéta-t-il en arquant un sourcil. Vous ? Et quoi donc ? De m'avoir ouvert les yeux ?
La jeune femme sourit tristement et posa sur son ancien apprenti un regard empli de mélancolie.
- Je doute souvent, bien que je ne le montre pas. Et, en ce moment, je me demande si je n'aurais pas du te laisser découvrir la vérité par toi-même...
Mais il décida de la détromper. Il ne pouvait la laisser faire fausse route de cette façon.
- Il est probable que je n'aurais pas même entraperçu cette vérité si vous ne me l'aviez pas montrée. Je vous en suis reconnaissant et suis ravi que vous soyez là. J'ai l'impression que c'est comme autrefois, ajouta-t-il en souriant légèrement.
Contente de le voir afficher sur son beau visage autre chose que de l’impassibilité, Alyanna lui rendit son sourire.
- Sauf que tu n'es plus mon élève, Adanën. Tu es libre et c'est à toi et à toi seul de décider de tes actes.
Il hocha la tête en guise d’assentiment.
- Je le sais. Mais votre présence m'apaise. Non que j'en aie besoin, ajouta-t-il, un peu trop rapidement, mais... vous avez toujours eu cet effet sur moi et je suis content que vous restiez.
Adanën venait de se livrer davantage en deux jours qu'il ne l’avait fait en trois ans et cette profonde marque de confiance fit naître en Alyanna une vague de gratitude envers l'elfe. Elle savait pertinemment à quel point ce dernier avait du mal à avouer ses états d’âme quels qu’ils soient... d'où sa relation ambiguë avec Tyra.
- Je ne serais pas toujours là Adanën... murmura Alyanna, presque à regret car il lui était pénible de rappeler ce genre de chose à son ancien élève.
L’elfe soupira et regarda par la fenêtre la ville se remettre à vivre progressivement, le bruit commencer à se faire entendre.
- J'en suis conscient, répondit-il finalement après un court silence. Je sais qu'arrivera très bientôt le moment où le vent vous poussera de nouveau par les chemins et qu'alors, nous ne nous reverrons plus... (sa voix se fit nostalgique) J'en serais presque à regretter la fin de mon apprentissage...
Touchée, Alyanna eut un sourire tendre.
- Tu oublies que rien ne peut briser le lien entre un maître et son élève, lui rappela-t-elle doucement. Ni les doutes, ni la peur, ni le temps ni même la mort. Absolument rien. Nous sommes liés à jamais, Adanën.
De nouveau un blanc dans la conversation, puis, sur un ton plus joyeux, l’ombrian enchaîna avec ironie :
- Et t'avoir tout le temps sur le dos m'aurait tuée plus vite qu'une horde d'assassins !
Son interlocuteur s'attendait tellement peu à cette pique, qu'il resta un instant sans voix, puis éclata franchement de rire, fait d’une extrême rareté.
- Étais-je donc si terrible ? interrogea-t-il, les yeux brillants.
Ravie d'avoir enfin brisé le masque stoïque de l'elfe, Alyanna rit de concert avec lui, avant de poursuivre en réponse à sa question.
- Tu étais insupportable ! s'exclama-t-elle d’un ton comique en exagérant. Parfois, j'ai cru enseigner à un ven !
Ébahi de la comparaison, il la dévisagea.
- Un ven ? Pourquoi donc ?
- Tout simplement parce que tu restais assis sur ta branche, parfaitement immobile et que tu me fixais avec de grands yeux dès que j'ouvrais la bouche, dit-elle avec le plus grand sérieux, avant de repartir dans un grand éclat de rire.
Revenir en haut Aller en bas
Tyra Zenf
Auteur
Tyra Zenf


Féminin Messages : 370
Date d'inscription : 20/12/2007
Age : 43
Localisation : Tapie dans l'ombre... à l'affût de ma proie...

Chapitre 8 : Adanën Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 8 : Adanën   Chapitre 8 : Adanën Icon_minitimeVen 10 Avr - 12:26

Cette fois, la déclaration fit sourire l’elfe.
- En réalité, je vous écoutais avec passion, tout simplement. Je buvais littéralement vos moindres paroles, vos moindres gestes... Je crois que Zoltan m'aurait qualifié d'ahuri à cette époque.
L’ombrian eut un sourire ravi.
- J'ignorais être aussi intéressante. Mais je dois admettre que j'étais exactement pareil à l'époque où j'étais élève.
- Votre maître... Gilian ? fit-il en hésitant sur la prononciation.
- Oui, Jillian, confirma-t-elle en prenant soin de rectifier le nom au passage. Il fut un maître extraordinaire pour moi. J'en ai bavé, presque autant que lui je crois. Mais ces trois années passées en sa compagnie font partie des plus belles de mon existence.
- Il devait l'être pour avoir formé une ombrian telle que vous. Vous êtes digne de son enseignement et j'espère qu'un jour, je serais moi aussi à la hauteur du votre, déclara-t-il avec autant de conviction que de sincérité. Il me reste encore bien du chemin à parcourir pour y parvenir.
Profondément touchée par ses paroles, la jeune femme sourit une nouvelle fois. Il lui semblait qu’elle n’arrêtait plus depuis qu’elle l’avait retrouvé.
- Et moi je suis immensément fière d'avoir enseigné la Voie à un apprenti tel que toi.
Le compliment fit légèrement rosir les joues de l’elfe.
- Je ne mérite certes pas tant de louanges, rétorqua-t-il modestement, mais je suis heureux de savoir que vous êtes fière de moi. J'espère pouvoir l'être de Tyra dans un proche avenir.
Alyanna baissa légèrement les yeux lorsque son interlocuteur évoqua sa volcanique compatriote. Seul le temps dirait si les deux parties de cet étrange tandem parviendraient à assumer leurs sentiments et à avancer malgré tout.
Conscient d'avoir jeté un froid, Adanën redevint sérieux et grave, puis questionna, plus abruptement qu’à son habitude :
- Vous ne l'appréciez pas, n'est ce pas ?
Alyanna secoue la tête.
- Je ne la connais pas suffisamment pour affirmer cela. Je crains seulement les douleurs et les doutes que vous vous infligez tout deux...
- Il est étrange, alors, que je ressente une tension quasi électrique entre vous... répartit encore l'ombrian en la fixant dans les yeux, comme pour y lire autre chose que ses paroles ne disaient pas. Tyra n'est pas mauvaise, Alyanna. Elle n'a pas eu une existence facile et son passé obscur ne l'a pas moins été.
- Peut-être alors parce qu'elle me ressemble sur ce point-là... souffla l’humaine à mi-voix en baissant la tête, ses longs cheveux de jais masquant son visage. Je ne la juge pas Adanën. Surtout que je ne la connais absolument pas...
- Il y a encore quelques temps, avant de devenir mon apprentie, elle était assassin. Maître-Assassin, lâcha-t-il finalement en ayant conscience de jeter un pavé dans la mare.
C'était donc ça... Voilà ce qu'avait voulu dire Adanën lorsqu'il avait parlé des "bases" de Tyra. Un Maître-Assassin... Silencieuse, froide, mortelle et dangereuse. Élevée pour tuer. Alyanna hocha la tête, pensive, mais ne fit aucun commentaire.
Son silence flagella l’elfe plus que ne l'auraient fait des paroles.
- Dites quelque chose, la pria-t-il, l'inquiétude pointant dans sa voix d'ordinaire si calme et posée.
L’ombrian releva la tête. Que devait-elle dire ? Elle-même ne savait plus trop quoi penser à présent qu'Adanën venait de lui faire un tel aveu. Pourtant, elle n'hésita pas à planter son regard dans celui de son ancien apprenti.
- Je te l'ai dis, je ne connais pas Tyra et je ne la jugerais pas sur ses anciennes actions. Nous avons tous commis des choses immondes...
- Pourtant je sens votre réprobation comme si elle était aussi tangible que cette table, poursuivit-il. Vous ne pensez pas qu'elle puisse devenir ombrian.
Ce n'était pas une question. Tout son être sentait ce fait. Il le sentait dans le silence de son ancien mentor, dans son regard, dans son attitude, imperceptiblement crispée.
En l’entendant, Alyanna eut un petit rire sans joie. Ainsi il l’avait devinée… Il était vraiment très intuitif.
- Disons, expliqua-t-elle, que je me demande comment un ancien assassin peut ressentir la Voie. Mais je pense être très mal placée pour donner une quelconque leçon de morale.
Après cette déclaration, l'elfe garda le silence un moment, puis il déclara :
- Je ne doute pas de mon choix. Kardan non plus. Malgré son passé et son caractère, je sais, je sens que Tyra peut se révéler une ombrian aussi exceptionnelle qu'elle était le meilleur assassin de l'Empire.
- C'est l'essentiel, si tu sais ce que tu désires vraiment et j'espère de tout cœur que tu réussiras Adanën.
Il y eut un silence, puis l'elfe demanda :
- Qu'avez-vous prévu de faire aujourd'hui ?
- Je vais devoir rentrer chez moi pour m'occuper de quelques affaires urgentes, dit l'ombrian.
Le désappointement se lut alors sur le visage d'Adanën.
- Oh... Je vois... et je suppose que votre compagnon doit également vous manquer considérablement...
La jeune femme ne put retenir un sourire devant la déception de l'elfe qui ne s'était pas attendu à son départ.
- Oui, Iran me manque, dit-elle ensuite, mais il n'est pas le seul.
De nouveau surpris, Adanën la dévisagea.
- Il y a quelqu'un d'autre ?
Le sourire d'Alyanna s'élargit...
- Oui, un autre homme. Certes, il est encore très jeune mais je suis certaine qu'il deviendra bientôt aussi séduisant que n'importe quel autre garçon.
- Un autre homme très jeune ? releva l'ombrian sans comprendre. Qui est-ce donc ?
- Mon fils, Tybalt.
A ces mots, l'ombrian cligna des yeux.
- Votre... Oh bien sûr, j'aurais dû y penser. Et bien je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les trois, fit-il comme une conclusion à la conversation et à l'entrevue.
Il supposait qu'à présent qu'elle l'avait revu, elle allait immédiatement repartir. Et il supposait bien, car Alyanna sourit et lui offrit un clin d'œil complice avant de se lever.
- Bonne chance à toi aussi Adanën. Mes pensées t'accompagnent.
La jeune femme salua ensuite Joline et quitta l'auberge.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Chapitre 8 : Adanën Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 8 : Adanën   Chapitre 8 : Adanën Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Chapitre 8 : Adanën
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Chapitre 6 : Non !
» Chapitre 10 : Dilemme
» Chapitre 9 : Prise de position

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Profession, assassin :: Assassin ou ombrian ? :: Le texte-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser